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A la Fondation Louis Vuitton, confrontation de deux géants du paysagisme, Claude Monet et Joan Mitchell

« La Grande Vallée XIV » (1983), de Joan Mitchell.
JOAN MITCHELL FOUNDATION
Par Harry Bellet

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CritiqueL’établissement parisien réunit, dans une exposition exceptionnelle, des tableaux du maître impressionniste français et de la peintre américaine.

Dans une exposition, il y a ce qu’on voit, mais aussi ce qu’on ne voit pas. Ce que l’on voit à la Fondation Louis Vuitton, à Paris, ce sont dix-huit œuvres de Claude Monet (1840-1926) et une trentaine de Joan Mitchell (1925-1992) pour la partie qui les confronte, et une cinquantaine de plus pour la partie consacrée à la seule Américaine. Ce qu’on ne voit pas, c’est le travail qui a permis de les réunir. Il convient de saluer l’un comme l’autre : les équipes de la fondation ont réussi, sous la direction de Suzanne Pagé, deux petits exploits.

Le premier, c’est un accrochage de Joan Mitchell comme on n’en a jamais connu, sauf à être allé au Musée d’art moderne de San Francisco ou au Musée d’art de Baltimore, coorganisateurs de cette rétrospective. Le second n’est pas moins impressionnant : certes, la Fondation Louis Vuitton a bénéficié de l’aide du Musée Marmottan-Monet qui a prêté ses « Nymphéas », mais c’était un défi que de parvenir à réunir les trois panneaux de L’Agapanthe, peints entre 1915 et 1926 par Monet, dispersés dans trois musées américains (Cleveland, Saint Louis et Kansas City) et jamais remontrés ensemble en France jusqu’alors. Avec ses 12,80 mètres de long, ce triptyque rivalise avec les grands « Nymphéas » du Musée de l’Orangerie.

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On ajoutera l’autorisation exceptionnelle des prêteurs de désencadrer les Monet, ce qui permet de les voir pleinement et sans parasitage, et le rassemblement dans une seule salle de dix des vingt et un tableaux du cycle de « La Grande Vallée », peints par Mitchell entre 1983 et 1984, qui n’ont été jusqu’alors montrés ensemble que lors de l’exposition que lui consacra le galeriste Jean Fournier en 1984.

« L’Agapanthe » (1914-1926), de Claude Monet, huile sur toile.
« L’Agapanthe » (1914-1926), de Claude Monet, huile sur toile.

Tout ça pourquoi ? D’abord pour faire hurler post mortem la principale intéressée ! De son vivant, Joan Mitchell rabrouait – et le mot est faible car elle avait un fichu caractère – les malheureux qui osaient comparer son travail à celui de Monet. Parmi ses « influences », elle revendiquait plutôt Van Gogh (elle-même a peint des tournesols, mais géants), Cézanne et Matisse, dans cet ordre. Encore ne faut-il pas exclure ses contemporains, Willem de Kooning, Franz Kline et Philip Guston, qui avaient l’avantage sur les précédents de pouvoir boire avec elle un verre ou deux (souvent plus) à la Cedar Tavern, bar désormais mythique de New York.

Un inconscient qui aurait commis l’erreur d’insister, soulignant par exemple la proximité géographique de leurs ateliers respectifs de Vétheuil (Val-d’Oise) – où vécut Monet avant de s’installer à Giverny (Eure) –, se serait vu chasser illico, bombardé à coups de bouteilles vides, à moins qu’elle n’ait lâché sur lui ses bergers allemands qu’elle adorait, mais pas au point de leur interdire de croquer un critique d’art…

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