«Je donne tout pour la France et Deschamps»: Griezmann fait le show en conférence de presse

Envoyés spéciaux à Doha

Antoine Griezmann a débarqué à 17h04 (2h de moins en France) tout sourire et détendu dans la salle de presse du stade Jassim-bin-Hamad de Doha. Face à lui, une assistance fournie de médias français et étrangers, présents en nombre pour assister à sa conférence de presse. À deux jours du 8e de finale contre la Pologne (dimanche 16h), l'international français (31 ans, 113 sélections) a donné le change dans un exercice qu'il maîtrise à la perfection. Pour un vrai show entre ambition, amour pour la France, relation humaine et discrétion. Extraits.

Le but refusé contre la Tunisie

«J'étais déjà l'un des premiers à mettre un but annulé par la VAR lors d'un France-Espagne je crois... C'est chiant, ça ne permet pas de célébrer comme tu veux. Déçu, mais on a été gentil parce qu'on était déjà qualifié. Ça aurait été différent si on avait encore quelque chose à jouer…»

Son regard sur Didier Deschamps

«Je lui dois énormément, il m'a appelé en premier et on se n'est jamais quitté depuis, c'est une belle relation. Je lui dois tout en équipe de France. Je donne tout pour le maillot, la France mais aussi pour lui. J'essaie de tout faire pour qu'il continue à avoir confiance en moi. Chaque match, chaque action, c'est comme un merci que je lui adresse. Je veux essayer de tout faire pour qu'il soit fier de son numéro 7. Le pouvoir au groupe ? Il aime échanger avec les joueurs, savoir ce qu'on ressent, c'est très important pour lui. Il va toujours essayer de trouver la meilleure solution pour l'équilibre de l'équipe. On trouve, on l'a trouvé, il faut continuer là-dessus. Il fait confiance à tout le monde, c'est une force de sa part. On a un groupe qui en est conscient. On est à fond derrière quand il donne un ordre, un conseil.»

Sa joie de vivre au Qatar

«Le fait d'être très bien physiquement m'aide beaucoup. Il n'y a aucun problème dans ma vie privée, dans ma tête. J'ai connu des moments assez difficiles à Barcelone, c'était compliqué. L'année dernière, je revenais à l'Atlético, c'était compliqué aussi, il fallait travailler, se faire petit, me retrouver sur et en dehors du terrain. Maintenant, je suis en pleine confiance, je me sens très bien en club et en sélection. Je sais qu'on a besoin de moi, on me fait confiance, tout roule.»

Les changements depuis la Suisse à l'Euro

«On était un peu trop relâché contre la Suisse quand on menait 3-1, on croyait que c'était plié. Dans les grandes compétitions, c'est toujours difficile, il n'y a pas d'adversaire facile et ce sera pareil contre la Pologne, compliqué, il faut bien se préparer, ce n'est pas joué d'avance, il ne faudra rien lâcher pendant 90 minutes. Le coach croit beaucoup au groupe, il donne tous les pouvoirs au groupe, à nous de le gérer, d'avoir une bonne mentalité sur et en dehors du terrain. On est sur la bonne voie. Le groupe vit bien, se donne à fond aux entraînements, les 11 qui commencent où ceux qui sont amenés à rentrer. C'est parfait pour aller le plus loin possible. (...) La Pologne, ce sera compliqué. Il y a beaucoup de changements dans le groupe par rapport à l'Euro. On n'est pas en quart. Il y a un 8e à jouer. Il faudra bien travailler dans les jours à venir pour arriver au top pour ce match. C'est un 8e de finale de Coupe du monde, on l'a vu, on peut perdre contre n'importe qui, on l'a vu dans les autres groupes. La Suisse ? Il faut passer à autre chose même si ça fait mal… On se souviendra avant le match que rien n'est acquis, tout peut se passer, on peut perdre ou gagner à n'importe quel moment, que tu mènes ou pas.»

Un rôle frustrant (ou pas) du point de vue offensif

«Non, après, j'ai eu les occasions pour en marquer un. Je suis peut-être moins proche de la surface mais je fais de bons matches. Il me manque ce but mais je ne vais pas tirer 50 fois par match, je vais essayer de trouver la meilleure solution sur une passe ou un tir. Je ne me prends pas la tête par rapport au but. L'équipe a plus besoin de moi dans le cœur du jeu, cette relation défense-attaque, être proche de ma défense quand on n'a pas le ballon. Devant, je ne vais pas me casser la tête à tirer 10 fois par match, je dois essayer de mettre les attaquants dans les meilleures conditions, essayer de trouver Kylian ou Ousmane pour un un-contre-un, ou sur un centre. Je suis plus dans cette vision que moi être à la finition.»

Dernier Mondial avec l'équipe de France... ou pas

«Je ne sais pas il faudra voir selon mes performances. Là, c'était limite selon ce que j'entendais (sourire). On verra bien, je disais présentable niveau physique (avant de rallier la MLS à 32-33 ans), j'aurais peut-être pris des kilos en plus et je ne pourrai pas jouer la prochaine Coupe du monde... On verra bien si c'est ma dernière Coupe du monde. Il y Je suis en train de profiter. Il y a beaucoup de trucs autour aussi... Il faut aussi être performant en club. On verra bien... Si les gens me suivent que mon envie et ma joie de vivre sont encore là, on verra bien, mais je ne me pose pas la question aujourd'hui.»

Le soutien aux LGBT

«Un peu gêné (de disputer une Coupe du monde au Qatar), oui et non… Peu importe où je suis dans le monde, ils auront toujours mon soutien et mon respect. Après, je suis footballeur, c'est ma profession, mon pays m'appelle pour une compétition internationale, c'est avec fierté et beaucoup d'envie que je viens.»

Si son approche est différente en 2022 par rapport à 2014 et 2018

« Oui, mon approche est différente. Je racontais à Matteo (Guendouzi) et Jordan (Veretout), ce qu'ils ont ressenti contre la Tunisie, je me souviens aussi de mon premier match avec le stress, les jambes lourdes... Tu fais une passe, tu ne sens pas le ballon. En 2014, ce n'était pas moi, et ce n'était pas ça non plus en termes de sensation (les Bleus ont été éliminés en quart de finale par l'Allemagne). Mais plus on avance, plus on joue les compétitions, plus on prend de l'âge, on se relâche, mais le stress et l'adrénaline est là quand le match arrive. »

« Kylian est beaucoup plus dans le groupe (en 2022 par rapport à 2018), il met la joie de vivre, est important pour nous. Il sait que chaque geste sera regardé par les journalistes, les fans et aussi les joueurs. Il est irréprochable »

Antoine Griezmann sur Kylian Mbappé

Son regard sur Mbappé

« Kylian en 2018, ce n'est pas le même joueur, ni la même personnalité que maintenant. Il est beaucoup plus dans le groupe, met la joie de vivre, est important pour nous. Il sait que chaque geste sera regardé par les journalistes, les fans et aussi les joueurs. Il est irréprochable. »

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Son rôle hybride en sélection

« Je suis assez libre, je dois être dans la relation avec la défense et les attaquants. Je veux aussi aider mes coéquipiers, les mettre dans les meilleures conditions. J'ai 3 joueurs (Mbappé, Giroud, Dembélé) devant moi, donc plus de choix et c'est plus facile pour moi. Physiquement, je suis très bien et quand je le suis, ma tête est mieux. Dans ces conditions, c'est plus facile de jouer et de répéter les efforts. »

Les Bleus, équipe plus offensive qu'en 2018

«Il y a plus de joueurs offensifs qu'en 2018 mais on a besoin de cet équilibre, d'être compact sans le ballon. C'est le plus important en fait. Sans une grande défense, tu ne gagnes pas les compétitions. Olivier et Ousmane font un travail exceptionnel, Kylian le fait de temps en temps. Mais il faut qu'il garde les jambes fraîches pour les contres. On est tous focus sur l'équilibre. Même si on a des joueurs offensifs, il ne faut pas oublier quand on n'a pas le ballon. Jusqu'ici, on le fait très bien. Il faut continuer à le faire. Ce sera la clé pour notre futur dans cette compétition.»

Sa complicité avec Mbappé sur le terrain

« On n'a pas beaucoup de matches ou de minutes jouées ensemble, donc c'est compliqué de travailler cette complicité. Elle va venir au fur et à mesure des matches et des années passées (ensemble). Je suis dans un rôle où je descends beaucoup. Je commence à comprendre son jeu, ce dont il a besoin, ce qu'il veut. C'est plus facile après plusieurs matches ensemble. »

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La gestion des coups de pied arrêté chez les Bleus

« Je suis là s'il faut (sourire). Ça dépend de ce que veut le coach, de ce dont a besoin l'équipe. Le sélectionneur me demande de tirer les corners et les coups francs pour l'instant (sourire). C'est très clair sur ce point de qui tire les pénos (sous-entendu Mbappé est tireur désigné). Mais on ne va pas donner les infos (aux Polonais). Szczesny aura la surprise du tireur, si on en a un dimanche (en 8e de finale). On n'a pas encore travaillé les penalties, peut-être aujourd'hui (vendredi). Ah non demain (samedi) car aujourd'hui c'est ouvert aux médias. (rires) »

« Il y a beaucoup d'envie dans ces matches de Coupe du monde, dire que je m'étais perdu dans les matches d'avant, c'est un peu méchant et dur »

Antoine Griezmann sur ses difficultés

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Ses difficultés en club ou en sélection avant le Mondial

« Il y a beaucoup d'envie dans ces matches de Coupe du monde, dire que je m'étais perdu dans les matches d'avant, c'est un peu méchant et dur. Disputer la Coupe du monde, il y a toujours cette envie de bien faire qui prédomine. C'est une compétition courte, ramassée dans le temps et il faut tout donner pendant 7 matches. Il n'y a pas de question de fatigue et il faut tout donner pour jouer avec le plus beau maillot qu'il y a au monde. »

Le record à venir de Lloris qui va égaler Thuram

« C'est une très grande personne, un très grand gardien qui nous a sauvés plein de fois en 2018. J'ai un immense respect à sa carrière, il va rentrer dans l'histoire de l'équipe de France (dimanche, il comptera 142 capes, comme Lilian Thuram). Il peut être fier ce qu'il est en train de faire. C'est un très bon ami, un grand camarade, une personne facile à vivre avec qui on prend du plaisir même s'il n'est pas très bavard. »

La difficulté à gérer le statut de favori

«Non, contre la Tunisie, il y avait beaucoup de changements, pas d'automatisme, des joueurs qui ne jouaient pas à leur poste. Et ils savaient qu'ils étaient regardés. C'était compliqué de jouer. Après, favori ou non, il faut être focus sur nous et garder l'état d'esprit des deux premiers matches, on était concerné offensivement et défensivement.»

Son record de (bientôt) 71 matches de suite en équipe de France

« Oui il a une importance. Vieira c'était 44, je me souviens qu'à la 40e sélection, je faisais des appels du pied pour que le coach continue à mettre (sourire). J'ai eu la chance de ne pas être trop blessé, c'est un immense honneur, une grande fierté, je veux tout donner pour ce maillot et le coach. »

Son message à Pelé, actuellement hospitalisé

« Que dire ? C'est une légende. Je l'ai jamais rencontré, et j'espère le faire. C'est une légende du foot, du Brésil et peu importe ce que je vais dire, ce ne sera pas au niveau du joueur ou de la personne qu'il est. On a vu ses vidéos, ses buts marqués, c'était exceptionnel. »