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Pourquoi l’Agneau a-t-il quitté le tableau de Van Eyck ?

Ambiance polar aux Rencontres de Huy. Comment faire lorsque l'agneau a disparu du célèbre tableau de Van Eyck ? Deborah Marchal, bien perchée, va mener l'enquête grâce à son approche physique et clownesque du théâtre de mouvement, tout en rigueur, respiration et comique de précision, dans une mise en scène radicale et millimétrée de Audrey Dero. Autant d'ingrédients qui complètent la palette d'une comédienne, comme les couleurs, camaïeux ou sfumatos, celle du peintre. Lagneau de Pudding ASBL et du 4 Haut théâtre, connu pour son approche déjantée en jeune public, vient encore de le rappeler avec maestro. Et surtout avec un humour et une dérision auxquels les enfants sont sensibles.

Déjà joué devant une septantaine de classes en Flandre, ce projet a vu le jour suite à une commande du MSK de Gand à Audrey Dero à l'occasion de Van Eyck. Un Révolution optique. Le spectacle devait se jouer dans le musée pour les enfants pendant que les parents visitaient l'exposition. Malheureusement, le covid étant passé par là, la plus grande exposition consacrée au peintre flamand a fermé ses portes plus tôt que prévu.

Expressions inimitables

Pourquoi l’Agneau a-t-il quitté le tableau de Van Eyck ?
©emma de witte

Avec sa bouille et ses expressions inimitables, Deborah Marchal – au talent incontestable et également puissante dans Norman, c'est comme Normal à une lettre près - se pique de raconter la vie de "Janetje", la patience et l'exigence de son travail pour réaliser L'Adoration de l'Agneau mystique (1432) , véritable chef-d'oeuvre de la peinture primitive flamande qui vient d'être restauré et qui continue à drainer des milliers de personnes à la Cathédrale Saint-Bavon à Gand.

Assise sur un élément du décor, la comédienne souffle sur son baffle pour donner corps et puissance à la musique sacrée, prémices d'un réel travail sonore. Deux rouleaux de papier de toilette coincés sous un fichu et la voici devenue religieuse, prête à déployer le polyptique peint sur bois. Soudain, son œil droit salue le gauche. Instant d’anomalie qui suscite le rire. La salle est conquise. Avant d’être confrontée à la fuite de l’Agneau mystique.

Dès que la comédienne retourne les panneaux et constate l’inquiétante disparition de l’animal, qui a préféré s’en aller gambader et bêler ailleurs, surgit l’univers plastique de Sarah Yu Zeebroek qui vient se mêler à celui des frères Van Eyck.

S’y côtoient, en noir et blanc, cette fois, un ours jongleur, un chat sautillant, une fourmi géante ou un kangourou hardi. L’agneau s’y nichera-t-il ? Seuls ceux qui franchiront la porte du théâtre le sauront. Et se féliciteront d’avoir fait le bon choix et d’avoir permis aux enfants de rencontrer le beau, l'art et l’intelligent dès le plus jeune âge.