L'entraîneur de l'OM s'est confié à L'Équipe et revient sur sa première saison en France. Il évoque ses méthodes et les résultats du club phocéen.
Il a relevé le défi. À 48 ans, Igor Tudor est arrivé sur le banc de l'Olympique de Marseille lors de la dernière intersaison en provenance de l'Hellas Vérone. Réputé pour être exigeant, le successeur de l'Argentin Jorge Sampaoli avait la lourde tâche de ramener l'OM au sommet du foot français.
Bientôt à la fin de sa première saison en France, le technicien croate - passé en tant que joueur à la Juventus de 1998 à 2007 - s'est livré à L'Équipe . Et revient sur les moments forts de la saison marseillaise, ses méthodes de travail et sur ses impressions concernant un championnat qu'il découvre.
Tottenham et Annecy, les deux échecs de sa saison
Igor Tudor est arrivé à Marseille avec l'ambition de bien figurer en Ligue 1. Mais le Croate devait aussi relever un défi bien plus grand : la Ligue des champions. Et après des résultats en demi-teinte dans une poule composée de Francfort, du Sporting Lisbonne et de Tottenham, l'OM a terminé dernier. Mais a surtout vécu une immense désillusion lors de l'ultime match des phases de poule face à Tottenham. Un match nul suffisait aux hommes de Tudor pour être reversés en Ligue Europa. Mais après avoir tenu le score, ils ont fini par prendre un but dans les derniers instants de la partie (2-1, 90+5e). «En Ligue des champions, on est une équipe du quatrième chapeau. L'objectif était de bien figurer et nous l'avons fait à chaque match contre des équipes qui jouent cette compétition tous les ans ou qui ont un gros budget» analyse Tudor.
Avant d'ajouter : «Il nous a manqué un but et on a eu la malchance de perdre aussi la Ligue Europa en dix minutes, mais c'est le foot». Éliminé, le club phocéen a dû basculer. Et quoi de mieux qu'un match de huitième de finale victorieux en Coupe de France face à l'ogre parisien (2-1) quelques semaines plus tard ? «Ce match de Coupe face au PSG, c'est l'un des plus beaux matches auxquels j'ai participé comme entraîneur» relève l'entraîneur croate. Sur cette rencontre, presque tout a fonctionné. Et la saison de Marseille semblait prendre un tout autre tournant. En quart de finale, les coéquipiers de Jordan Veretout recevaient Annecy, pensionnaire de Ligue 2. Sur le papier, les bookmakers voient Marseille gagner et personne ne s'attend à un exploit des Haut-Savoyards. Et pourtant, l'inimaginable arriva. Défaits aux tirs au but dans leur antre du Vélodrome, les Olympiens sortent par la plus petite des portes.
«J'ai revu ce match contre Annecy trois fois. On ne peut pas me dire qu'on a fait un mauvais match et qu'on les a sous-estimés. Il nous a manqué quelque chose, bien sûr, mais on a couru plus de 120 km sur ce match. Eux, ils ont couru comme je n'ai jamais vu courir une équipe à ce niveau-là : 132 km. On voulait, on devait mais il s'est passé ce qu'il s'est passé» explique, avec du recul, le coach croate.
«Maintenant, il faut bien finir la saison»
Les échecs en Ligue des champions et Coupe de France n'ont logiquement pas plu au public phocéen. Hués, sifflés, Tudor et ses hommes n'ont maintenant plus le choix que de finir la saison en beauté en championnat. «Maintenant, voilà. Il faut bien finir la saison. Il reste dix matches, ce sera difficile». Mais l'ancien joueur de la Juve et de Split notamment le sait. Détrôner le PSG sera difficile. «S'ils veulent gagner, ils gagnent. Après, il y a Mbappé. J'ai un immense respect pour Messi, qui est pour moi le meilleur joueur de l'histoire du foot. Mbappé est le plus fort au monde aujourd'hui et leur équipe n'est pas la même sans lui. D'ailleurs quand il n'est pas là, on les a battus. Ensuite, avec lui et avec une autre motivation, ils ont gagné. Ils décident toujours» poursuit l'intéressé.
Le boss marseillais l'affirme : «On va essayer de tout gagner et on verra où cela nous mène». Et pour ça, Igor Tudor ne laisse rien passer. De réputation exigeante, le Croate ne fait pas de cadeau. «Je suis exigeant, oui c'est vrai. Je veux qu'on travaille parce que plus tu travailles et mieux ça se passe le dimanche. La semaine dernière, j'en ai envoyé un au vestiaire car il ne faisait pas les efforts. On peut plaisanter, rigoler mais le travail c'est le travail» pose l'homme de 48 ans. Et Marseille devra garder cette exigence jusqu'à la fin de la saison. Encore dans les clous mathématiquement pour viser la première place promise aux Parisiens, l'OM doit aussi regarder dans le rétroviseur. Et pour preuve. À 10 journées de la fin, les hommes de Mattéo Guendouzi ne comptent que deux points d'avance sur le 3e, Lens, et cinq sur le 4e, Monaco.
Quoi qu’il en soit, une deuxième place serait déjà beaucoup pour Tudor et l'OM. Ce dernier a même expliqué à nos confrères de L'Équipe ne pas avoir suivi la Ligue 1 avant son arrivée en France. «Honnêtement, je la suivais très peu. En Italie, on regarde davantage l'Espagne et l'Angleterre. La France est moins considérée et c'est un tort. Quand tu commences à le regarder, tu changes complètement d'avis. C'est un Championnat passionnant, avec de beaux stades, des joueurs de talent, et si je devais le décrire, je dirais qu'il est super difficile» analyse Tudor. Pour lui et ses hommes, l'objectif est maintenant de bien finir pour laver l'affront des contre-performances réalisées au cours de la saison.