Jour après jour, des stations services sont de plus en plus nombreuses à afficher un panneau « rupture » ou « indisponible » en face d'un ou plusieurs carburants, en raison de « tensions d'approvisionnement ».
Que se passe-t-il ?
De longues files de véhicules s'allongent devant les stations-services dans toute la France. Parfois, même le transport scolaire est affecté, avec un risque qui pèse sur le transport sanitaire, les secours, ou encore les chauffeurs routiers ou l'agriculture.
En cause : des « tensions d'approvisionnement de certaines stations », selon le gouvernement, qui refuse de parler de « pénurie ».
Combien de stations concernées ?
Interrogé mercredi sur le sujet, à la sortie du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a donné quelques chiffres : au niveau national, 12% des points de vente seraient concernés - soit plus d'un sur dix.
Certaines régions sont plus touchées que d'autres. Ainsi, dans les Hauts-de France, jusqu'à un tiers des stations sont en rupture de stock, en particulier dans les secteurs d'Arras et Béthune.
Mais pas seulement : l'Île-de-France et la région marseillaise sont aussi touchées plus fortement que la moyenne, surtout dans les stations TotalEnergies. Le géant français propose une carte de ses stations pour s'y retrouver.
Ces ruptures concernent tous les carburants, mais le gazole est plus souvent manquant. En cause : une plus forte proportion d'automobiliste roulant encore au gazole aujourd'hui.
Pourquoi de telles ruptures de stock ?
Comme souvent en pareil cas, il y a plusieurs raisons. Chez TotalEnergies d'abord, la remise supplémentaire de 20 centimes par litre a entraîné « une affluence importante » dans les stations du groupe. Et, parfois, un début de rupture... poussant les automobilistes vers d'autres stations.
Mais la cause principale est probablement à chercher du côté d'un mouvement social des salariés de TotalEnergies, qui réclament de meilleurs salaires. La grève, lancée fin septembre, s'étire depuis une dizaine de jours dans plusieurs dépôts de carburants et raffineries.
Le mouvement perdure à la raffinerie du Havre (22% du raffinage en France), à La Mède (Bouches-du-Rhône) et Flandres, près de Dunkerque. Selon la CGT, au moins deux raffineries françaises d'Esso-ExxonMobil, en Seine-Maritime et dans les Bouches-du-Rhône, sont également « à l'arrêt total ».
Quelles solutions sont mises en oeuvre ?
Dans les régions les plus affectées, il a déjà fallu puiser dans les stocks stratégiques pour pallier l'absence de carburants dans un tiers des stations.
Des mesures supplémentaires ont parfois été mises en place pour réguler la demande. La vente et l'achat de carburants pour remplir des jerricans et autres bidons ont été interdites par les préfectures du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme.
Certains transports, notamment sanitaires (médecins, infirmiers, ambulances...) bénéficieront d'un « accès prioritaire » dans certaines stations.
Enfin, les autorités pourront réquisitionner certaines stations « en cas de dégradation de la situation », pour les transports prioritaires.
La situation va-t-elle durer... ou se dégrader ?
C'est aujourd'hui impossible à dire. TotalEnergies assure qu'il n'y a pas « de manque de carburants » et que les réapprovisionnements se font grâce à des « stocks » constitués et des « imports réguliers » :
TotalEnergies se mobilise pour réapprovisionner le réseau grâce à des moyens logistiques supplémentaires
TotalEnergies
Le préfet des Hauts-de-France assure quant à lui qu'il souhaite « rétablir au plus vite une situation normale » - quitte à de nouveau puiser dans les stocks stratégiques. Selon Olivier Véran, ces tensions « sont temporaires » et « tout est mis sur la table pour faire en sorte qu'elles soient résorbées ».
Il appelle à éviter « l'effet de panique », qui pousse certains automobilistes à se ruer dans les stations à la moindre alerte.
Je vous assure que ce n'est pas nécessaire
Olivier Véran, porte-parole du gouvernement
La baisse de la remise carburant, de 30 à 10 centimes par litre début novembre, pourra avoir un effet sur la consommation à partir de la mi-octobre : l'Insee a déjà observé ce phénomène ces derniers mois, comme il l'explique dans sa note de conjoncture publiée ce jeudi.