Burkina Faso
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RETRAIT ANNONCE DES TROUPES IVOIRIENNES ET BRITANNIQUES DU MALI : L’occasion pour Bamako de s’assumer


Est-ce le chant du cygne pour la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), créée par la résolution 2100 du Conseil de sécurité du 25 avril 2013 ? Il est difficile de ne pas le croire avec l’annonce du retrait du Mali, des troupes britanniques déployées dans le cadre de la MINUSMA, suivie immédiatement de celle du départ sans renouvellement des troupes ivoiriennes. Quand on sait qu’après le départ de Barkhane, plusieurs autres nations comme la Suède, l’Allemagne, le Danemark et le Bénin avaient annoncé le départ de leurs troupes, l’on ne peut que se conforter dans l’idée de l’imminence de la fin de la présence des Casques bleus au pays d’Assimi Goïta. Qu’est-ce qui peut expliquer ce retrait en cascade des alliés de Bamako dans la lutte contre le terrorisme alors que le combat contre les groupes armés est loin d’être gagné? Officiellement, Londres, à travers la voix du ministre délégué aux Armées, James Heappey, dénonce les « deux coups d’Etat en trois ans » qui « ont miné les efforts internationaux pour parvenir à la paix ».

La diplomatie souterraine française a peut-être fait ses effets

Le porte-parole du gouvernement anglais accuse également le régime de Bamako, de recourir aux mercenaires russes de Wagner et en tire les conséquences en des termes, on ne peut plus clairs : la Grande Bretagne « ne peut pas déployer son armée dans un pays dont le gouvernement n’est pas enclin à œuvrer pour la stabilité et la sécurité ». Ces raisons ressemblent à « du déjà entendu » par Bamako. Car ce sont exactement les mêmes griefs qui ont été à l’origine de la pomme de discorde avec Paris qui a aussi été contrainte de plier bagage. Cette accointance n’est pas gratuite car l’on imagine difficilement que la France qui a mobilisé les Européens au chevet du Mali et qui, finalement, a été récompensée en monnaie de singe par les autorités maliennes, soit restée les bras croisés face à l’humiliation qu’elle a subie. La diplomatie souterraine française a peut-être fait ses effets et cela sans même forcer son talent dans la mesure où le départ de la force Barkhane qui assurait la couverture aérienne des opérations de la MINUSMA, exposait les soldats britanniques à plus de dangers. Et dans la liste des arguments officieux qui ont milité en faveur de la décision des autorités anglaises, il y a toujours le risque, pour le Royaume-Uni, de subir le même sort que la France car comme dit la Bible « si l’on traite ainsi le bois vert, quand sera-t-il du bois mort ? » Enfin, l’on peut voir, dans ce retrait annoncé des troupes britanniques du Mali, l’une des manifestations de la guerre froide qui se joue dans la guerre en Ukraine entre les Occidentaux et les Russes. Bamako ayant choisi son camp, il ne restait plus pour Londres qu’à en tirer toutes les conséquences.  Quant à la Côte d’Ivoire, même si elle n’envoie aucune raison officielle pour justifier le fait que « la relève de la compagnie de protection basée à Mopti ainsi que le déploiement des officiers d’Etat-major et des officiers de Police, prévus respectivement en octobre et en novembre 2002, ne pourront plus être effectués », l’on ne peut s’empêcher d’y voir les conséquences de la grave et longue crise diplomatique avec le Mali sur l’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés et incarcérés à Bamako.

Le départ des troupes étrangères, ajoutera à l’isolement diplomatique du Mali

Cette crise est elle-même la conséquence d’un désamour profond sur fond de clivages idéologiques  entre Abidjan et Bamako et dont l’une des manifestations a été l’embargo économique qui a largement pesé sur l’économie malienne. Cela dit, quel impact peuvent avoir ces retraits annoncés de troupes militaires pour le Mali ? Sauf à nier l’évidence, le retrait des soldats britanniques et ivoiriens, pèsera lourdement dans l’équilibre des forces engagées sur le front au Mali. En effet, les soldats britanniques ne comptaient pas pour du beurre dans la lutte contre les groupes armés au pays de Soundiata Kéita. Composé de 300 militaires, le contingent britannique, à ce que l’on dit, était hautement équipé et n’hésitait pas à aller au charbon, occasionnant ainsi de nombreuses victoires. La perte d’un tel allié ne peut que se solder par l’accroissement de la pression de l’ennemi sur les troupes restantes avec les risques bien connus. Par ailleurs, le départ des troupes étrangères, ajoutera à l’isolement diplomatique du Mali avec de lourdes conséquences politiques,  économiques et sociales. L’on sait, en effet, que pas plus tard que la semaine dernière, les populations de Gao étaient dans la rue pour réclamer plus de sécurité.  Il est donc certain que Bamako a des soucis à se faire mais elle ne peut s’en prendre véritablement qu’à elle-même. Et pour cause. La junte militaire au pouvoir récolte les conséquences de son populisme. Usant de la lutte contre l’impérialisme comme monnaie politique qui, jusque-là, lui a permis  de se maintenir au pouvoir, le régime militaire de Bamako a sans nul doute oublié qu’à trop tirer sur la corde, elle finit par se casser. Mais comme on le dit, à quelque chose, malheur est bon. Car, Assimi Goïta et ses compagnons d’armes ont là une occasion d’assumer pleinement la souveraineté du Mali en offrant aux populations, des discours anti-impérialistes mais aussi la sécurité à laquelle elles aspirent de tous leurs vœux.

« Le Pays »