Ce n'est pas encore un sommet, mais trois des meilleurs hurdleurs français seront à Karlsruhe (Allemagne), vendredi soir, pour lancer leur saison. Pascal Martinot-Lagarde, Just Kwaou-Mathey et Aurel Manga représenteront un contingent français au sein duquel la concurrence sera encore une fois rude, cet hiver.
«PML », présent pour la troisième année de suite au meeting allemand labellisé « Gold » dans le circuit mondial indoor, est en pole position en vue de la sélection pour les Championnats d'Europe d'Istanbul (2-5 mars) grâce à son ranking européen (3e à trois athlètes par pays). Depuis sa médaille d'argent aux Championnats d'Europe l'été dernier à Munich sur 110m haies, l'athlète de 31 ans a fait durer sa période de repos à l'automne. « J'ai pris presque deux mois, j'en avais besoin, à la fois parce que j'avais besoin de respirer, et parce que j'ai déménagé, explique-t-il. Après quatre ans de vie à cheval entre Paris et Reims, je suis 100 % Rémois. »
«PML »en maîtrise à l'entraînement
L'occasion de s'investir davantage dans son projet professionnel, puisque le vice-champion du monde en salle 2022 du 60 m haies a monté une société de conciergerie de location courte durée à Reims. « Je le fais en parallèle de ma carrière pour qu'une fois terminée, d'ici quatre ou cinq ans - car je ne compte pas m'arrêter après les JO de Paris -, mon après-carrière soit déjà toute construite », continue-t-il.
Côté piste, Martinot-Lagarde a donc repris mi-novembre, avant d'enchaîner avec un stage à la Réunion en décembre, et un autre à Ténérife (Espagne) début janvier : « Tout se passe bien, je n'ai plus besoin de repères, me dire que je suis en forme ou autre, je ne pourrais même pas dire si les entraînements se passent mieux ou moins bien que d'habitude. C'est la routine. »
Kwaou-Mathey déjà chaud
De son côté, Just Kwaou-Mathey (23 ans) a déjà fait chauffer le tartan à Nantes sur 60 m, samedi dernier, avec un chrono de 6''72, son record. Des bases intéressantes qui devraient l'emmener rapidement sous son record personnel (7''64, qui sont aussi les minima). « C'était pour le travail de la vitesse et le plaisir de l'athlétisme, sourit le médaillé de bronze de Munich. Mon record était en 7'' (7''13), dans la même seconde que sur 60 m haies, il fallait que je change ça ! J'ai eu de bonnes sensations, j'aurais été encore mieux en finale, mais j'ai fait un faux départ. C'est l'excitation... Je pensais déjà à narguer les autres sprinteurs de l'équipe de France ! Ce 60 m m'a mis un coup de boost pour la saison. J'arrive à Karslruhe confiant. »
Bien placé au ranking européen (5e), «JKM » visera cet hiver une première sélection indoor. « On va rester sur la même mentalité que l'année dernière, il faudra être prêt au bon moment et aux bons endroits. Ça me donne envie, j'ai vu que Dimitri (Bascou) a fait les minima. On attend que la concurrence soit prête, comme ça, on restera la meilleure épreuve en France. »
Bascou vise son record de France
Kwaou-Mathey n'a pas manqué la perf du médaillé de bronze olympique 2016 le week-end dernier, à Eaubonne : 7''63, minima pour Istanbul en poche. Dimitri Bascou (35 ans) est un revenant. Il n'avait plus trouvé la force de continuer l'athlétisme, après un anecdotique chrono de 13''97 en Hongrie, un jour de juillet 2021. Il a rechaussé les pointes pour les interclubs 2022 et s'investit depuis août au sein du GA Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Et c'est sérieux. Engagé à Lyon, samedi, le Martiniquais vise cet hiver son record personnel, qui est aussi le record de France : 7''41.
Retour en douceur pour Manga
Dans son sillage, dans le Val-d'Oise, Bascou avait laissé Aurel Manga (30 ans). Après cette rentrée un peu improvisée (7''89), le double médaillé de bronze mondial et européen sur 60 m haies poursuivra dans le Bade-Wurtemberg sa quête de sensations. « J'ai quitté les Championnats d'Europe l'été dernier en pensant que j'avais une inflammation de la voûte plantaire (il n'avait pas passé le cap des séries), mais en fait c'était une fissure, a-t-il détaillé. Il m'a fallu deux bons mois avant de pouvoir recourir un peu. J'ai fait deux PRP (injections de plasma riche en plaquettes), j'ai dû prendre le temps, ce n'est pas forcément ce que j'aime mais c'était un processus long. Maintenant, je dois retrouver mes repères en compétition. »
Zhoya prévu à Miramas
Manga, devenu papa l'an passé, est moins isolé qu'avant au stade Dominique-Duvauchelle depuis qu'il a été rejoint, à l'automne, par Romain Lecoeur (25 ans) et Richard Diawara (27 ans). Malgré une reprise tardive, il compte sur son expérience pour raccrocher rapidement les wagons et être du voyage en Turquie.
Sasha Zhoya (20 ans), autre prétendant à l'Euro (11e au ranking), débutera son hiver vendredi prochain, à Miramas, où ne seront pas ses concurrents, engagés à Val-de-Reuil le lendemain. La dernière fois que le Franco-Australien a foulé la piste bleue, c'était pour battre le record du monde juniors du 60 m haies (7''34 le 22 février 2020).
Belocian attend l'été
Finalement, cet hiver, il ne manquera que Wilhem Belocian, le champion d'Europe en titre du 60 m haies, pour pimenter davantage ce combat de chefs. Le Guadeloupéen de 27 ans s'adapte pour l'heure à son changement d'entraîneur et de cadre de vie. Depuis l'automne, Belocian a quitté son île et Ketty Cham, sa coach depuis douze ans, pour s'entraîner à l'Insep sous les ordres de Teddy Tamgho.
« Commencer l'entraînement en octobre et aller en compétition en janvier, c'est un peu hâtif », a commenté l'ancien triple-sauteur. En attendant qu'il se joigne à la fête, les trois tickets pour Istanbul devraient s'arracher au prix fort lors des Championnats de France de Clermont-Ferrand (18-19 février), avant peut-être un second triplé bleu en Turquie, après celui de l'Euro de Prague, en 2015.
publié le 27 janvier 2023 à 09h48