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2,5 milliards d’euros : « le pognon de dingue » qu'ont coûté les consultants en 2021

Un montant de 2,5 milliards d’euros. C’est l’argent dépensé par l’État en 2021 auprès de consultants privés : cabinets de conseil en stratégie, prestations informatiques, communication… « Des pans entiers des politiques publiques sont délégués à des consultants qui n’ont aucune légitimité démocratique », dénonçait il y a un an la sénatrice communiste Éliane Assassi.

La commission d’enquête parlementaire dont elle a été rapporteure entre fin 2021 et début 2022, présidée par l’élu LR Arnaud Bazin, avait révélé ce « phénomène tentaculaire et opaque », renommé « scandale McKinsey », du nom d’un cabinet de conseil devenu emblématique de ces recours au privé.

Les sénateurs avaient évalué à environ 1 milliard d’euros la somme dépensée auprès de ces prestataires (hors informatique). Un chiffre confirmé par l’Inspection générale des finances, dans un rapport daté de janvier dernier. En ajoutant les prestations intellectuelles informatiques, d’un coût de 1,5 milliard d’euros, ce sont donc 2,5 milliards d’euros que les ministères ont sorti de leurs poches pour recourir à des consultants extérieurs. Une enveloppe qui a augmenté de 329 % en six ans. Cette évolution spectaculaire s’applique aussi pour le seul recours aux cabinets en stratégie, comme McKinsey, avec une hausse de 1 100 %, la facture passant de 10,4 millions d’euros en 2015 à 128,9 millions en 2021.

500 000 euros facturé en 2020 par McKinsey pour organiser un colloque sur l’éducation qui n’a jamais eu lieu

Ces recours suscitent l’indignation notamment à cause de leur utilité plus que contestable. Comme le contrat à 500 000 euros facturé en 2020 par McKinsey pour organiser un colloque sur l’éducation qui n’a jamais eu lieu. En outre, l’Inspection générale des finances souligne que, parallèlement à cette explosion de dépenses en conseils, la masse salariale de l’État n’a augmenté que de « 2 % en moyenne par an ». Des cabinets privés plutôt que des fonctionnaires, avec pour résultat une hausse des dépenses et une baisse de la qualité du service public.

De plus, ce « pognon de dingue », comme le nomme Éliane Assassi, versé aux consultants privés, sert parfois à chercher comment réduire les dépenses dans le public... Comme lorsque le cabinet Accenture a été mandaté, en 2021, dans l’objectif de réaliser 800 millions d’euros d’économies sur les services de l’État…

En plein scandale, les ministres auditionnés fin 2021 par la commission d’enquête avaient promis de baisser la voilure en 2022. Selon les premiers chiffres de l’Inspection générale des finances, les dépenses en conseils stratégiques de type McKinsey ont été effectivement réduites « en moyenne de près de 35 % par rapport à 2021 ». Mais le « recours quasi-systématique aux consultants extérieurs », dénoncé par la commission d’enquête, semble toujours de rigueur.

Les travaux des sénateurs avaient abouti, en octobre 2022, à une proposition de loi afin de permettre plus de transparence, un meilleur contrôle de ces recours et un renforcement de leurs obligations déontologiques. Après un vote majoritaire à la chambre haute, le gouvernement a promis d’intégrer  « rapidement » le texte à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Cinq mois plus tard, ce dernier n’a toujours pas circulé.