Pourquoi avez-vous choisi de titulariser Ethan Dumortier, le meilleur marqueur du Top 14 cette saison et qui est assez étonnant ?
La réponse est un peu dans la question. Il est venu, voilà deux ans, à Marcoussis en tant que partenaire d'entraînement. Il naviguait entre l'équipe de France à sept et Lyon. Il était un peu entre deux eaux. Il nous avait déjà fait forte impression lorsqu'il était venu travailler avec nous. C'est un joueur que l'on suit comme d'autres, que l'on a envie d'accompagner et de pousser vers cette forme d'éclosion, comme c'est le cas aujourd'hui avec son club de Lyon et l'équipe de France.
Comment est-il venu "prendre le maillot" comme vous dites souvent ?
Déjà un mot sur Gabin Villière qui, lui, n'a pas voulu lâcher le maillot. Nous avons une pensée pour lui bien sûr. Il avait joué 60 minutes avec Toulon le week-end dernier (contre Pau). Il était prêt et il est venu "matcher" à nos entraînements, des entraînements sans concession. Malheureusement, il s'est fait mal. Une pensée très forte pour lui, son état d'esprit et sa motivation qui portent le projet quinze de France. Une pensée aussi pour ses entraîneurs à Toulon, les supporters de Toulon, le club de Toulon et la compétition qu'il mène avec Matthis Lebel, Romain Buros et maintenant Louis Bielle-Barrey. Tous ces joueurs contribuent à pousser l'équipe de France vers les sommets. Ethan Dumortier est venu chercher le maillot.
« Nous ne connaissons pas les scénarios. Mais nous avons préparé ce match contre l'Italie en laissant peu de place au hasard, en préparant le chaos. »
Comme vous l'avez déjà déclaré récemment, votre objectif n'est pas de défendre votre titre dans le Tournoi mais d'aller en conquérir un nouveau...
On s'est posé cette question, d'abord dans le staff puis avec nos leaders. On a pris le temps de s'aligner. La question est de savoir quel est le sens que l'on veut donner à notre compétition. Depuis le début, le but de notre mission est de rassembler les meilleurs joueurs français, fédérer et partager. Qu'est-ce qu'on vient faire dans ce nouveau Tournoi ? La voix de l'équipe est unanime : il faut continuer. Au premier Tournoi, nous avons terminé premiers ex aequo classés deuxièmes. Au deuxième Tournoi, nous avons terminé deuxièmes avant le Grand Chelem de l'an dernier. Nous considérons que le chemin n'est pas terminé. Nous allons être meilleurs, nous allons continuer à progresser.
Notre équipe est encore en dessous de l'âge de maturité, pareil pour les sélections et l'expérience internationale. Nous ne connaissons pas les scénarios. Mais nous avons préparé ce match contre l'Italie en laissant peu de place au hasard, en préparant le chaos. On veut continuer à être meilleurs et à "matcher" avec nos adversaires, à les respecter. Rome, un stade olympique sublime, des Italiens magnifiques en reconquête, un défi extraordinaire, voilà ce qui nous attend ce week-end.
Pourquoi avez-vous titularisé Thomas Ramos à l'arrière ? Et était-ce compliqué pour Melvyn Jaminet de ne même pas figurer dans les 23 ?
C'est compliqué mais c'est pour ça que l'équipe est performante. Melvyn Jaminet a envie d'être dans les 15, d'être sur la feuille de match, de porter le maillot. Thomas Ramos aussi. Romain Buros également. On a envie que tous les arrières du rugby français aient envie de figurer dans ce quinze et que ce soit possible. Vous connaissez le parcours de Thomas Ramos. Il a répondu présent en novembre dans un contexte particulier et il est revenu chercher le maillot avec autorité. Melvyn Jaminet a fait de très bons entraînements. Il retrouve la plénitude de ses moyens après sa blessure. L'émulation est là. Melvyn Jaminet fait partie de l'équipe de France. Il est là. Il apporte beaucoup de force à notre projet.
Dans votre esprit, le banc des remplaçants est-il un 6-2 ou un 5-3 ? Et comment allez-vous utiliser Sekou Macalou ?
Il peut jouer sur cinq postes différents : 6, 7, 8, 11 et 14. Je parlerais plutôt des finisseurs que du banc des remplaçants. Ça nous convient moyen comme vocabulaire. On a construit une équipe des finisseurs avec les meilleurs du moment. C'est la meilleure équipe de France du moment. On pense bien sûr aux blessés, notamment Yacouba (Camara). Il était potentiellement aussi un joueur qui pouvait rentrer sur la feuille de match à Rome. Les destins sont parfois cruels. Il a déjà la force de revenir. On peut tomber mais aussi se relever. Ce qui nous importe, c'est de rentrer aux vestiaires avec la victoire. On verra pendant le match comment on coache.
Nolann Le Garrec devrait fêter sa première sélection. Quel regard portez-vous sur lui ?
Il a déjà vécu avec nous. Avec les moins de 20 ans, il avait travaillé avec nous. C'était son premier contact avec l'équipe de France. Au mois de juin, il a été sélectionné avec les Barbarians britanniques pour affronter l'Angleterre à Twickenham. On a bossé une semaine avec Nolann à Monaco. C'était une expérience importante pour lui. Ensuite, il est parti au Japon. Il n'a pas été capé mais il a vécu avec l'équipe de France. On sent chez lui une sorte de maturité malgré son jeune âge (20 ans). On n'est pas obligé d'attendre quand un joueur est prêt, comme c'était le cas avec Yoram Moefana en 2020. Certains joueurs sont blessés comme Maxime Lucu. Baptiste Couilloud, lui, est revenu sur la deuxième partie du rassemblement après avoir été arrêté. Nous avons jugé que Nolann Le Garrec était aujourd'hui le joueur le plus à même de rentrer sur cette feuille de match au côté d'Antoine Dupont. Nous sommes certains qu'il est prêt. »
publié le 3 février 2023 à 13h50