Un maillot arc-en-ciel. Pour couronner une saison déjà bien haute en couleur pour Remco Evenepoel. Avec, comme point de départ, ses prouesses dans la péninsule ibérique. Comme déclic, la Doyenne. Comme point d'orgue, ses mois d'août et de septembre...
1. Tour d'Algarve
Cette victoire pour son premier jour de course, lors de la première étape du Tour de Valence, avait déjà annoncé la couleur. "Je savais que je devais attaquer dans la partie la plus difficile de la dernière ascension", avait-il avoué sur la ligne d'arrivée à Torralba del Pinar. Dans la foulée de sa deuxième place au général de la course à étapes espagnole, Evenepoel est resté dans les paysages ibériques pour prendre le départ du Tour d'Algarve, épreuve qu'il avait déjà remportée en 2020.
Au Portugal, Quick-Step Alpha Vinyl a rapidement imposé sa domination. Notamment par le biais de Fabio Jakobsen, vainqueur de deux des trois premières étapes. La quatrième, un contre-la-montre, a suffi au prodige de Schepdaal, spécialiste en la matière, pour creuser suffisamment d'écart sur ses rivaux (McNulty, Martinez, Hayter &co). "Des tours comme celui-ci sont parfaits pour mon développement en tant que coureur de classement", dira-t-il. Devin.
2. Liège-Bastogne-Liège
Suivront Tirreno-Adriatico (11e au général) et puis le Tour du Pays-basque (4e). Mais aussi, et surtout, son premier monument. La Doyenne a, à ses yeux et ceux de ses proches, constitué un fameux déclic pour le plus jeune vainqueur de l'épreuve. "C'est incroyable, nous avons deux ans d'avance sur l'agenda", a dit Patrick, le manager. "Ce jour-là, la pression est partie", a déclaré Patrick, le père, après-coup avec un peu plus de perspective.
Pour sa première sur Liège-Bastogne-Liège, Evenepoel a déposé tout le monde sur la Redoute pour rattraper les quelques échappés et passer la ligne en solo au Quai des Ardennes. Un exploit en solitaire long de 30 km. Dans l'ordre, Quinten Hermans et Wout van Aert ont dû se contenter du podium, avec 48 secondes de décalage sur coureur de chez Quick-Step Alpha Vinyl. "Remco était le plus fort", dira van Aert. "Vu ma chute (NdlR : au Tour de Lombardie), je devais être patient. L'an dernier, j'étais toujours stressé et jamais sûr de moi. Je n'étais pas le Remco que je voulais être. C'était une période difficile. M'imposer ici est un rêve."
3. Champion de Belgique du contre-la-montre
Après son succès final au Tour de Norvège, place à une de ses spécialités. Alors que van Aert fait une croix sur les championnats nationaux à Gavere en raison d'une blessure au genou, Evenepoel termine devant les autres favoris du contre-la-montre, Yves Lampaert et Victor Campenaerts qui évoluait, lui, à domicile. Après le bronze en 2019 et l'argent en 2021, le coureur de Schepdaal décroche l'or sur ce parcours long de 34,8 kilomètres. "Chaque titre est important pour un coureur de contre-la-montre", a expliqué le vainqueur. "C'est un travail dur sur le vélo et pas toujours agréable. C'est mon deuxième titre dans la discipline après ma victoire aux championnats d'Europe."
Il a même dû digérer le fait d'avoir perdu son bidon tout au début de son effort. "Le plan était de boire deux fois par tour (NdlR : onze tours étaient prévus). J'ai été contraint de le faire sans boire du coup. J'ai senti la déshydratation. C'était difficile, mais j'ai vite tourné le bouton."
4. La ClasicaSan Sebastian
En guise de préparation pour la Vuelta, Evenepoel a décidé de partir en stage d'altitude à Livigno jusqu'à la mi-juillet. La seule course qu'il disputera entre son séjour dans le nord de l'Italie et le Tour d'Espagne ? La Clasica San Sebastian, épreuve qui lui tient évidemment à coeur, lui qui l'avait déjà gagnée en 2019. Là encore, histoire de mettre en évidence ses talents en matière d'effort solitaire, le protégé de Patrick Lefevere s'en ira, en cavalier seul, à 45 km de l'arrivée. Sa marque de fabrique. Au bout de ce énième solo phénoménal, Remco est prêt pour le plat principal. "Je suis clairement très bon quand je suis frais", confiera-t-il. "Et je veux commencer de manière la plus fraîche possible au Tour d'Espagne."
5. La Vuelta
Le grand objectif de sa saison. "Si je vise le podium ? Je serais déjà content avec un top 10", déclarera-t-il à quelques jours du grand départ d'Utrecht. Après la sixième journée de course, la première en montagne (lors de laquelle Jay Vine a levé les bras), Evenepoel avait déjà endossé le rouge, Enric Mas étant le seul capable de le suivre parmi le groupe des favoris. La 10e étape, un contre-la-montre, permet Remco de remporter sa première étape sur un grand tour et de creuser encore davantage l'écart sur Primoz Roglic et Mas. Le champion olympique a mis 48 secondes de plus pour faire le trajet entre Elche et Alicante, l'Espagnol 1:51.
Malgré sa chute lors du week-end de la deuxième semaine et l'abandon de son coéquipier Julian Alaphilippe, le coureur de chez Quick-Step Alpha Vinyl a tenu bon lors de la dernière semaine face aux offensives de Roglic et de Mas. Si le Slovène a fini par abandonner au matin de la 17e étape en raison des lourdes séquelles d'une chute la veille, celui qui finira son dauphin verra Remco s'envoler vers la victoire finale. Mais avant d'arriver à Madrid en rouge, il a encore été question de mettre les points sur les "i" lors de la 18e étape qu'Evenepoel a enlevée. Histoire de glorifier un peu plus le fait d'être devenu le premier Belge à remporter un grand tour depuis 44 ans (et Johan de Muynck au Giro en 1978).