Les pluies conséquentes tombées sur la France ces derniers jours devraient se poursuivre cette semaine. Assez pour « éradiquer » la sécheresse historique qui frappe le pays ? Loin de là, alertent les spécialistes, qui rappellent que les déficits de précipitations durent depuis des mois.
Mi-mars, le niveau des nappes phréatiques était inférieur à celui du mois d'août 2022, pourtant déjà historiquement bas. En cause : un fort déficit de précipitations et une sécheresse qui s'aggrave mois après mois, malgré quelques épisodes pluvieux. Photo d'illustration SIPA
Il a beaucoup plu sur la France ces derniers jours, dans un contexte où les nappes phréatiques restent à un niveau dramatiquement bas, avant même la fin de l'hiver : multipliant les records, la sécheresse 2023 s'annonce déjà bien pire que celle qui a sévi en 2022.
Des pluies fortes, mais pas toujours « utiles »
Les précipitations enregistrées mi-mars sont d'ailleurs marquées par une activité orageuse intense, avec des niveaux de température parfois records pour la saison. Ce qui favorise des pluies violentes, brèves, mais pas forcément « utiles » pour les nappes phréatiques. L'évaporation est aussi accentuée par cette chaleur inhabituelle, en particulier dans le sud-ouest.
Ce contenu est bloqué car vous n'avez pas accepté les cookies et autres traceurs.
En cliquant sur « J’accepte », les cookies et autres traceurs seront déposés et vous pourrez visualiser les contenus (plus d'informations).
En cliquant sur « J’accepte tous les cookies », vous autorisez des dépôts de cookies et autres traceurs pour le stockage de vos données sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Vous gardez la possibilité de retirer votre consentement à tout moment en consultant notre politique de protection des données.
Gérer mes choix
Selon le Bureau des risques géologiques et miniers (BRGM), le niveau des nappes phréatiques en ce jour de printemps reste à un niveau alarmant : « La recharge 2022-2023 des nappes phréatiques reste déficitaire : les pluies infiltrées durant l’automne sont très insuffisantes pour compenser les déficits accumulés durant l’année 2022. »
Nappes phréatiques en très fort déficit
Résultat : « Les niveaux des nappes restent sous les normales mensuelles, avec 80% des niveaux modérément bas à très bas », note le BRGM.
> Cliquez sur l'image pour l'afficher en entier
BRGM
Et seuls 5% des niveaux supérieurs aux moyennes mensuelles - du jamais-vu, surtout en plein hiver.
Peut-on encore y remédier ? Oui... mais à deux conditons : des pluies régulières et continues, et ce, avant fin mars. En effet, dès la fin du mois la reprise de la végétation « pompera » l'essentiel des pluies - au détriment des nappes phréatiques.
Les déficits sont tels que les pluies de ces derniers jours restent très insuffisants pour que la situation s'améliore véritablement.
Comme le rappelle, avec humour, le docteur en agrométéorologie Serge Zaka, « ce n'est pas parce qu'on a une flaque dans son jardin que la sécheresse est derrière nous ! »
Ce contenu est bloqué car vous n'avez pas accepté les cookies et autres traceurs.
En cliquant sur « J’accepte », les cookies et autres traceurs seront déposés et vous pourrez visualiser les contenus (plus d'informations).
En cliquant sur « J’accepte tous les cookies », vous autorisez des dépôts de cookies et autres traceurs pour le stockage de vos données sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Vous gardez la possibilité de retirer votre consentement à tout moment en consultant notre politique de protection des données.
Gérer mes choix
« Malgré les récentes pluies, 80% des nappes phréatiques restent déficitaires, c'est très inquiétant », abonde-t-il, décrivant « une situation déjà pire que lors des trois canicules de l'été 2022 ».
Les sols plus humides en surface
Exemple : il est tombé plus de 30 mm de pluie à Perpignan ce 18 mars. Mais le déficit cumulé des précipitations dépasse... 300 mm : « Sur les 365 jours précédents, la ville n'a connu que 11 jours avec un cumul supérieur ou égal à 5 mm (pour une normale de 25 jours), et un cumul de 238 mm (normale: 578 mm) », rappelle Gaëtan Heymes, ingénieur prévisionniste à Météo France.
Or « il faudrait cette pluie, pas trop forte, pendant un à deux mois sans discontinuer pour relever le niveau des nappes dans les Pyrénées-Orientales », a expliqué l'hydrogéologue Henri Got lundi sur France Bleu Roussillon.
Selon Météo France, les pluies « relativement copieuses sur le pays depuis début mars ont permis de réhumidifier les sols de façon importante ». De quoi réduire la sécheresse agricole - c'est-à-dire des sols peu profonds.
Ce contenu est bloqué car vous n'avez pas accepté les cookies et autres traceurs.
En cliquant sur « J’accepte », les cookies et autres traceurs seront déposés et vous pourrez visualiser les contenus (plus d'informations).
En cliquant sur « J’accepte tous les cookies », vous autorisez des dépôts de cookies et autres traceurs pour le stockage de vos données sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Vous gardez la possibilité de retirer votre consentement à tout moment en consultant notre politique de protection des données.
Gérer mes choix
Mais cela ne change rien, ou presque, pour la sécheresse hydrologique, consécutive à un manque durable de précipitations. Or en cette fin de printemps, en moyenne sur tout le pays, le déficit s'élève à 15%. Avec des secteurs, particulièrement dans le sud de la France, extrêmement déficitaires en termes de pluies.
Or pour l'heure, Météo France prévoit surtout des pluies relativement abondantes seulement au nord de la Loire, rappelle le météorologite François Jobard :
Ce contenu est bloqué car vous n'avez pas accepté les cookies et autres traceurs.
En cliquant sur « J’accepte », les cookies et autres traceurs seront déposés et vous pourrez visualiser les contenus (plus d'informations).
En cliquant sur « J’accepte tous les cookies », vous autorisez des dépôts de cookies et autres traceurs pour le stockage de vos données sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Vous gardez la possibilité de retirer votre consentement à tout moment en consultant notre politique de protection des données.
Gérer mes choix
Enneigement toujours insuffisant
L'enneigement des massifs reste déficitaire sur l'ensemble des massifs, mais surtout le Massif central et les Pyrénées. C'est autant de fonte en moins au printemps, avec des cours d'eau plus bas que la normale et des nappes moins rechargées.
Celles du couloir Rhône-Saône sont « plus particulièrement touchées », avec des niveaux très bas, et stables ou en baisse, constate le BRGM, qui n'anticipe pas d'amélioration dans les prochains mois.
> Cliquez sur l'image pour l'afficher en entier
BRGM
En bref, les sols de surface ont retrouvé un niveau d'humidité proche des normales, mais les nappes phréatiques restent lourdement déficitaires. Conséquence : la France va aborder l'été avec des réserves bien moindres qu'au début de l'été 2022, déjà marquée par une sécheresse historique.
Déjà de nombreuses restrictions
De nombreux départements sont déjà soumis à des restrictions d'usage de l'eau - du jamais-vu à cette période. Exemple dans le Puy-de-Dôme, une douzaine de villages sont alimentés par un camion-citerne de 16 m3, depuis plusieurs semaines, détaille BFM.
Les épisodes de sécheresse récurrents montrent leurs effets partout dans le monde. Ainsi, dans l'Arizona (Etats-Unis), une commune n'a plus d'eau depuis que la ville voisine a décidé de ne plus la livrer, afin de ne pas en manquer elle-même.
Au nord de Barcelone, en Espagne, un lac a été vidé entièrement pour en récupérer l'eau - de quoi tenir trois mois. Mais les 60 tonnes de poissons qui s'y trouvaient ont été conduits à l'équarissage, pour être transformés en engrais, rapporte France Info...