France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Abus sexuels  : tenir dans la foi

Si le rapport Sauvé avait révélé l’ampleur du drame, les « affaires » mises au jour depuis quelques semaines viennent une nouvelle fois bouleverser les catholiques. La condamnation de l’ancien évêque de Créteil pour « abus spirituels à des fins sexuelles » et la révélation de la sanction seulement un an après. Les aveux du cardinal Ricard, qui a reconnu des faits « répréhensibles » à l’égard d’une adolescente, bientôt suivi d’aveux similaires de l’ancien évêque de Strasbourg à l’encontre d’une jeune femme majeure. Comment est-ce possible ? Comment croire encore à l’Église rendue malade par ses propres serviteurs ? En un mot, comment « tenir » ?

Des témoignages recueillis par La Croix, oser croire encore en l’Église n’est pas une démission ou un déni, bien au contraire. Mais tenir dans la foi, disent-ils, passe d’abord par accepter d’être en colère, « très en colère » même insistent certains. Quelques-uns seront tentés de quitter l’Église. Or, répliquent d’autres, prêtres et laïcs, hommes et femmes, « nous sommes l’Église ».

Dès lors, tenir devient une raison d’être en Église, une raison de vivre sa foi. Foi au Christ, d’abord. Foi en l’Église, en ce qu’elle porte, malgré tout, l’Évangile. Il faudrait interroger des dizaines de témoins pour recenser ce qui aide à tenir : prier, dire sans se lasser ce à quoi l’on croit, agir auprès des plus démunis, écouter les victimes, lire la Bible, ne pas rester seul, s’engager dans les paroisses et mouvements… Tenir ? Face à la crise, les fidèles font plus que tenir, ils s’engagent. Parce que c’est aussi leur Église, parce que l’Église reste une promesse. Parce la foi n’a jamais empêché la tempête. Mais que tenir dans la foi est l’appel pressant qui surgit dans la nuit de l’Avent.

Isabelle de la Garanderie : « Ne pas changer de cap dans la tempête ». Vierge consacrée du diocèse de Nanterre, enseignante de Lettres et doctorante en théologie, elle cherche à garder le cap à l’aide de la prière quotidienne et de l’étude des Pères de l’Église qui recentrent l’Église sur le Christ.

Nicolas Truelle : « Être auprès des plus fragiles ». Pour le Directeur général de la Fondation Apprentis d’Auteuil, membre du collectif de mouvements « Promesse d’Église », les chrétiens doivent tenir et rester auprès des plus pauvres et des plus petits.

Béatrix Bréauté : « L’apprentissage d’un monde nouveau ». Cette coach, fondatrice de l’Institut Talenthéo, pense que l’Église peut tirer des leçons de la crise et trouver un mode de gouvernance plus collégial.

P. Erwan Barraud : « Encourager ceux qui essaient de vivre déjà fidèlement ». Vice-recteur du séminaire Saint-Yves et aumônier des jeunes à Rennes, le P. Barraud témoigne a contrario de la beauté des liens entre les personnes, qui font « la réalité de l’Église ».

Bérangère Blondeau : « Susciter l’espérance de petites fraternités ». Mère de famille, formatrice de formateurs, responsable d’une équipe de catéchuménat, elle est cofondatrice du groupe « Avec les femmes » dont les membres partagent la prière, la réflexion, les lectures.

Mgr Jean-Marc Eychenne : « Consentir à descendre dans les ténèbres ». Pour l’évêque de Grenoble, on ne peut pas retrouver la lumière sans accepter la traversée des heures sombres, des révélations, de l’horreur. L’art, la prière des psaumes et la foi des catéchumènes sont d’une grande aide.

Thomas Laborde : « Rester attaché au Christ et à l’eucharistie ». Responsable pédagogique dans les métiers de la solidarité, Thomas Laborde rappelle que celui qui dirige l’Église, en réalité, c’est le Christ.