ESSAI - Finaliste du prix de la «voiture de l’année», ce nouveau SUV témoigne du retour au premier plan de la firme au losange.
Renault est sur la voie de la renaissance. C’est une intuition sur la foi de la découverte de la gamme qui sera dans les showrooms de ses distributeurs en 2025. Un privilège réservé aux membres du jury de la «voiture de l’année». La preuve que le Losange retrouve des couleurs: pour la seconde année consécutive, une Renaultest en lice pour ce prix convoité. Après la Mégane E-Tech Electric arrivée vice-championne cette année, tous les espoirs sont permis pour l’Austral de devenir l’élue 2023. Ce SUV va faire oublier le Kadjar qui n’a pas démérité depuis son lancement en 2015 mais qui apparaissait trop tendre face à une concurrence exacerbée au premier rang de laquelle figure la Peugeot 3008 mais aussi désormais la 408.
À partir de la troisième génération de la plateforme CMF-CD de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi que la marque française utilise pour la première fois, les designers ont dessiné une silhouette qui n’a pas à rougir face à ses rivales en termes de proportions et d’élégance. Passé une calandre monopolisée par un losange hypertrophié traité en chrome satin brossé, le changement s’appuie sur des lignes tendues, un capot sculpté et des épaules galbées. L’Austral assume désormais totalement son statut de SUV avec des protections de bas de caisse, des skis à l’avant à l’arrière sur certaines versions ainsi que des passages de roue surlignés pouvant accueillir des pneumatiques de 17 à 20 pouces et de 720 mm de diamètre. Autour d’un empattement de 2,67 m, la Renault gagne quelques centimètres par rapport au Kadjar et à la 3008. Il mesure 60 mm de plus, soit 4,51 mètres. Cela suffit à faire la différence en termes d’habitabilité et de volume de coffre.
Une poignée de gaz d’avion
La révolution se poursuit à l’ouverture des portes. À la qualité de présentation s’ajoute le modernisme d’une planche de bord empruntée à la nouvelle Mégane électrique. L’instrumentation largement personnalisable est entièrement numérique. Elle repose sur un écran de 12,3 pouces qui se fond dans un ensemble en forme de L couché avec la dalle centrale de 12 pouces orientée vers le conducteur (à partir du niveau 2). La circulation est beaucoup plus intuitive qu’avec l’ancien système et Renault a eu la bonne idée de conserver les réglages de la climatisation en accès direct. Outre la qualité du graphisme et de la résolution de l’écran multimédia, l’utilisateur louera l’interface Google donnant accès aux services et aux applications du moteur de recherche. Renault a même pensé à simplifier la circulation dans les menus du système en installant sur le tunnel central un repose-main en forme de poignée de gaz d’avion. Il fait partie intégrante du rideau coulissant qui fait office de support pour smartphone et qui permet l’accès à des espaces de rangement.
Décidément soucieux de soigner les occupants, ce SUV ajoute un affichage tête haute de 9,3 pouces et, selon les versions, une banquette arrière rabattable en deux parties (2/3-1/3) et dont chaque partie peut coulisser indépendamment sur 160 mm. Les dossiers des sièges disposent de trois niveaux d’inclinaison. En fonction des besoins, on peut donc privilégier l’espace aux jambes ou le volume de chargement. Dans le meilleur des cas, ce dernier s’établit à 575 litres, 20 litres de mieux qu’avec la version hybride 200 ch. Enfin, c’est une première: Alpine n’est plus seulement une marque mais représente la finition haut de gamme de Renault. Elle passe par une ambiance particulièrement cossue reposant sur un tissu technique rehaussé d’éléments en suédine grise parfaitement coordonnés avec la teinte de carrosserie gris canon de fusil satiné réservant un rendu presque mat. Toujours en matière d’équipement, l’Austral intègre le dernier cri des assistances à la conduite et notamment l’Active Driver Assist qui vaut au véhicule de s’adapter au profil de la route et qui assure une conduite autonome de niveau 2.
Cela n’étonnera personne, dans le contexte de la transition écologique, l’Austral fait l’impasse sur le diesel et ne propose plus que des motorisations à essence électrifiées. À la différence notamment des Peugeot 3008 et 408, Renault n’a pas retenu l’hybride rechargeable, privilégiant l’hybridation légère 12 ou 48 V et le full hybride avec sa technologie E-Tech (à partir de 40.700 €). La plus performante inaugure un 3-cylindres 1,2 litre turbo de 130 ch couplé à deux machines électriques, la première de 68 ch assure la propulsion électrique, l’autre fait office de générateur et pilote la boîte automatique à crabots offrant 15 combinaisons de fonctionnement. Une batterie de 2 kWh (400 V) complète le système, dispensant, c’est l’un de ses atouts, de se brancher sur le secteur.
Les accumulateurs se rechargent très vite en roulant. En ville, grâce aux nombreuses phases de décélération et de freinage qui ponctuent les trajets et qui permettent de récupérer de l’électricité, on se déplace près de 80 % du temps en électrique (moins de 50 km/h). Cela contribue à afficher des émissions de CO2 réduites (104 g/km). Grâce à une masse plus contenue qu’avec un hybride rechargeable, l’Austral tire son épingle du jeu en matière de sobriété avec une consommation qui n’excède pas 6,2 l/100 km en usage intensif. Avec 200 ch, le conducteur dispose ainsi d’un bon niveau de performance et de reprises - 5,6 secondes pour passer de 80 à 120 km/h - et d’un agrément élevé. Un bémol toutefois: à froid, l’emballement pendant quelques secondes du 3-cylindres pour charger la batterie est un peu caricatural.
Au volant de l’Austral, on appréciera de pouvoir gérer le niveau de récupération à l’aide des palettes au volant et de disposer avec le mode Sport d’une réactivité supérieure de la boîte. Enfin, cela fait tout le sel de ce SUV: la présence de roues arrière directrices. On ne peut que féliciter Renault d’avoir ressorti de ses cartons cet équipement que l’Austral est le seul véhicule de sa catégorie à proposer. Il lui assure une agilité au-dessus de la moyenne sur des routes sinueuses et facilite les manœuvres en ville en raison d’un rayon de braquage réduit. L’Austral coche toutes les cases pour effectuer une belle carrière.
Fiche technique
Moteurs: 3-cyl. essence turbo de 1 199 cm3 + 2 moteurs électriques
Puissance: 130 ch (cumulée: 200 ch)
Couple: 205 Nm à 1 750 tr/min
Transmission: Traction, Boîte automatique à crabots
Dimensions (L/l/h): 4 510 x 1 843 x 1 618 mm
Coffre: 430 litres
Poids: 1 517 kg
Performances (0-100 km/h): 8,4 secondes
Vitesse: 175 km/h
Consommation (Mixte UE): 4,6 l/100 km
Emissions CO2: 104 g/km
Prix: à partir de 40 700 €