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Le béguinage d’Anderlecht, tout juste restauré : portrait d'un lieu petit, banal, unique

"Aussi banal fut-il par le passé, aussi exceptionnel est-il devenu", lâche Paulo Charruadas, conseiller historique (ULB), résumant ainsi l'histoire du béguinage d'Anderlecht, que le public a pu (re) découvrir aux journées du patrimoine et qu'il aura l'occasion d'arpenter en attendant que le lieu ne retrouve sa fonction de musée à l'automne 2023.

Quand on pense béguinage, on pense évidemment à ces lieux hors du temps, comme des villes dans les villes (Bruges, Louvain, Diest ou Lierre…), inscrits au patrimoine de l'humanité. "Ces grands béguinages étaient rares alors. Il faut bien se dire qu'au Moyen Âge, des béguinages, il y en avait absolument dans tous les villages. Ce mouvement, né du côté de Liège, a rayonné à travers l'Europe mais ne s'est maintenu que dans la Flandre actuelle, l'Église ne voyant pas d'un bon œil, dans d'autres contrées, ces femmes qui se mettaient au service de Dieu sans entrer dans les ordres. En Flandre, au contraire, les couvents et les évêques encadreront le mouvement et prendront les béguines sous leur protection. À Anderlecht, on sait par l'acte de fondation daté de 1252 que c'est le doyen du chapitre qui a donné l'enclos béguinal (verger et logis) aux béguines, et les place sous la protection et la supervision des chanoines. Pour assurer leur subsistance, elles devront travailler. Le caractère remarquable de ce béguinage est conféré par la riche documentation dont on dispose, en particulier à partir du XV e siècle. On sait par exemple qu'il a accueilli un maximum de huit béguines ; le chapitre invitait les béguines éparpillées dans les campagnes à venir se mettre sous sa protection. Les autres béguinages de campagne, aussi modestes que celui d'Anderlecht, se sont perdus dans les méandres de l'histoire, faute d'en avoir des traces écrites ou des vestiges de bâtiments.

Extérieurement, le béguinage anderlechtois se compose de deux corps, datant du XVIIIe siècle. "L'un des deux est sans surprise. Également construit en briques et pierres, le second, en revanche, est venu comme envelopper un bâtiment précédent, daté du XVe siècle (1435-1460). Dès 2010, lors des études préalables à la restauration, on a mené des décapages ponctuels et des observations des éléments de charpente. Mes collègues et moi avons été frappés par des éléments en pans de bois - des murs en colombage. On s'est demandé s'il n'existait pas des éléments plus anciens conservés au sein du bâtiment du XVIIIe. À l'étage, on s'est rendu compte qu'il y avait un bâtiment conservé à l'intérieur, sa charpente étant conservée. En gros, les bâtisseurs modernes ont utilisé un des murs en pans de bois comme mur extérieur tandis que deux autres sont devenus des murs de séparations intérieures."

À l'étage, la charpente ancienne est donc visible : "En plaçant la main sur le bois, on constate qu'on a pris le tronc courbe d'un arbre du verger, qu'on a simplement fendu en deux. On a donc ici un témoignage incroyable de comment étaient construites les masures de l'époque."

Ce béguinage a vu le jour en 1252, soit deux ans après celui de Bruxelles (rasé au XIXe siècle). Il accueillera des béguines jusqu’à la Révolution française puis servira d’hospice et de logement pour femmes indigentes jusqu’à sa fermeture en 1928.

Rue du Chapelain 8 à 1070 Anderlecht.

www.erasmushouse.museum
Ouvert chaque 1er dimanche du mois de 10 à 18h ou sur R-V.