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« Abondance », de Jakob Guanzon : pas bien loin du bas de l’échelle sociale

Un premier roman concis et tendu sur la pauvreté aux Etats-Unis.

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« Abondance » (Abundance), de Jakob Guanzon, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Charles Bonnot, La Croisée, 336 p., 22 €, numérique 15 €.

Un père et son jeune fils errant au fin fond des Etats-Unis. Une mère disparue, des réserves de nourriture qui s’épuisent. Un environnement hostile et une seule obsession : survivre. Nous ne sommes pas dans La Route, de Cormac McCarthy (L’Olivier, 2008), mais dans Abondance, le premier roman de l’Américain Jakob Guanzon. Pas de postapocalypse ici, seulement une plongée dans l’Amé­rique des laissés-pour-compte – épopée, à bien des égards, tout aussi terrifiante.

Dans un Midwest plat comme l’avenir qui attend nombre de ses habitants, ces marginaux se sont enfoncés dans la misère, aspirés par ses sables mouvants. Henry, 26 ans, vient d’en passer cinq en prison pour trafic de médicaments. Après sa sortie, Michelle, sa compagne, a abandonné leur mobil-home, le laissant seul avec leur fils de 8 ans, Junior, un garçon introverti qu’il peine à apprivoiser. Expulsés de chez eux pour loyers impayés, ils vivent dans leur pick-up, Henry cumulant les petits boulots, Junior suivant une scolarité laborieuse.

Sombre tableau ? Non, car les prota­gonistes, animés d’une force vitale impressionnante, sont déterminés à lutter contre l’image de perdants que la société leur renvoie. L’espoir auquel se raccroche Henry, au début du livre, est l’entretien d’embauche qu’il doit passer pour un emploi durable. Travailleur acharné, il a tout misé sur sa préparation. Le réussira-t-il ?

Abondance n’a rien d’un reportage tire-larmes. Guanzon, élevé dans le Minnesota défavorisé, dépeint le combat quotidien de ceux qui vivent avec une poignée de dollars. Chaque chapitre débute par un chiffre : la somme dont Henry dispose au jour le jour. Ce décompte – qu’adopte aussi la série Maid, adaptée du récit de Stéphanie Land (Globe, 2020) – fait ressortir la frustration que peut représenter la société d’hyperconsommation pour ceux qui n’y ont pas accès. C’est dans un McDonald’s qu’Henry doit se contenter de fêter l’anniversaire de Junior avec, luxe suprême, la perspective d’une nuit dans le vrai lit d’un motel.

La colère et le manque

La force du roman est de ne pas chercher d’excuses à ses personnages. Certes, Henry et Michelle, qui se sont connus adolescents en hôpital psychiatrique, ont eu une enfance douloureuse. Mais, aux yeux du narrateur, rien ne justifie leurs dérapages. Si Michelle consomme des stupéfiants, si Henry, surfant sur la vague des opioïdes, est devenu complice d’un trafiquant de drogue, chacun est responsable de ses choix, avec leurs ­conséquences.

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