Après la flambée de violences, le secrétaire d’État américain, sitôt arrivé lundi en Israël, a engagé «les parties à prendre des mesures pour calmer la situation».
Correspondant à Washington
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est arrivé lundi en Israël dans un contexte tendu, à la fois localement, mais aussi au niveau régional. Le dossier palestinien, sur lequel le nouveau cabinet israélien est plus que jamais en porte-à-faux avec l’Administration Biden, sera évoqué. Mais Blinken doit aussi aborder avec Israël des questions de sécurité particulièrement pressantes. Celle du programme atomique et balistique iranien semble être entrée dans une nouvelle phase, alors que Téhéran se rapproche plus que jamais du seuil de fabrication de l’arme nucléaire. Le secrétaire d’État américain doit aussi discuter de l’Ukraine avec les Israéliens, et des imbrications complexes entre la volonté israélienne de maintenir ses bonnes relations avec Moscou, et les efforts de Washington pour entraver les livraisons d’armes iraniennes aux Russes.
Blinken a dû dès son arrivée réagir à la récente flambée de violence entre Israël et les Palestiniens, venue ces derniers jours rappeler que le conflit n’est pas du tout réglé. «Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un moment très difficile», a dit le chef de la diplomatie américaine dimanche depuis Le Caire, première étape de sa visite au Proche-Orient, «nous allons encourager les parties à prendre des mesures pour calmer la situation, pour désamorcer les tensions».
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Dès son arrivée en Israël, Blinken a présenté ses condoléances aux familles des sept personnes tuées vendredi à la sortie d’une synagogue à Neve Yaakov, à Jérusalem-Est. Il a déclaré que les attaques devant un lieu de culte sont «particulièrement choquantes» et a condamné eux qui «célèbrent ces actes et tout autre acte de terrorisme», ce qui s’adressait surtout aux Palestiniens. Blinken va tenter mardi de convaincre le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, de rétablir les liens de sécurité avec Israël, suspendus par les Palestiniens après le raid de l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine jeudi dernier, qui avait fait neuf morts. «Nous ne pensons pas que ce soit la bonne mesure à prendre en ce moment», avait déclaré la secrétaire d’État adjointe, Barbara Leaf, en prélude au voyage de Blinken. «Loin de reculer sur la coordination de la sécurité, nous pensons qu’il est tout à fait important que les parties la conservent et, si possible, l’approfondissent».
Relations de sécurité
Mais le volet le plus important de la visite de Blinken reste sa rencontre avec Benyamin Netanyahou, le premier ministre israélien, de retour au pouvoir à la tête d’un cabinet plus opposé que jamais à toute concession aux Palestiniens. Outre la violence en Cisjordanie et à Jérusalem, Blinken devait aborder avec lui le projet de réforme judiciaire en Israël, ainsi que les initiatives de plusieurs membres de son gouvernement visant à modifier le statu quo sur les Lieux saints, dont les Américains redoutent les conséquences.
Les relations entre l’Administration Biden et Netanyahou ne sont pas marquées par une grande confiance. Netanyahou, qui n’avait pas manqué d’afficher son soutien à Donald Trump, est perçu par l’Administration américaine comme un allié du Parti républicain en même temps que le chef d’un gouvernement qui comprend de nombreux représentants de partis israéliens particulièrement extrêmes. Mais les responsables américains soulignent aussi volontiers que les relations de sécurité entre les États-Unis et Israël ne dépendent pas des questions de personnes.
Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un moment très difficile. Nous allons encourager les parties à prendre des mesures pour calmer la situation, pour désamorcer les tensions
Antony Blinken
Cette étroite coopération a été rappelée la semaine dernière par le plus grand exercice militaire jamais mené par les deux pays. Baptisées «Juniper Oak», ces manœuvres aéronavales en Méditerranée orientale ressemblaient beaucoup à un avertissement direct envoyé à l’Iran. Elles rassemblaient un porte-avions et plus de 140 appareils américains, dont des appareils de pénétration furtifs F-35 et des bombardiers B-52, et une quarantaine d’avions israéliens. Plusieurs scénarios de missions de suppression de défense aérienne et des raids de bombardiers à longue portée ont été simulés, certains avec des munitions réelles, dont certaines évoquaient directement des répétitions pour une possible opération contre les installations nucléaires et balistiques iraniennes.
Coopération accrue
La visite de Blinken a été précédée par celle de deux hauts responsables sécuritaires américains, le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, et le directeur de la CIA, William Burns, qui s’était rendu à l’improviste en Israël la semaine dernière.
Après l’échec des tentatives américaines pour ramener l’Iran dans l’accord nucléaire, le président Biden a déclaré que les États-Unis ne permettront jamais à l’Iran d’acquérir une arme nucléaire et qu’ils utiliseraient la force «en dernier recours» pour empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire. Selon les experts, l’Iran serait plus près que jamais de disposer des matériaux nécessaires à la fabrication de plusieurs bombes.
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Samedi soir, une attaque de drones contre une usine iranienne d’armements à Ispahan a été rapportée par Téhéran, et plusieurs médias américains, citant des sources sécuritaires à Washington, ont attribué cette attaque aux services de renseignement israéliens.
Un autre volet des discussions entre Américains et Israéliens doit porter sur le soutien à l’Ukraine, l’une des priorités de l’Administration Biden. Washington cherche à obtenir une coopération accrue de la part d’Israël, notamment pour entraver les livraisons de drones iraniens aux forces russes. Israël ménage depuis l’invasion de l’Ukraine ses relations avec la Russie, notamment pour pouvoir contenir les activités iraniennes en Syrie, mais est aussi préoccupé par cette coopération accrue entre Moscou et Téhéran.
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