Les 26 et 27 septembre, d'étranges remous sont apparus dans la mer Baltique. Ces traces particulières sont la conséquence de fuites des gazoducs Nord Stream 1 et 2 permettant de délivrer du gaz russe à l'Allemagne. L'Union européenne s'est inquiétée d'un "sabotage".
La communauté internationale s'interroge après les fuites de gaz survenues dans la mer Baltique. Les gazoducs Nord Stream 1 et 2 reliant la Russie a l'Allemagne pour y acheminer du gaz russe, ont été victimes de sérieux endommagements. Dans des propos rapportés par France Info, le Réseau sismique national suédois (SNSN) a indiqué le 27 septembre que des stations suédoises d'enregistrement de l'activité sismique avaient pu mesurer "deux puissantes explosions sous-marines", aux niveaux des fuites de gaz des gazoducs Nord Stream, ce qui laisse présager à la communauté internationale que ces fuites sont volontaires.
Nord Stream 1, en service depuis 2012, relie la Russie et l'Allemagne en passant par la mer Baltique, lieu où ont été observées les impressionnantes fuites. Le réseau Nord Stream 2 a été construit plus tardivement retraçant le même parcours que son prédécesseur dans le but d'acheminer du gaz supplémentaire en Europe. Ces pipelines étaient inactifs depuis mars 2022 ; en effet, le chancelier allemand, Olaf Scholz, avait suspendu l'activité de Nord Stream 2 en réaction à l'invasion russe en Ukraine. Les sanctions américaines envers la SA Nord Stream 2 ont entrainé la faillite de la société suisse, qui depuis a déposé le bilan. Le pipeline de gaz Nord Stream 1, quant à lui géré par le géant russe Gazprom, n'acheminait plus de gaz russe vers l'Europe en réaction aux sanctions internationales contre la Russie depuis son attaque en Ukraine. Bien que ces gazoducs n'étaient plus en fonctionnement, ils contenaient encore du gaz pour maintenir la pression.
L'Ukraine dénonce une "attaque terroriste", l'Union européenne un "sabotage"
Pour Mykhaïlo Podoliak, proche conseiller du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, il ne fait pas de doute qu'il s'agit d'un sabotage effectué par une technologie russe. "La fuite de gaz de Nord Stream 1 n'est rien d'autre qu'une attaque terroriste planifiée par la Russie et un acte d'agression envers l'UE. La Russie veut déstabiliser la situation économique en Europe et provoquer une panique pré-hivernale.", a-t-il indiqué très explicitement sur Twitter. Il a ajouté que le meilleur moyen de répondre à ces agissements était, pour l'Allemagne, d'envoyer "des chars pour l'Ukraine".
La première ministre danoise, Mette Frederiksen, a affirmé mardi lors d'une conférence de presse, que ces fuites étaient "délibérées". "Ce n'est pas un accident", a-t-elle ajouté. De son coté la présidente de la Commission européenne a évoqué un "sabotage" qui entrainera "la réponse la plus ferme possible". Le porte parole du Kremlin a contesté ces accusations dans des propos retranscrits par l'AFP jugeant ces allégations comme étant "prévisibles, stupides et absurdes".
Un désastre écologique
Quel que soit le responsable de grave incident, l'inquiétude environnementale grandit du fait de cette fuite de méthane émanant de ces pipelines. Interrogée par Libération, Anna-Lena Renaud, membre de l'ONG Amis de la terre, se dit préoccupée des conséquences de ces fuites : "Le méthane est un gaz au pouvoir réchauffant 84 à 87 fois plus puissant que le CO2 sur vingt ans". Ces dégâts massifs auront un impact désastreux pour le climat, mais aussi pour l'écosystème marin pouvant tuer les animaux marins aux alentours.
La journaliste Nathalie Mayer a évoqué plusieurs hypothèses à l'issue néfaste dans le média scientifique Futura : "Si le méthane échappé de Nord Stream 1 ou 2 devait exploser, il émettrait de grandes quantités de CO2. S'il n'explosait pas, il se disperserait dans l'atmosphère, accélérant encore un peu plus le processus de réchauffement climatique."