D'intérimaire jusqu'à présent, l'actuel président de la Fédération veut profiter de l'assemblée générale de ce samedi pour se voir conforter jusqu'à fin 2024 à son poste.
Après une saison agitée, la Fédération française de football (FFF) convoque samedi (9h00) sa première Assemblée générale depuis la démission de Noël Le Graët, une réunion qui doit confirmer Philippe Diallo au poste de président jusqu'en 2024.
Dans un hôtel de l'ouest de Paris, les quelque 200 élus du football français - amateur et professionnel - sont invités à se prononcer sur l'identité du dirigeant amené à terminer le mandat en cours. Après onze années aux commandes de la Fédération sportive la plus puissante de France, Le Graët n'a pu mener celui-ci à son terme, victime d'une accumulation de polémiques et d'accusations qui l'ont poussé vers la sortie, fin février. Le Breton a tout de même été invité à l'AG et il est attendu samedi matin dans le XVIIe arrondissement, même s'il ne sera pas, cette fois, le maître de cérémonie de ces états généraux du football français.
Une confirmation qui semble acquise
Son vice-président Philippe Diallo, devenu numéro 1 par intérim depuis le début de l'année, sollicite la confiance des élus (clubs, ligues locales, districts) pour poursuivre son action jusqu'à l'Assemblée élective de la fin 2024. Homme d'ombre et de dossiers, apprécié pour sa discrétion comme pour son écoute, cet ancien patron du syndicat des clubs professionnels (59 ans) dispose d'une cote élevée pour symboliser l'apaisement souhaité par le milieu après des mois de turbulences. Même si certains opposants ont tenté, au début du printemps, de réunir assez d'élus pour renverser l'actuel comité exécutif de la «3F», la confirmation de Diallo samedi semble acquise aux yeux de tous les acteurs du football interrogés ces dernières semaines. «Après quelques mois d'exercice, je pense qu'on peut dire que la Fédération fonctionne. On est même en train de commencer sa transformation. Il y a besoin de retrouver de l'apaisement et j'espère avoir déjà contribué à cela», assurait le dirigeant début avril dans un entretien à l'AFP.
Le football professionnel, qui remet ses droits TV sur le marché à la rentrée, compte notamment sur ce profil pour assurer une transition fluide et stable, loin du tumulte de l'automne et de l'hiver. Les accusations de harcèlement moral et sexuel visant Le Graët, les polémiques et autres dérapages ont en effet accompagné le début de saison du football français, épinglé en février par un audit de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR), accablant pour la «Fédé» comme pour ses dirigeants.
Même si le calme est progressivement revenu, les secousses ne sont jamais loin, à l'image de la fronde historique des joueuses de l'équipe de France ayant abouti au remplacement de la sélectionneuse Corinne Diacre par Hervé Renard. Jeudi, d'autres accusations de «harcèlement moral et sexuel» émises dans le magazine So Foot par un ex-arbitre actuellement coordinateur fédéral de l'arbitrage amateur, Nicolas Pottier, ont à nouveau assombri l'horizon. La FFF a immédiatement diligenté une enquête interne sur la gestion fédérale de l'arbitrage.
Un budget prévisionnel en déficit
Dans ce contexte incertain, l'Assemblée fédérale doit aussi voter la nomination de deux futurs membres du comité exécutif de la FFF, les présidents de district Claude Delforge et Alexandre Gougnard. Avec la démission de Le Graët et celle de Jamel Sandjak, président de la Ligue de Paris-Île de France en désaccord avec la direction prise par le «Comex», deux places s'étaient en effet libérées dans ce «gouvernement» du foot français. La Fédération présentera également son budget prévisionnel pour la saison 2023-24 et celui-ci sera déficitaire, une rareté.
La baisse des droits audiovisuels de la Coupe de France, le limogeage de Corinne Diacre, l'effort de 4 à 5 millions d'euros supplémentaires consentis en faveur du football féminin et d'une future Ligue féminine professionnelle expliquent ainsi en partie le déficit prévisionnel estimé à 4,7 millions d'euros. Mais celui-ci pourrait être comblé, notamment si l'équipe de France féminine brille au Mondial cet été en Australie. La FFF table en effet sur un quart de finale dans ses prévisions financières. Un meilleur parcours des Bleues serait un bonus bienvenu pour les caisses fédérales.