Victorieuse de la Pologne (3-1) dimanche à Doha, l'équipe de France s'est qualifiée pour les quarts de finale de la Coupe du monde, où elle retrouvera l'Angleterre ou le Sénégal.
Envoyé spécial à Doha
Attendons de voir s'il s'agit d'un début d'ivresse et d'une nouvelle aventure folle de l'équipe de France, mais la bande de Didier Deschamps, après l'échec de l'Euro face à la Suisse, a eu le mérite de conjurer le sort et de valider son billet pour les quarts de finale suite à son succès contre la Pologne (3-1) dimanche soir.
Ne tombons pas dans l'excès et les superlatifs superflus tant les Bleus n'ont pas outrageusement dominé leur sujet du côté du stade Al-Thumama, cédant parfois à la panique, aux gestes maladroits et à une maîtrise imparfaite. Mais avant de savoir qui de l'Angleterre ou du Sénégal se dressera sur la route des tenants du titre samedi prochain au tour suivant, ne boudons pas notre plaisir non plus. L'aventure continue. Et tous les rêves qui l'accompagnent ont le mérite d'exister.
Les Bleus besogneux mais chahutés
Sans être flamboyante, mais avec sérieux et un talent certain à l'image du nouveau recordman de buts en sélection, Olivier Giroud, auteur de l'ouverture du score, ou encore de Kylian Mbappé parfait pour doubler la mise et clore le suspense pour sa 4e et 5e réalisation au Qatar (meilleur buteur du Mondial), l'équipe de France a pu compter sur ses individualités. Côté collectif, ce fut moins brillant, moins bien huilé et surtout moins séduisant que lors des deux premières sorties face à l'Australie (4-1) et le Danemark (2-1).
Oublions la défaite face à la Tunisie (1-0) mercredi –bouillie de football avec une équipe de coiffeurs apprentis- qui pourrait se convertir en match nul d'ailleurs si la FIFA possède un tant soit peu de courage… Mais face à un adversaire conscient de ses limites, désireux d'amener les Bleus sur un faux rythme afin d'éviter que la cavalerie française prenne confiance, l'équipe de France a eu un aperçu de ce qui l'attendait dans sa quête d'une troisième étoile. La réduction du score de Robert Lewandowski (3-1, 90+9) sur un penalty retiré après un arrêt de Hugo Lloris, tout heureux d'égaler Lilian Thuram au nombre de sélections (142), ne changea rien. Le billet pour les quarts était déjà validé depuis longtemps.
Un génie nommé Mbappé
Après, quand vous possédez le meilleur joueur de cette Coupe du monde dans vos rangs, cela vous rend la vie plus facile. Auteur d'un doublé (74e, 90+1), avec un deuxième but fabuleux de maîtrise venu se loger dans la lucarne d'un Wojciech Szczęsny, Kylian Mbappé, 23 ans, a une nouvelle fois prouvé qu'à ce niveau, tous les rêves étaient permis pour les Bleus. Le monde entier le craint. La pression autour de lui est folle. Et il adore ça. Avec cinq buts en Coupe du monde, les standards affichés sont gargantuesques. Ne jamais avoir l'air étonné comme dirait Belmondo à Anconina dans Itinéraire d'un enfant gâté… Même au plus fort d'un match qu'il n'avait pas survolé et une soufflante de Deschamps après un geste superflu puis l'absence de repli défensif, le « génie français » a fait parler son talent. Vite, la suite.
Sauveur Giroud, légendaire Olivier
Que dire aussi d'Olivier Giroud ? Son but libérateur ne pouvait venir qu'après un début de tempête et une triple occasion polonaise (38e). Dans le pire des moments traversés par les siens, chahutés par le faux rythme de la 26e sélection mondial, il a sorti l'équipe de France de l'ornière, repoussant aussi les fantômes de la Suisse et de l'Euro qui frappaient à la porte. Et permis à Didier Deschamps de souffler un grand coup après un premier acte décevant et ennuyeux de ses troupes. Tout un symbole si le Milanais de 36 ans (117 sélections), non certain de disputer la Coupe du monde il y a un mois, puis attendu dans la peau d'un remplaçant au Qatar avant d'en être un titulaire indiscutable avec le forfait de Benzema, a mis tout le monde d'accord avec son ouverture du score sur une offrande de Kylian Mbappé (1-0, 44e).
Avec ce but, France-Pologne : le but record d'Olivier Giroud en vidéo pour une aventure entamée en novembre 2011, « Olive » s'est même permis le luxe de laisser dans le rétroviseur un certain Thierry Henry pour devenir le seul et unique meilleur buteur de l'histoire des Bleus. Pas mal pour un garçon dont la résilience et l'abnégation sont portées en étendard, vrai symbole de méritocratie. L'histoire continue pour les Bleus et on ne sait pas très bien où tout cela va nous mener. Jusqu'à samedi prochain déjà.