Son cinquième poste en... six ans
Après avoir commencé par diriger les jeunes du VfB Stuttgart à 22 ans (août 2008-2015), puis ceux d'Hoffenheim (2015-mars 2017), Domenico Tedesco entre dans la carrière professionnelle sur le banc de Ezgebirge Aue (mars-juin 2017)... lanterne rouge de l'anti-chambre de la Bundesliga. Il parvient à sauver le club en engrangeant vingt points sur trente possibles. Son aventure réussie à Schalke 04 (juillet 2017-mars 2019) s'est achevée brutalement au lendemain d'une claque infligée par le Manchester City de Pep Guardiola (0-7) en huitièmes de finale retour de C1.
Suivront le Spartak Moscou (octobre 2019-2021), où il est élu deux fois meilleur entraîneur du Championnat russe (août et septembre 2020) et le RB Leipizig (décembre 2021-septembre 2022) avec lequel il remporte la Coupe d'Allemagne 2022 grâce à Christopher Nkunku, et dispute la C1 avant de se faire virer au lendemain d'une défaite face au Chakhtior Donetsk.
Un Italo-Allemand... forcément
Domenico Tedesco est né en Italie à Rossano dans une famille calabraise dont le nom siginifie ''Allemand'' dans la langue de Pirlo. C'était écrit, mais l'histoire ne dit pas si c'est pour cela que ce fils d'imprimeur et sa famille ont émigré en Allemagne de l'Ouest, dans le Bad Wurtemberg, alors qu'il avait 2 ans. Joueur amateur à l'ASV Aichwald, étudiant brillant, diplômé comme ingénieur, son profil multiculturel était salué par les médias belges avant même l'officialisation de sa nomination comme sélectionneur. « Comme de nombreux Diables rouges, Domenico Tedesco est multiculturel, notait mardi matin le quotidien La Dernière Heure. Un attribut pas si anodin pour notre équipe nationale. Polyglotte, il pourra par exemple converser avec Romelu Lukaku dans plusieurs langues (Allemand, Espagnol, Italien, Anglais, Russe, Français). Roberto Martinez avait déjà évoqué ce point important de notre pays avec ce mélange de cultures qui permet à cette génération de s'adapter à plusieurs situations ».
Un bébé coach comme Nagelsmann
En septembre 2018, la Bundesliga offrait à l'Europe deux rookies qui vivaient leur baptême du feu sur les bancs de la Ligue des champions alors qu'ils auraient eu encore l'âge d'y jouer : Domenico Tedesco, à Schalke 04, 33 ans, et Julian Nagelsmann, à Hoffenheim, 31 ans. Camarades de promotion lors de leur formation au métier d'entraîneur à la Hennes Weisweiler Akademie, Tedesco avait fini premier de la classe devant son cadet. Premier encore à établir le record du plus jeune entraîneur à diriger un match à élimination directe de C1 en 2018-2019 (33 ans et 161 jours). Nagelsmann, plus jeune coach de l'histoire de la Bundesliga, lui ravira la place en février 2020 (32 ans et 211 jours).
Champion de la Ruhr à 600 000 euros par mois
Pour ses débuts en Bundesliga avec Schalke 04, en 2017-2018, Domenico Tedesco réalise un coup de maître en décrochant le titre de champion... de la Ruhr. Une première depuis 2009-2010. Et au-delà de la rivalité avec le Borussia Dortmund, son équipe termine deuxième, derrière le Bayern, et se qualifie pour la Ligue des champions pour la première fois depuis un huitièmes de finale face au Real Madrid en mars 2015. Un vrai renouveau, après une décevante dixième place la saison précédente, dont l'Italo-Allemand est le principal artisan. Lié alors jusqu'en 2019 avec un salaire de 600 000 euros par an, l'un des plus modestes de l'élite, il avait vu son contrat prolongé de deux ans avec doublement du salaire et une prime de 250 000 euros pour la qualification en C1.
À Schalke, Domenico Tedesco a notamment lancé Amine Harit en Ligue des champions. (U. Speck/WITTERS//Presse Sports)
Catenaccio italien, possession russe et burgers allemands
Dès sa première saison dans l'élite avec Schalke 04, Tedesco a fait l'unanimité à la tête d'une équipe physique, impressionnante de régularité et de solidité défensive et misant sur le contre. Le style prôné alors ressemble au « catenaccio » italien des années 90. Mais le nouveau sélectionneur des Diables Rouges, fan de data et de Football Manager, est avant tout un pragmatique qui adapte sa philosophie à l'effectif qu'il dirige.
Au Spartak Moscou (2019-2021), qu'il quittera pour raisons familiales, son équipe jeune et technique s'illustre par la possession de balle. Son humour devrait séduire les Belges : à Schalke, après un entraînement matinal déjà très chargé, le technicien avait joué la comédie en promettant une séance encore plus dure au stade l'après-midi... À leur arrivée dans les salons de la Veltins-Arena à l'heure du déjeuner, les joueurs avaient trouvé des cuisiniers préparant des burgers.
publié le 1 février 2023 à 16h00