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Tensions à Taïwan: dernier jour des vastes manoeuvres militaires chinoises autour de Taïwan

Publié le dimanche 7 Août 2022 à 18h59

Par Sudinfo avec AFP

La Chine bouclait dimanche ses plus grandes manoeuvres militaires jamais effectuées autour de Taïwan, une réaction de colère à la visite sur cette île de la présidente américaine de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, qui a fait plonger les relations entre Pékin et Washington au plus bas depuis des années.

Numéro trois dans la hiérarchie du pouvoir aux Etats-Unis, Mme Pelosi a déclenché la fureur de la Chine avec sa visite mardi et mercredi, la plus importante d’un élu américain à Taïwan en 25 ans. Pékin, qui considère ce territoire comme l’une de ses provinces, a réagi en suspendant une série de discussions et de coopérations sino-américaines, notamment sur le changement climatique et la défense.

L’armée chinoise a aussi entamé autour de Taïwan les plus impressionnants exercices militaires de son histoire, envoyant avions de chasse, navires de guerre et missiles balistiques dans ce que les analystes considèrent comme une simulation de blocus et d’invasion de l’île.

Dimanche, elle a procédé à « des exercices pratiques conjoints en mer et dans l’espace aérien entourant l’île de Taïwan, comme prévu », a déclaré son commandement Est, qui chapeaute l’espace maritime oriental de la Chine – et donc Taïwan.

Ceux-ci visaient à « tester la puissance de feu conjointe sur le terrain et les capacités de frappe aérienne de longue portée », a-t-il ajouté.

Ces vastes manoeuvres devaient s’achever à la mi-journée, mais ni Pékin ni Taipei n’ont confirmé qu’elles étaient terminées. La Chine compte en outre effectuer de nouveaux exercices « à tir réel » jusqu’au 15 août dans la mer Jaune, qui sépare la Chine de la péninsule coréenne.

Le ministère taïwanais de la Défense a confirmé que la Chine avait déployé « des avions, des navires et des drones » autour du détroit, « pour simuler des attaques contre l’île principale de Taïwan et contre des bateaux dans nos eaux ».

Le ministère a dénombré 66 avions et 14 navires opérant dans le détroit qui sépare la Chine continentale de Taïwan, dont 22 ont traversé la ligne médiane, qui coupe en deux cet espace maritime.

Tracée unilatéralement par les Etats-Unis pendant la Guerre froide, cette ligne n’a jamais été reconnue par Pékin.

La Chine a aussi envoyé un drone survoler l’île taïwanaise de Kinmen, située à une dizaine de kilomètres de la ville chinoise de Xiamen, obligeant l’armée taïwanaise à tirer des fusées éclairantes, selon les autorités locales.

Le ministère taïwanais des Transports a annoncé qu’à midi, six des sept « zones temporaires de danger » que la Chine avait demandé aux compagnies aériennes d’éviter étaient revenues à la normale, un indice selon lequel les exercices touchaient à leur fin.

« Les vols et les navigations concernés peuvent reprendre progressivement », a-t-il précisé.

La septième zone, dans les eaux à l’est de Taïwan, restera à contourner jusqu’à lundi à 10H00 (02H00 GMT), selon la même source.

Côté chinois, le ministère de la Défense n’a pas répondu à une demande de confirmation de la fin des manoeuvres.

Pour prouver à quel point elle s’était approchée des côtes taïwanaises, l’armée chinoise a diffusé samedi une photo prise selon elle à partir d’un de ses navires de guerre, où l’on voit un bâtiment de la marine taïwanaise à quelques centaines de mètres seulement.

Ce cliché pourrait être le plus proche du littoral taïwanais jamais pris par les forces de Chine continentale.

L’armée chinoise a également rendu publique la vidéo d’un de ses pilotes de chasse montrant, de sa cabine de pilotage en plein vol, le littoral et les montagnes de Taïwan.

Selon la télévision publique chinoise CCTV, des missiles ont survolé Taïwan cette semaine pendant les manoeuvres autour de l’île – ce qui constituerait une première.

Côté taïwanais, le Premier ministre Su Tseng-chang, a estimé dimanche que la Chine « utilisait l’action militaire de façon barbare » afin de perturber la paix dans le détroit de Taïwan.

« Nous appelons le gouvernement chinois à ne pas brandir sa force militaire, à ne pas montrer ses muscles partout pour mettre en danger la paix de la région », a-t-il dit devant la presse.

Le ministère taïwanais des Affaires étrangères a estimé quant à lui que les manoeuvres menaçaient « la région et même le monde ».

Par ailleurs, un éditorial anonyme publié dimanche par CCTV a laissé entendre que d’autres exercices « réguliers » seraient organisés du côté est de la ligne médiane.

Plusieurs experts ont expliqué que ces manoeuvres servaient d’avertissement : l’armée chinoise semble désormais en mesure de mettre en place un blocus total de l’île et d’empêcher les forces américaines de lui venir en aide.

« Dans certains domaines, ses capacités dépassent peut-être même celles des Etats-Unis », note Grant Newsham, un ex-officier de la marine américaine et chercheur au Japan Forum for Strategic Studies.

Si « les Américains et les Japonais n’interviennent pas, les choses seront très difficiles pour Taïwan », estime-t-il.

L’ampleur des manoeuvres et la décision de Pékin de se retirer de dialogues bilatéraux cruciaux sur le climat et la défense ont déclenché une pluie de condamnations par les Etats-Unis et leurs alliés.

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a dénoncé samedi à Manille la « disproportion totale » de la réaction chinoise.

La Chine ne devrait pas prendre en « otage » les discussions sur des questions telles que le changement climatique car cela « ne punit pas les Etats-Unis, mais le monde entier », a-t-il ajouté.

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