Burkina Faso
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SUSPENSION DE L’AIDE HUMANITAIRE FRANCAISE PAR BAMAKO  : Attention à l’effet boomerang !


Dans une annonce faite le 21 novembre dernier, la junte malienne a décidé de l’interdiction des activités des ONG financées par la France. Une  décision qui,  on le sait, est une  réplique  à la mesure prise par Paris, une semaine avant,  c’est-à-dire  le 16 novembre 2022, de suspendre son aide publique au développement à destination de Bamako. Une réplique qui, comme on le constate, est une  réponse  du berger à la bergère. La junte malienne  a tout le  temps brandi le  respect de sa souveraineté et le  respect des choix de ses partenaires et des choix stratégiques opérés. C’est une décision courageuse. Toutefois, en décidant de se passer des aides à lui apporter par l’ensemble des partenaires qu’elle ne veut plus voir sur son sol, a-t-elle mesuré tous les risques qu’elle encourt ? La crise sécuritaire ne risque-t-elle pas de  s’aggraver et provoquer une crise humanitaire sans précédent ? Bamako ne  craint-elle pas  un effet boomerang  de cette décision quand on sait que la  conjugaison de ces deux crises  risque certainement  de compliquer la situation sur le terrain ? Cette mesure qui ne sera pas sans conséquences va certainement pousser les autorités maliennes  à mettre  en place  des dispositifs   pour combler le vide laissé par tous ces partenaires qui   l’assistaient.

La junte malienne gagnerait à  mettre balle à terre

Mais sur quoi s’appuie Bamako  pour se  mettre ainsi à dos  cette  communauté internationale qui  l’a toujours  accompagnée   pour une sortie de crise ? Le Mali est  certes  dans son bon  droit de brandir sa souveraineté,  de refuser  toute forme d’aide s’il estime que le partenaire d’en face n’est pas sincère. Mais dispose-t-il de moyens suffisants pour rejeter en bloc  tout ce qui  peut aider les braves populations maliennes bénéficiaires  des aides  destinées   à les sortir de la précarité ? En tous les cas, aucun pays au monde ne peut vivre  en autarcie. Du reste, 60% du territoire malien échappe au  contrôle de l’armée malienne  malgré la présence des supplétifs russes de Wagner. De nombreuses populations maliennes victimes de la crise sécuritaire, sont   obligées de fuir leur zone  au profit d’autres zones plus sécurisées. Cette décision  de retrait,  si elle venait à être mise  en vigueur,  ferait  sans doute du mal aux  braves populations qui,  non seulement courent le risque  de tomber sous les balles assassines des terroristes,  mais aussi,  de mourir de  faim  faute de vivres. Au nom des populations dont elle  prétend défendre les intérêts, la junte malienne gagnerait à  mettre balle à terre et à se tourner résolument vers la réconciliation et la reprise  du dialogue avec ses partenaires.

Ben Issa TRAORE