Handball. Six titres, une défaite... retour sur les sept finales mondiales des Bleus

1993: première douloureuse

Auréolés de leur première médaille, en bronze, lors des Jeux de Barcelone sept mois plus tôt, ceux que l'on n'appelle pas encore les « Barjots » confirment leur nouveau statut en Suède. Mais après quarante minutes équilibrées, la partie contre la Russie vire à la correction.

Jackson Richardson est surveillé de près, alors que Talant Dujshebaev, le maître à jouer russe, multiplie les coups de génie dans le dernier quart d'heure. Score final: 28-19. « Cette médaille n'est pas belle, mais elle est à nous », affirme le capitaine Philippe Gardent, monté sur le podium avec un béret comme ses coéquipiers.

1995: des « Barjots » sur le toit du monde

« Bronzés » et teints en blond à Barcelone, les Français se donnent un nouveau surnom en Islande: les « Barjots ». Cela vaut autant pour leurs frasques en dehors du terrain que pour leurs nouvelles coupes de cheveux: des couettes pour Frédéric Volle, un logo Adidas pour Stéphane Stoecklin...

Mais sur le terrain, ça ne rigole pas. Malgré un parcours difficile, ils se hissent jusqu'en finale où ils ont raison de la Croatie (23-19) grâce au bon travail défensif de Pascal Mahé (père de Kentin) et de Richardson et à huit buts du légendaire gaucher Stéphane Stoecklin. C'est le premier titre mondial du sport collectif français. « Cela reste mon meilleur souvenir. J'y croyais dur comme fer dès 1993 voire même avant, que nous pourrions un jour devenir champions du monde », dira l'ex-arrière Denis Lathoud.

2001: le triomphe à Paris

Pas attendus à un tel niveau, les Bleus, où figurent déjà Omeyer et Narcisse, sont encore moins favoris en finale face à la Suède qui domine le monde. Mais ils renverseront le cours du match. La Suède reprend l'avantage à moins de vingt secondes de la fin grâce à Stefan Lövgren. Mais Grégory Anquetil va arracher la prolongation grâce à un but venu d'ailleurs.

Dans le temps supplémentaire, les Bleus, rebaptisés « Les Costauds », feront la différence (28-25 a.p.). « C'était un long combat qui a basculé à chaque fois de notre côté y compris en finale contre la Suède. Un scenario idéal... », se souvient l'ancien gardien Bruno Martini.

2009: le chef d'oeuvre de Zagreb

Champions olympiques quelques mois plus tôt pour la première fois à Pékin, les « Experts » se présentent en Croatie comme des prétendants au titre. Mais la nation hôte, emmenée par le génial Ivano Balic, n'a pas digéré sa défaite en demi-finale en Chine, et veut prendre sa revanche. Victorieuse en phase de poules de la France (22-19), elle sera victime d'un coup de maître des Bleus en finale dans une Arena de Zagreb surchauffée.

Les 15 500 spectateurs ne veulent rien de mieux que la défaite du « faux-frère » Nikola Karabatic, d'origine serbe et croate. Son tête-contre-tête avec Balic restera dans les annales. Son équipe aussi qui, après avoir laissé les Croates dominer, renversera sans paniquer la situation en seconde période (24-19).

2011: jusqu'au bout du suspense

Rarement les Français auront autant souffert dans cette finale où le monde découvre Mikkel Hansen, un tireur d'élite aux cheveux longs et au bandeau façon Björn Borg. Le jeune arrière gauche fait des misères à Thierry Omeyer qui passe à côté de son match.

Mais Nikola Karabatic survole la partie (10 buts, 7 passes décisives) et « Titi » se réveillera lors de la prolongation pour permettre à son équipe de l'emporter à l'arraché (37-35 a.p.) et de décrocher un quatrième titre consécutif.

2015: le « Grand Chelem » pour la 2e fois

Champions olympiques en 2012 et redevenus champions d'Europe en 2014 au Danemark, les Bleus veulent refaire le Grand Chelem lors du Mondial organisé pour la première fois au Qatar.

La sélection hôte, avec un grand contingent de joueurs naturalisés, crée la surprise et tient même tête à Omeyer (MVP du tournoi) et ses partenaires en finale. Mais la France tiendra bon jusqu'au bout grâce à sa défense et l'apport en fin de match du capitaine Jérôme Fernandez (25-22).

« Aujourd'hui, l'équipe de France, pour la deuxième fois de l'histoire, est détentrice des trois trophées. C'est fantastique pour notre sport », savourera Fernandez.

2017: le doublé à la maison

Privés par le Danemark à Rio à l'été 2016 d'un troisième titre olympique d'affilée, les Bleus conservent leur couronne mondiale, à domicile. Avec un nouveau patron à leur tête: Didier Dinart qui, épaulé par son adjoint Guillaume Gille, a succédé au poste de sélectionneur à Claude Onesta.

Vainqueurs dans la douleur de la Suède en quart de finale à Lille (33-30), ils dominent ensuite, plus facilement à Bercy, la Slovénie (31-25) dans le dernier carré et la Norvège (33-26) en finale, deux sélections novices à ce stade.

Ce sixième titre mondial marque la fin des « Experts » avec les retraites de Daniel Narcisse et Thierry Omeyer. Nedim Remili, au poste d'arrière gauche, et Vincent Gérard, dans le but justement au relais d'Omeyer, éclosent au plus haut niveau.

« Dans le contexte un peu anxiogène des attentats (de l'année 2015), avec des policiers présents tout le temps à nos côtés, je me souviens d’un grand moment de fête devant la famille et les amis. Un grand moment », a raconté Gérard samedi.