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A Montbron, le maraîcher aimerait passer la main

A Montbron, le maraîcher aimerait passer la main
Eric Quément avait racheté l’exploitation en 2004 pour y faire de l’horticulture. Il a pris le virage du maraîchage il y a 12 ans.

Photo R. T.

Par Richard TALLET - r.tallet@charentelibre.fr, publié le 2 octobre 2022 à 15h14.

À 55 ans, Philippe Quément voudrait revenir à son activité première, la production de fleurs séchées. Le maraîcher de Montbron est prêt à céder les six hectares qu’il cultive depuis 18 ans en face de l’usine Bricq.

Sur cette terre noire, tout pousse. Même la christophine. Ce légume tropical trouve la chaleur et l’humidité dont il a besoin. D’ailleurs, les serres où finissent de pousser les derniers haricots verts de la saison ont des allures de jungle. « On va arracher tout ça pour passer aux légumes d’hiver »,explique Philippe Quément. C’est...

Sur cette terre noire, tout pousse. Même la christophine. Ce légume tropical trouve la chaleur et l’humidité dont il a besoin. D’ailleurs, les serres où finissent de pousser les derniers haricots verts de la saison ont des allures de jungle. « On va arracher tout ça pour passer aux légumes d’hiver », explique Philippe Quément. C’est une période intense pour le maraîcher de Montbron. « C’est toujours comme ça au changement de saison. »

Cette terre fertile, il pense à la vendre. « J’ai aussi 100 hectares à Marillac. Je ne peux pas être ici et là-bas en même temps. » Et depuis 2004 qu’il a racheté ces six hectares dans la vallée de la Tardoire, juste en face de l’usine Bricq, il a un peu laissé la grande culture de côté pour se consacrer aux tomates, aubergines et courgettes.

« J’avais acheté ici pour faire de l’horticulture », rappelle l’agriculteur. Des plants et des plantes pour les jardineries notamment. « Mais il n’y a pas d’horizon. Alors j’ai pris le virage du maraîchage il y a 12 ans. Il y avait une demande des clients que je croisais sur les marchés. » L’ancien céréalier a découvert un rythme de travail plus intense. « Ça reste de la culture mais le maraîchage nécessite une présence presque quotidienne. »

J’aime ce que je fais mais je suis à un âge où il faut penser à demain.

Avec ses deux employés, « et quelques saisonniers », il gère la culture des légumes mais assure aussi la vente directe. « C’est ce que j’aime, j’ai plusieurs métiers dont commerçant. » Il montre le mur de briques de la « cabane » où est installé son bureau. « Je ne suis pas le premier, ici, c’était déjà un magasin de vente directe. » Sa boutique à lui est juste à côté. Un bâtiment simple qu’il a construit. On y trouve ses mini-poivrons, son persil, ses oignons. « 90 % de ce que je vends est produit ici, en dehors de fruits. »

Depuis 2004, il a aménagé des voies qui permettent aux clients d’arriver jusqu’au magasin. « Avant, il fallait laisser la voiture le long de la route », sourit-il. C’est lui aussi qui a monté les deux hectares de serre. Des investissements qu’il a du mal à estimer. « Tant que je n’ai pas d’acheteur, ça ne vaut rien », résume-t-il avec un brin de fatalité.

« J’aime ce que je fais mais je suis à un âge où il faut penser à demain. » Quand on demande si l’affaire tourne, il répond par une boutade en pointant sa silhouette rebondie : « Ça va, je ne suis pas trop maigre, on ne va pas se plaindre. »

Revenir à une culture intelligente

Le seul chiffre qu’il finit par avouer, c’est 80 tonnes. « Le poids des tomates produites en un an. » Il préfère réfléchir à comment enrichir sa terre sans engrais. En bordure d’un champ, il explique que cette année, il teste « une culture dérobée pour occuper le terrain cet hiver ». Il y a mis du radis chinois, une variété d’avoine et de la féverole, rien de mangeable mais un mélange qui capte l’azote et aéré la terre.

Il pense qu’il a eu raison de ne pas croire au bio et prône une culture raisonnée. « Le coût de l’énergie va obliger à revenir une culture intelligente. Les serres hollandaises chauffées pour produire des tomates toute l’année sont en train de fermer. Ici, vous ne trouverez pas de tomates avant mi-juin. »

S’il trouve l’acheteur, « j’ai envie de revenir à la production de plantes séchées », une des premières cultures qu’il a pratiquée au début de sa carrière.