France
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À Paris, un cortège massif sous pression

Emmanuel Macron dans un char d’assaut, roulant sur les manifestants tout en scandant : « Attention à vos pieds, la démocratie arrive ! » Pour Rose, cette caricature transformée en pancarte résume à elle seule la situation : « Ce gouvernement ne respecte rien, il faut le destituer ! tacle cette médecin libérale de 59 ans qui déplore de voir peu de confrères dans la rue. Cette casse du système social me rend dingue. Alors on continue, même si la répression policière m’inquiète. Mes yeux sont très fragiles et je risque de les perdre, même si je me prends du gaz lacrymogène… »

Lors de cette 10e journée d’action contre la réforme des retraites, les nombreux camions de police postés dans les rues adjacentes à la place de la République, à Paris, n’ont pas dissuadé près de 450 000 personnes, selon la CGT, moins que la semaine passée, de venir battre le pavé.

Alors qu’une recrudescence de colère sociale et de violences policières a émaillé les manifestations depuis le passage en force du 49.3, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a promis « un dispositif de sécurité inédit », dont 5 500 gendarmes et policiers dans la capitale.

« Ce ne sont pas les manifestants qui sèment la pagaille»

Cette haute surveillance et les nouveaux heurts qui se sont déroulés hier n’ont pas entamé la motivation de Cécile, 59 ans, cadre dans le secteur bancaire et militante à la CFE-CGC : « Ce ne sont pas les manifestants qui sèment la pagaille, estime-t-elle. Je ne défile pas pour moi, même si je risque de devoir travailler un an de plus, mais je pense aux gens qui ont des métiers pénibles et qui avaient tout planifié pour leur retraite. Je trouve ça dur.»

Dans sa combinaison intégrale orange, Christèle Khelf, secrétaire générale adjointe de la CFDT métallurgie, se déhanche sur de la musique pop. Elle souhaite que la contestation reste le plus possible festive. « Nous sommes dans un cul-de-sac, déplore-t-elle. Il faut que le gouvernement accepte de suspendre la réforme comme les syndicats l’ont demandé et se remette autour de la table. Nous avons autant de légitimé qu’eux sur ce sujet, comme nous représentons les salariés. Si on ne peut pas discuter, il faut craindre que la violence ne monte encore puissance, même si on ne la cautionne pas. »

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Autour d’un vendeur ambulant, Alice, Eva et Laurine sont en train d’acheter des sifflets aux couleurs du drapeau jamaïcain. « C’est peace and love », expliquent les trois étudiantes. Elles ont décidé de participer à la manifestation pour la première fois « pour défendre les droits humains » dans leur globalité : « Le recours du 49.3, le déni démocratique… ça forme un tout avec la question des retraites, même si on ne se sent pas vraiment concernées pour l’instant », explique Laurine, élève en deuxième année d’écologie.

Stopper la mobilisation n'est pas une option

Sa camarade Alice embraie : « Nous sommes aussi là en soutien aux salariés qui se sacrifient, comme les éboueurs (la CGT a annoncé la suspension du mouvement mercredi – NDLR). On doit être tous ensemble. On ne comprend pas d’ailleurs pourquoi les policiers sont contre nous, alors qu’ils devraient nous protéger. Eux aussi font partie du peuple. »

Pour tous, stopper la mobilisation n’est pas une option. Mickaël Bredon, aide-soignant et délégué syndical CGT à l’hôpital Émile-Roux à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), répète les arguments qui tombent sous le sens : « On n’ira jamais jusqu’à 64 ans, c’est une utopie. De très nombreux collègues qui n’ont pas une carrière complète partent avant. Certains d’entre nous ne savent plus quoi faire face au mépris du président de la République qui veut parler de tout avec nous… sauf du sujet principal. »