30/01/23
Pour l’historien et universitaire Tristan Cabello, le meurtre de l’Afro-Américain par des policiers noirs donne à voir le racisme systémique aux Etats-Unis. Un sujet de plus en plus présent dans le débat public.
Comme Tyre Nichols, les cinq policiers inculpés de son meurtre sont noirs, un facteur exploité par certains conservateurs américains pour nier le caractère raciste des violences policières. Pour l’historien Tristan Cabello, maître de conférences en civilisation américaine à l’université Johns-Hopkins, le drame de Memphis met à l’inverse en lumière l’existence d’un racisme systémique, sujet de discussion controversé mais croissant aux Etats-Unis.
On compare cette affaire avec des drames survenus il y a plusieurs décennies. Qu’est-ce que cela dit de l’évolution des Etats-Unis ?
On me pose beaucoup cette question : «Alors, rien ne change ?» Mais il est impossible d’inverser des siècles de racisme systémique en quelques années ou décennies. A l’échelle de l’histoire américaine, soixante ans, cela reste peu. La mort de Tyre Nichols, tué par cinq policiers noirs, doit justement inciter à arrêter de se placer du point de vue des individus, comme c’est presque toujours le cas dans ce genre d’événements, pour analyser à la place le poids du racisme systémique qui caractérise l’institution policière, comme l’institution judiciaire, aux Etats-Unis.
C’est-à-dire ?
Le racisme est tellement ancré dans la culture américaine, dans toutes les institutions, tous les rapports humains, qu’on peut très bien être noir et avoir du racisme anti-noir, comme on peut très bien être une femme misogyne ou un homosexuel homophobe. Ces biais sont tellement intégrés qu’il est vraiment difficile d’y échapper. Ces derniers jours, beaucoup d’universitaires afro-américains expliquent que ces cinq policiers noirs voulaient être les égaux de leurs collègues blancs, et qu’ils se sont donc comportés comme eux. C’est cela qu’on appelle le racisme systémique.
(…) Libération
28/01/23
[Article du 12 mai 2021]
MEMPHIS, Tennessee – Depuis plus d’un an, le meurtre de Noirs par la police est un sujet qui n’a d’égal que le coronavirus.
La façon dont la police interagit avec les communautés de couleur est un sujet de conversation permanent et source de division.
Une chose sur laquelle presque tout le monde s’accorde est qu’une force de police plus diversifiée est un élément essentiel de tout plan.
Mais atteindre cette diversité est beaucoup plus difficile que de simplement la demander et la financer.
Rien qu’à Memphis, il y a environ 400 policiers de moins que ce qu’il faudrait dans les rues.
Les efforts de recrutement peuvent ne pas aboutir et convaincre les gens de devenir policiers, en particulier les personnes de couleur, est une tâche difficile.
Une université historiquement noire a déclaré que la police de la ville pouvait non seulement être à la hauteur de la tâche, mais aussi servir de modèle à la nation.
Une étude, publiée par la revue Science, a été réalisée cette année pour examiner le rôle de la race et du sexe des policiers dans les interactions entre la police et les civils. Elle a montré que les policiers noirs et hispaniques recourent à la force beaucoup moins fréquemment que les policiers masculins blancs. Le problème, c’est que peu de personnes de couleur veulent être policiers de police. Il faudra donc adopter une nouvelle approche pour cibler, recruter et former les policiers de couleur.
[…]Selon le MPD, son service reflète les données démographiques de la communauté.
La logique ? Les Noirs représentent 65 % de la population de Memphis, et les policiers noirs constituent 56 % du département de police de Memphis.
Mais tout le monde n’est pas d’accord sur le fait que cet apparent reflet de la population en soit un véritable reflet.
Tout le monde s’accorde à dire qu’il faut davantage de policiers noirs et basanés si l’on veut que les choses changent vraiment.
[…]Ce partenariat pourrait servir de modèle à l’échelle nationale. […]
Fox 13 Memphis
JT de 8h du samedi 28 janvier 2023, France 2 évoque des « violences policières racistes » :
France 2
27/01/23
The pole camera footage of the beating arrest of #TyreNichols has been synced with the audio from the body camera footage. Five Memphis Police officers, all black, have been fired & charged with second-degree murder. #BLM pic.twitter.com/WspE6DM5HQ
— Andy Ngô 🏳️🌈 (@MrAndyNgo) January 28, 2023
26/01/23
La ville américaine de Memphis se préparait vendredi 27 janvier à des manifestations en réaction à la publication, prévue à la fin de la journée, d’une vidéo montrant l’arrestation brutale par cinq policiers d’un Afro-Américain, mort trois jours après ce violent passage à tabac
La cheffe de la police de Memphis, Cerelyn Davis, a prévenu que la vidéo montrant l’interpellation de cet homme de 29 ans était «comparable, voire pire» à celle montrant l’arrestation policière violente de Rodney King en 1991. L’acquittement, un an plus tard, des quatre policiers impliqués, déclencha des émeutes sans précédent à Los Angeles.
Le Figaro
Une nouvelle affaire George Floyd ? Cinq policiers ont été inculpés et incarcérés jeudi pour meurtre à la suite du décès début janvier d’un Afro-Américain, quelques jours après une arrestation « épouvantable » dans le sud des États-Unis, selon les autorités. Ces agents de la police de Memphis, grande ville du Tennessee, tous Afro-Américains, sont visés par plusieurs chefs d’inculpation, dont meurtre, coups et blessures ou encore enlèvement, a annoncé le procureur Steve Mulroy lors d’une conférence de presse.
Le 7 janvier, les policiers – depuis licenciés – avaient voulu arrêter Tyre Nichols, Afro-Américain de 29 ans, pour une infraction routière. Alors que les agents s’approchaient, une « confrontation avait eu lieu » et « le suspect s’était enfui », avaient expliqué les forces de l’ordre. Rattrapé, Tyre Nichols avait finalement été interpellé mais s’était plaint d’avoir du mal à respirer et avait été hospitalisé. Il était décédé trois jours plus tard.
Le Parisien