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À Dublin, des chèvres pour lutter contre les incendies

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Même dans l'un des pays les plus pluvieux d'Europe, les incendies de forêt peuvent être ravageurs. Pendant l'été 2021, l'Irlande a lutté contre durant six semaines contre les feux propagés par une plante à fleurs, l'ajonc d'Europe. C'est dans la banlieue de Dublin, à Howth, que les flammes ont été les plus violentes; finalement, les brigades de pompiers mobilisées sur place sont parvenues à y mettre fin au prix d'efforts surhumains.

La municipalité de Howth a bien tenté de durcir la législation concernant l'allumage de feux durant l'été, et d'accompagner ces évolutions réglementaires de campagnes de communications destinées au grand public, mais cela ne semble pas suffisant. Favoriser la prévention, oui, mais renforcer la protection contre les feux de forêt semble également indispensable.

C'est ainsi qu'en septembre 2021, la mairie de Howth a annoncé qu'elle allait expérimenter un nouveau moyen de lutter contre les incendies. Avec des alliées inattendues: un troupeau de chèvres irlandaises, une espèce qui fut très répandue en Irlande jusqu'au milieu du XXe siècle avant de se faire plus rare en raison de l'importation d'autres races de chèvres et du déclin de l'agriculture traditionnelle.

L'idée est de réinvestir les landes de la région, dont la plupart ont été abandonnées en raison de l'urbanisation de la zone, et de leur redonner leur fonction d'antan. Les transformer en pâturages et laisser les chèvres brouter allègrement permettrait de réduire considérablement les risques de propagation des flammes. C'est la clé du projet triennal monté par Seán Carolan et l'équipe de la Old Irish Goat Society (OIGS), dont il est le directeur.

Il ne s'agit pas que de faire brouter les chèvres, mais également de compter sur leurs incroyables facultés de débroussaillage des buissons. Même les plus coriaces ne résistent pas à leurs cornes. L'idée est de leur permettre de vaquer par groupes de dix ou quinze dans les zones les plus touffues, et de les laisser procéder au nettoyage dont ces animaux ont le secret, de façon totalement écologique et à moindre coût.

Population croissante

Cet axe de travail n'est pas destiné à empêcher les départs de feu, mais à permettre aux pompiers d'intervenir plus rapidement afin de pouvoir circonscrire les flammes avec davantage d'efficacité. Les premiers mois de tests ont apparemment donné satisfaction, puisqu'à Howth, la cohorte est passée de 25 chèvres en 2021 à 70 chèvres en janvier 2023. Parmi elles, 27 femelles devraient mettre bas au printemps, ce qui permettra d'assurer le renouvellement progressif du troupeau.

Les animaux sont munis d'un traceur GPS qui permet de suivre leur piste et de faire retentir une alarme lorsqu'ils s'approchent trop près des frontières virtuellement tracées par l'OIGS. Pas de berger, pas de clôture : pendant un mois, les chèvres font leur vie en toute indépendance et sont surveillées à distance. Elles ont été entraînées à comprendre qu'une fois l'alarme déclenchée, elles avaient une vingtaine de secondes pour terminer ce qu'elles étaient en train de manger avant de vite revenir dans le périmètre autorisé. Un véritable bracelet électronique, en somme.

La recherche a montré qu'une telle méthode pouvait réellement permettre de réduire l'impact des incendies et de pouvoir optimiser la localisation des foyers. «En enlevant une grande partie de la biomasse végétale, on réduit la quantité de matières sèches qui peuvent s'accumuler», explique Christopher Johnson, expert en protection de la nature.

Convaincu des vertus de son projet, Seán Carolan insiste également sur la nécessité de réaliser «une compilation de données écologiques et des analyses secondaires des chèvres afin d'analyser en détail quels sont les véritables effets». Avec pour objectif de démocratiser autant que possible une telle méthode si les résultats sont vraiment convaincants.