Syndrome de l'intestin irritable : 6 idées fausses très répandues

Parce qu'il ne provoque pas de lésion organique, n'augmente pas le risque de développer un cancer ou une maladie inflammatoire, ni ne raccourcit notre espérance de vie, le syndrome de l'intestin irritable (SII) est considéré comme une maladie bénigne. Générant des spasmes, ballonnements, brûlures et gonflements abdominaux, une constipation ou des diarrhées et des gaz en excès, celui que l'on appelle aussi colopathie fonctionnelle peut pourtant largement nuire à notre qualité de vie. Par crainte de souffrir, il est fréquent que l'on se prive d'un certain nombre de plaisirs, comme de dîner au restaurant. Mieux connaître ses déclencheurs et adopter certains comportements au quotidien peut heureusement contribuer à le soulager.

Syndrome de l'intestin irritable : 4 façons de le soulager sans médicaments

• Un régime pauvre en FODMAPs. Ce régime consiste à minorer au maximum notre consommation de FODMAPs, à savoir les aliments contenant des glucides à chaîne courte dits « fermentescibles » qui ont un impact négatif sur les bactéries du côlon (on compte, entre autres, parmi eux le lait, les produits à base de blé, le chou-fleur et les petits pois). Cette diète se révèle efficace chez environ trois quarts des personnes qui la testent. Elle s'adopte en plusieurs phases. La première, étalée sur deux à quatre semaines, consiste à exclure les mets incriminés pour faire cesser les symptômes. Puis on les réintroduira progressivement entre les repas ; le but étant de déterminer jusqu'à quel seuil peut-on les supporter.
• La prise de probiotiques.  De multiples études scientifiques ont conclu à l'efficacité modérée, mais réelle des probiotiques comme le Lactobacillus casei, le Bifidobacterium longum et le Lactobacillus acidophilus, que l'on trouve naturellement dans des aliments comme le yaourt et que l'on peut acheter sous forme de compléments alimentaires en pharmacie. Ils contiennent, en effet, des micro-organismes qui contribuent à rétablir l'équilibre de la flore intestinale et à combattre les bactéries pathogènes qui agressent le système digestif. Leurs bienfaits sont spécifiquement observés sur les ballonnements et les flatulences.
• L'ostéopathie.  Elle peut largement minorer les symptômes du syndrome de l'intestin irritable et la fatigue qu'il entraîne. Après un bilan durant lequel le praticien interroge le patient sur la fréquence et les caractéristiques de ses crises et sur ses habitudes alimentaires, l'ostéopathe effectue des manipulations au niveau des différents viscères, tout particulièrement au niveau du côlon, afin de restaurer leur élasticité et redonner des contractions normales aux muscles de la paroi de l'intestin. Trop soutenue, cette activité suscite des diarrhées. Trop lente, elle est susceptible d'installer une constipation.
• L'hypnose. Cette technique peut apporter un aide véritable, à la fois pour calmer les douleurs et réduire le stress, qui est l'un des paramètres favorisant le syndrome de l'intestin irritable. Réalisé auprès de 354 personnes, un essai randomisé a témoigné du fait que 40 % des patients suivis en hypnothérapie individuelle et 33 % de ceux qui participaient à des séances d'hypnose de groupe ont été très soulagés par le protocole qu'ils avaient intégré. Ces effets positifs ont perduré pendant les 9 fois durant lesquels s'est déroulée l'étude.

Le syndrome de l'intestin irritable est uniquement dû au stressFAUX Il peut accentuer les symptômes, mais ne peut pas être la cause unique, car, ce trouble est multifactoriel. Le psychisme pèse d'abord dans la balance. « On retrouve fréquemment chez les personnes touchées des antécédents traumatiques d'agression ou de chocs affectifs »,explique le Pr François Mion, gastro-entérologue. Les perturbations du microbiote, c'est-à-dire de l'ensemble des bactéries, levures, champignons et virus qu'abritent nos intestins, un dysfonctionnement de la motricité du tube digestif et l'hypersensibilité viscérale contribuent également souvent à ce phénomène. Le fait de consommer des aliments ultra transformés peut enfin l'aggraver. « Ils contiennent des antigènes qui modifient la barrière intestinale. »

Les examens d'imagerie médicale et les analyses biologiques permettent de formuler un diagnosticFAUX Malheureusement, il n'y a pas de marqueur biologique ou de signe radiologique qui permette de confirmer ou d'infirmer la présence du syndrome de l'intestin irritable. « Si tout est normal à ces niveaux-là, le diagnostic est posé après un interrogatoire clinique, par élimination d'autres pathologies »,détaille notre expert.

Le traitement des symptômes est purement médicamenteuxFAUX Des travaux scientifiques récents démontrent l'intérêt d'une démarche médicale pluridisciplinaire. « On peut, ou non, utiliser des médicaments, mais il faut en tous cas les associer à des prises en charge diététique et psychoémotionnelle. » L'hypnose et la méditation sont ainsi des voies thérapeutiques à privilégier, car elles minorent les symptômes et abaissent la perception de la douleur.

Le syndrome de l'intestin irritable et la maladie cœliaque, c'est pareilFAUX Si le syndrome de l'intestin irritable et la maladie cœliaque ont des symptômes en commun, ils n'ont pas la même origine. Cette dernière, causée par l'intolérance au gluten (protéine contenue dans les produits céréaliers provoquant une inflammation puis la destruction des villosités qui tapissent l'intestin et conduisant à terme à une mauvaise absorption des nutriments), est de nature auto-immune. Dans ses formes les plus sévères, elle est à la source d'atteintes neurologiques, d'hémorragies et de lésions du foie et des voies biliaires. On la détecte via un test sérologique.

Les manifestations du syndrome de l'intestin irritable sont uniquement digestivesFAUX Si le gros des douleurs ressenties est localisé au niveau de l'abdomen ou le long du trajet du colon, les personnes qui sont concernées par le syndrome de l'intestin irritable souffrent parfois aussi de céphalées plus ou moins violentes, d'un épuisement pouvant aller jusqu'à la fibromyalgie ou la dépression, de problèmes gynécologiques, urinaires, articulaires et musculaires et de bouffées de chaleur.

UN PROBLÈME 4 SOLUTIONS 1.

Notre expert : Pr François Mion, gastro-entérologue et hépatologue, chef du service d'explorations fonctionnelles digestives au CHU de Lyon, auteur de Syndrome de l'intestin irritable (éd. Mango)

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