France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Accident de Millas : Cette « odeur de sang, d’essence et de gasoil m’a suivi longtemps »

L’événement, ses souvenirs et ses sensations sont inscrits au plus profond de leur chair. « J’entends encore les cris de cette fille » : physiques ou psychologiques, acceptées ou non, les séquelles des adolescents blessés dans la collision mortelle de leur bus scolaire avec un train à Millas (Pyrénées-Orientales) en 2017 ont traversé leurs récits jeudi à Marseille.

« Aujourd’hui je fais encore des cauchemars, j’entends encore les cris de cette fille mais globalement, je vais mieux » : c’est par la voix d’un texte lu par sa mère à la barre qu’une adolescente blessée dans l’accident a choisi de s’exprimer, évoquant les plaintes d’une de ses camarades après le choc.

Comme pour beaucoup d’autres victimes - 17 enfants ont été blessés, dont huit grièvement, dans cette collision survenue à un passage à niveau le 14 décembre 2017 –, les traces cinq ans après sont aussi psychiques.

« Plusieurs mois après [les faits], je me suis effondrée comme si l’accident venait de se passer, je me suis renfermée sur moi-même, je suis devenue distante », a détaillé la jeune fille dans son texte. « Elle est devenue très agressive, j’ai eu peur pour elle qu’à un moment elle se foute en l’air », a raconté sa mère à l’audience.

Parler de l’accident ou en entendre parler a longtemps été compliqué pour Raphaël, aujourd’hui majeur. « Je n’en ai jamais parlé à qui que ce soit », a-t-il confessé jeudi à la barre. « Personnellement, je ne tiens pas à ce procès, c’était un accident et je n’en ai jamais voulu à Nadine Oliveira », a précisé ce grand jeune homme aux cheveux noués en chignon, vêtu d’un sweat bleu à capuche.

« L’enfer »

La conductrice du bus, Nadine Oliveira, 53 ans, est jugée depuis le 19 septembre pour homicides et blessures involontaires. Elle a été hospitalisée à la suite d’un malaise jeudi au tribunal et le procès se poursuit depuis en son absence.

« Le seul mot qui m’est venu à l’esprit quand je me suis réveillé par terre [après l’accident], c’est celui d’enfer », a poursuivi l’adolescent. Cette « odeur de sang, d’essence et de gasoil m’a suivi longtemps », a-t-il relaté. Quand il évoque le moment où il apprend le décès d’une camarade, le jeune homme avoue que « c’est la seule fois où [il a] pleuré », une chose que pourtant il « déteste énormément ». Rattrapé de nouveau par l’émotion jeudi, il doit marquer un temps d’arrêt.

« Personnellement, je ne pense pas avoir changé », ni avoir « eu de traumatisme de cet accident », a pourtant assuré Raphaël, qui n’a jamais souhaité bénéficier d’un soutien psychologique. Un avis que ne partage pas sa mère : « Maintenant, je sens qu’il me demande de l’aide, qu’il a du mal à trouver ce qui lui donne envie de vivre », a-t-elle témoigné.