Pictogrammes, habillage des sites et des villes, Paris 2024 a revisité et dynamisé le look des Jeux olympiques et paralympiques.
Une nouvelle étape sur la route des Jeux
Après le logo (un visage de femme) dévoilé en octobre 2019, l'emblème d'une équipe de France unique (avec un « coq de combat » regardant la victoire en face) présenté en mars 2020, l'annonce de la cérémonie d'ouverture des JO en ville annoncée en octobre 2022 et les mascottes (les phryges) dévoilées en novembre 2022, les Jeux olympiques (26 juillet-11 août) et paralympiques (28 août-8 septembre) de Paris 2024 continuent à bousculer les lignes avec la présentation, ce mercredi, des pictogrammes et de l'habillage visuel des événements, éléments d'un vaste environnement graphique et esthétique au service d'une florissante ambition créative à même de transmettre des émotions. En mettant en avant l'esprit français fait d'audace et d'esthétisme. Les pictogrammes ont fait leur apparition dans l'univers olympique à Tokyo en 1964.
« C'est un signe visuel, un symbole qui représente une discipline sportive, un langage universel qui permet, quelle que soit la nationalité ou l'alphabet, de comprendre où on est et de quoi on parle. En 1992 les JO de Barcelone ont décidé de dessiner les pictogrammes en utilisant le même "coup de pinceau" que leur emblème. Avec cette rupture, les pictos sont devenus une partie intégrante du design des Jeux. Ils ne sont plus uniquement un dessin technique mais ils apportent quelque chose en termes de design. On est toujours dans l'expression d'un geste sportif, d'un athlète en train de pratiquer pour faire comprendre de quelle discipline il s'agit. Un catalogue qui se retrouvait sur les billets d'entrée ou sur la signalétique dans la ville », résume Julie Matikhine, directrice de la marque Paris 2024.
Lillehammer en 1994 déclinait les disciplines à travers une gravure de plus de 4 000 ans. Sydney en 2000 (autour du boomerang) et Athènes en 2004 (référence aux Jeux antiques) et Tokyo en 2021 (version animée célébrant l'ère numérique) ont ensuite suivi le mouvement. Paris 2024 y ajoute aujourd'hui sa touche.
Julie Matikhine ajoute : « Le CIO n'avait pas imaginé qu'on travaillerait de cette manière le sujet des pictos mais quand nous sommes allés les voir avec la volonté de renouveler l'exercice, ils étaient ravis et conscients de l'enjeu de reconnexion avec une nouvelle génération de consommateurs des Jeux. »
Pictogrammes, la touche novatrice de Paris 2024
« On met en place une révolution conceptuelle. Au-delà de l'enjeu de signalétique technique, notre désir est de faire coïncider le sport tel qu'on le consomme et le pratique, avec les ingrédients graphiques pour l'accompagner », détaille Julie Matikhine. La nouveauté visuelle est qu'il n'y a pas le moindre sportif sur les pictogrammes. Le visuel privilégie, pour chaque sport l'axe de symétrie et deux éléments viennent s'adjoindre : un élément de terrain (par exemple la cible pour le tir à l'arc) et un élément indispensable à la pratique (la flèche dans le cas du tir à l'arc).
Pour les disciplines paralympiques, le fauteuil devient un élément central du pictogramme. 62 pictogrammes ont été réalisés (8 sont communs aux disciplines olympiques et paralympiques).
Des pictogrammes qui, avant et après les Jeux, pourraient se décliner et accompagner la pratique sportive pour se poser, par exemple sur une planche ou une combinaison de surf, habiller un terrain de football urbain, par le biais de lignes de vêtements, de produits… Avec leur design particulièrement stylisé, coloré, ces blasons contribueront aussi à rapprocher le monde du sport et de la culture, dans l'espace public, en s'offrant aux yeux du plus grand nombre. «Avec les blasons, l'art, l'esprit français et le sport s'unissent, pour créer des pictogrammes d'un nouveau genre », résume Tony Estanguet, le président du Comité d'organisation des Jeux de Paris 2024 qui ajoute : « Le look, c'est l'identité des Jeux. C'est l'habillage qui orne les sites de compétition, les villes et zones de célébration pendant plusieurs semaines. C'est ce qui est vu à la télévision par des milliards de téléspectateurs, ce qui est perçu par les millions de spectateurs dans les gradins et les zones de célébration, c'est ce que relaient les médias. Le look, c'est ce qui doit incarner le plus simplement et intuitivement l'esprit d'une édition. C'est donc un élément essentiel des Jeux. »
Les fresques pour soigner l'image des JO
Comment résumer en un visuel « le look » des Jeux. Une figure de style pour designers et graphistes. Un patchwork qui s'exposera sur des bannières, des affiches, des banderoles. « C'est la manière dont seront habillés les villes, les sites de célébrations et les enceintes, les bords de terrain, les billets, les communications... On a voulu que ce soit coloré et festif parce que depuis 2016 et Rio de Janeiro on n'a plus eu de Jeux d'été en présence de public dans les stades, de supporters ou de visiteurs dans les rues. Alors il y aura de la couleur mais pas n'importe comment. Paris est, dans le monde, la ville de l'art, la recherche est esthétique. On veut proposer une expérience qui ressemble à notre art de vivre, notre culture avec un style art déco », pose Julie Matikhine.
L'habillage des différentes villes hôtes (Marseille, Saint-Quentin-en-Yvelines…) et des sites olympiques et paralympiques sera le même, se déclinera dans la même gamme. Et le look sera personnalisable pour les collectivités avec des symboles architecturaux, patrimoniaux, culturels, sportifs et de l'art de vivre qui sont propres à chacune d'entre elles. Dans l'esprit des créateurs, des pavés viendront s'empiler, s'associer pour composer une fresque qui assembler viendra habiller les rues, les stades et enceintes, voire les monuments et lieux de passage (mairie, aéroports, Beaubourg…).
« Pour Paris, cela unit les cheminées de Beaubourg, le musée d'Orsay, des ponts, la Tour Eiffel, un ballon, l'Arc de Triomphe, un cœur… qu'on le voit ou non, c'est une histoire graphique qui permet d'apprécier la composition ou de prendre du temps pour essayer de lire et de l'interpréter », résume Julie Matikhine.
Le concept sera décliné sur huit modules (verticaux, horizontaux, petits…) et en quatre couleurs (teintes pastel rouge, vert, violet, bleu, complétées du doré de l'enseigne et de blanc, le point commun entre ces familles de couleurs étant le rose ; le rouge étant, pour des raisons télévisuelles, exclu des sites) suivant une bible graphique qui sera utilisée par les collectivités, les villes hôtes, les partenaires et les diffuseurs.
Des couleurs sur les sites, des kits dans les écoles
Le dispositif habillage et couleurs a été testé et approuvé par les athlètes (via la commission des athlètes), les écoliers pourront vite s'en emparer. Des kits seront bientôt à leur disposition. Alors si l'heure est encore à l'espoir d'obtenir des billets pour les événements, les organisateurs plongent déjà les mains dans la boîte à couleurs. Julie Matikhine décrit : « Au bord des terrains, par exemple lors des épreuves de tir à l'arc aux Invalides, on réduira un peu l'intensité colorielle. Le héros, c'est le sport, l'athlète. Le look des Jeux vient magnifier la performance, est le terrain de tous les exploits, de toutes les émotions mais n'en est pas la star. Le Stade de France offrira une expérience visuelle et télévisuelle renouvelée. L'Arena de la Porte de La chapelle sera équipée de leds portant l'habillage des Jeux. Sur le stade du Champs de Mars, lors du beach-volley, l'intensité des panneaux sera moindre sur les premiers rangs pour que les caméras ne soient pas perturbées par trop de couleurs. Au centre aquatique, les tons seront bleus, l'habillage devant se refléter dans l'eau, sinon cela nuit à la captation de l'image et cela nuit à l'athlète… »