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Abus sexuels dans l’Église : l'aide aux victimes monte en puissance

Depuis plusieurs mois, les personnes ayant été victimes d’agressions sexuelles dans l’Église catholique en France ont la possibilité d’être accueillies dans des structures de réparation et de reconnaissance qui tentent, autant que possible, de panser les souffrances. À ce jour, 1 004 demandes ont été adressées à l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr), depuis son démarrage en janvier 2022, et 150 personnes sont en contact avec une personne référente.

Une soixantaine de situations ont abouti à une décision, 42 d’entre elles comprenant un volet financier dont le plafond est fixé à 60 000 €, selon un premier bilan dressé en avant-première pour La Croix par sa présidente, Marie Derain de Vaucresson, qui présentera ces chiffres à la presse vendredi 30 septembre. « Il a fallu inventer, ce genre d’organisme n’existait pas », souligne-t-elle.

Dans un courrier daté du 1er septembre, la présidente de l’Inirr n’hésitait pas à reconnaître les retards : « Vous demander encore d’attendre est pour moi une offense qui vous est faite et je fais tout pour y remédier (…). Nous avançons trop lentement, mais nous avançons. »

Obtenir la confiance des victimes

La reconnaissance passe d’abord par la confiance : « Cela demande une totale transparence, insiste Marie Derain de Vaucresson. Nous avons un devoir de vérité envers ces personnes à qui on a menti si longtemps. »

Toujours à la suite du rapport Sauvé, a aussi été créée l’instance concernant plus spécifiquement les victimes d’agressions commises par des religieux, la Commission reconnaissance et réparation (CRR), mise en œuvre dès novembre 2021. « Nous avons voulu démarrer vite et répondre au mieux aux attentes des personnes victimes, confie son président Antoine Garapon. Nous avons fait des erreurs, avant de comprendre qu’il fallait parler, écouter, construire une relation avec ces personnes blessées depuis tant de temps. »

L’engagement des communautés

Le fonds de Secours et de lutte contre les abus sur mineurs (Selam) a, quant à lui, pour mission de mettre à disposition la somme préconisée par l’Inirr. Les premiers versements ont eu lieu fin juin, et une première tranche de 4 millions d’euros est dévolue aux victimes, tandis qu’une somme d’un million d’euros finance des opérations de prévention et la création d’un diplôme universitaire Abus et bientraitance à l’Institut catholique de Paris (ICP). « Le fonds a été doté à hauteur de 20 millions d’euros et nous sommes en mesure de répondre aux demandes formulées par l’Inirr », précise Gilles Vermot Desroches, président du Selam.

Pour la CRR, qui accompagne 500 personnes agressées dans le cadre du monde religieux, le système de versement est un peu différent : ce n’est pas une instance nationale qui effectue la réparation financière, mais la congrégation ou l’institut dont l’agresseur fait ou a fait partie.

« Il a fallu aussi gagner la confiance des communautés, explique Antoine Garapon. Les demandes peuvent être financières, mais certaines victimes demanderont principalement de rencontrer un supérieur ou de revenir sur les lieux de l’abus, tout ce qui peut permettre de mettre fin à l’impunité et à la dévastation de vies bousillées. »

À ce jour, une cinquantaine d’accompagnements ont pu être menés à terme au sein de la CRR. Quand il y a eu plusieurs victimes du même agresseur, ou plusieurs agresseurs dans une même communauté, c’est encore une démarche collective qui peut être menée, avec une journée mémorielle par exemple, sans oublier la singularité de chaque personne.

Recrutement

Il faudra encore des mois pour faire connaître à un maximum de victimes ces instances de réparation et répondre aux demandes. Ce qui nécessite plus de moyens. Florence Gavirey, juriste, a été nommée secrétaire générale de l’Inirr le 1er septembre, alors qu’un coordonnateur des référents devrait être engagé prochainement : « Il me faut constituer une équipe de 25 référents susceptibles d’accompagner les victimes. Ils seront 15 d’ici octobre, dont 7 salariés. »

Des intervenants, juristes, psychologues, sensibilisés à l’accueil : « Le parcours se construit avec la personne victime », rappelle Marie Derain de Vaucresson. Antoine Garapon complète : « Nous cherchons à chaque fois, si possible, l’apaisement avec la communauté et avec l’Église, mais d’abord la réconciliation de la personne avec elle-même. »

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Le point de vue des associations de victimes

Samedi 8 octobre, à la mairie de Paris, aura lieu la première rencontre nationale de la douzaine d’associations et collectifs de victimes d’abus et violences sexuelles dans l’Église catholique. L’association Parler et revivre et le collectif De la parole aux actes (DLPAA) sont à l’origine de ce rendez-vous organisé à l’occasion du premier anniversaire de la remise du rapport de la Ciase. Son président, Jean-Marc Sauvé, a d’ailleurs été invité à cette rencontre, tout comme l’une de ses membres, Anne Devreese, vice-présidente du Conseil national de la protection de l’enfance. Les participants dresseront un premier bilan – de leur point de vue – du travail des instances de reconnaissance et de réparation mises en place par l’Église.