Monsieur le président,
J’ai le grand honneur de vous transmettre, à vous ainsi qu’à tous les éminents participants à cette 66e Conférence générale de l’Agence internationale de l’énergie atomique, les meilleurs vœux et les salutations cordiales de sa sainteté le pape François.
Au nom du Saint-Siège, je vous félicite, vous ainsi que les membres du Conseil des gouverneurs, pour votre élection par cette conférence. J’exprime également notre gratitude au directeur général Rafael Mariano Grossi et au secrétariat pour leur travail dévoué au profit de toute la famille de l’AIEA. Nous apprécions particulièrement les efforts inlassables déployés par le directeur général pour aider à garantir la sûreté et la sécurité des installations nucléaires en Ukraine et empêcher ce que le pape François a récemment appelé « une catastrophe nucléaire ».
Le Saint-Siège félicite également Saint-Christophe-et-Niévès, ainsi que les Tonga pour leur adhésion à l’AIEA.
Monsieur le président,
Dans le contexte des terribles conflits et des troubles dont nous sommes témoins dans de nombreuses régions du monde, et face à la constante escalade de la guerre en Ukraine, assortie de paroles et d’actions qui risquent de laisser moins de place aux solutions diplomatiques, nous ne devons jamais abandonner la recherche du dialogue. Poursuivons-le avec une détermination ferme, inébranlable, et sans réserves. Le dialogue peut nourrir une pensée critique, rationnelle et objective. Il nous aide à contrer les fausses croyances et les préjugés. Il s’agit d’un processus qui nous permet de consolider les fondements de la coexistence humaine, d’identifier et de promouvoir le bien commun, en toute connaissance et dans le plein respect des différences. Le Saint-Siège en appelle à toutes les nations pour qu’elles favorisent, par un engagement collectif et conjoint, une culture de soin, qui place la vie et la dignité humaines au centre.
En ce moment de grande incertitude, alors que le monde semble être à la croisée des chemins et que la menace de l’utilisation des armes nucléaires est revenue nous hanter, le Saint-Siège lance un appel à toutes les nations pour qu’elles fassent taire toutes les armes et éliminent les causes des conflits en recourant inlassablement au dialogue et à la négociation. Comme nous a prévenus le pape François en début d’année, « Celui qui fait la guerre… oublie l’humanité » (1).
Pour le Saint-Siège, il ne fait aucun doute qu’un monde exempt d’armes nucléaires est à la fois nécessaire et possible. Cet objectif commun a été souligné par le pape François, lorsqu’il a insisté sur le fait que l’existence des armes nucléaires « est liée à une logique de peur qui ne concerne pas seulement les parties en conflit, mais tout le genre humain. Les relations internationales ne peuvent être dominées par la force militaire, par les intimidations réciproques, par l’ostentation des arsenaux de guerre. Les armes de destruction de masse, en particulier les armes atomiques, n’engendrent qu’un sentiment trompeur de sécurité et ne peuvent constituer la base d’une coexistence pacifique entre les membres de la famille humaine qui doit en revanche s’inspirer d’une éthique de solidarité » (2).
Le Saint-Siège a signé et ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires dans le but d’aller au-delà de la dissuasion nucléaire pour parvenir à un monde entièrement exempt d’armes nucléaires, affirmant que celles-ci sont des armes de destruction massive et environnementale.
Face à la lenteur des progrès réalisés dans le cadre du programme de désarmement, et notamment du désarmement nucléaire, nous pourrions être tentés de perdre espoir. Cependant, nous ne devons pas nous laisser décourager par les revers. Nous devons aller de l’avant avec persévérance et détermination dans nos efforts communs pour parvenir à l’élimination des armes nucléaires. Nous devons tout mettre en œuvre pour éviter de démanteler l’architecture internationale de la maîtrise des armements, notamment dans le domaine des armes de destruction massive.
Le monde doit trouver un moyen d’empêcher le déchaînement de la puissance destructrice des armes nucléaires tout en permettant à tous les peuples de partager les avantages considérables de l’utilisation pacifique de la technologie nucléaire – dans les soins de santé, la production alimentaire et de nombreux autres domaines.
Monsieur le président,
Le Saint-Siège reconnaît l’importante contribution de l’AIEA dans la tentative d’instauration d’un monde exempt d’armes nucléaires. Les accords de garanties généralisées conclus entre l’AIEA et près de 180 pays, dont beaucoup mettent également en œuvre des protocoles additionnels, permettent de s’assurer que ces pays ne travaillent pas sur des programmes clandestins d’armement nucléaire. Cela renforce la confiance, tout en servant l’objectif plus large de la non-prolifération nucléaire. Cela contribue également à jeter les bases de la coopération internationale dans le domaine des technologies nucléaires à des fins pacifiques et du partage de leurs avantages avec les pays en développement.
Le Saint-Siège soutient le travail de l’AIEA visant à vérifier et à contrôler le respect des engagements liés au nucléaire dans le cadre du Plan d’action global conjoint (JCPoA). Nous saluons également les efforts continus et patients déployés par la communauté internationale pour relancer les négociations concernant le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui menace l’intégrité du régime de non-prolifération. Il ne peut y avoir de solution militaire à ces questions. Les garanties de l’AIEA constituent une contribution essentielle à la promotion de la paix et de la sécurité et permettent d’instaurer un climat de confiance en lieu et place des récriminations mutuelles. Le système unique de garanties de l’AIEA est un outil important qui permet de progresser vers l’objectif d’un monde sans armes nucléaires.
Monsieur le président,
Les urgences liées au changement climatique et la pandémie de Covid ont eu des conséquences non seulement environnementales, mais aussi éthiques, sociales, économiques et politiques. Elles causent de grandes souffrances aux plus pauvres et aux plus vulnérables de nos semblables.
Le Saint-Siège est favorable à un modèle de développement et de durabilité fondé sur la fraternité et l’alliance entre l’être humain et l’environnement (3).
L’AIEA, en aidant les pays en développement à utiliser la technologie nucléaire pour traiter le cancer, produire davantage de nourriture et gérer la raréfaction des réserves d’eau, joue un rôle unique dans la promotion du développement intégral, renforçant ainsi notre gestion de la création de Dieu.
Le Saint-Siège se félicite également du soutien apporté par l’AIEA aux pays qui utilisent la science et la technologie nucléaires pour contrôler la pollution environnementale. L’assistance experte de l’AIEA aide le monde à s’adapter aux nouvelles réalités climatiques, notamment aux pénuries de nourriture et d’eau et aux dommages subis par les écosystèmes.
Le Saint-Siège apprécie particulièrement le travail effectué par l’Agence pour permettre aux pays à revenu faible et intermédiaire d’élaborer des stratégies globales de lutte contre le cancer et de s’assurer qu’à terme, tous les patients auront accès à la radiothérapie et à la médecine nucléaire.
Monsieur le président,
En conclusion, le Saint-Siège réitère sa sincère gratitude et affirme son soutien indéfectible aux nombreuses contributions de l’AIEA en faveur de la non-prolifération et du désarmement nucléaires, ainsi que de l’utilisation sûre, sécurisée et pacifique de la technologie nucléaire.
Je vous remercie.