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Affaire du Grêlé : un an après le suicide du tueur en série héraultais, des proches se confient pour la première fois

Le 30 septembre 2021, François Vérove a été identifié comme le serial killer recherché depuis 35 ans par la police, le lendemain de son suicide au Grau-du-Roi (Gard). Un an après, à Prades-le-Lez (Hérault) où il vivait, c'est toujours l'incompréhension.

Sur la terrasse des Pradéens, le bar central de Prades-le-Lez (Hérault), Jean-Luc touille son café et réfléchit un instant avant de s'exprimer pour la première fois sur François Vérove pour qui il était l'ami le plus proche. Ce tueur en série est passé sous les radars des policiers pendant 35 ans avant qu'une vaste campagne de test ADN ne précipite son identification et son suicide, le 30 septembre 2021 au Grau-du-Roi (Gard), juste avant sa convocation au commissariat.

"Un an après, on se pose toujours des questions, on n'a rien vu, personne n'a rien vu, ça pouvait être tout le monde sauf lui... Comme je l'ai dit à ma femme, on avait une chance sur 67 millions de tomber sur le Grêlé, on aurait dû jouer au loto, c'est une chance sur 9 millions".

"On avait une chance sur 67 millions de tomber sur lui"

Pour cet agent des espaces verts, l'incompréhension reste de mise. D'autant plus à l'aune du pedigree de Vérove, qui a  été gendarme puis policier, en région parisienne, dans les Bouches-du-Rhône et dans l'Hérault où il a vécu les 15 dernières années de sa vie, essentiellement à Prades-le-Lez, traînant sa patte folle après un accident de moto en service.  

Comment vit aujourd'hui le village, sursollicité médiatiquement en octobre dernier ? "Ce fait divers XXL a beaucoup alimenté les conversations, maintenant les gens ont tourné la page, sauf ceux qui connaissaient Vérove... Moi, je ne l'appelle plus François, même si je pense que l'on a connu la bonne moitié de Vérove", réagit l'ancien maire Jean-Marc Lussert. Dans sa lettre d'adieu, l'assassin avait reconnu des épouvantables crimes mais assuré avoir tout arrêté en 1997, alors qu'il n'est arrivé dans l'Hérault que dix ans plus tard. 

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Si Jean-Luc le connaissait si bien, c'est parce que "François" comme il le prénomme encore, a rejoint l'équipe municipale de Prades-le-Lez au milieu des années 2010. Et une petite équipe d'amis s'est formée. Pour les réunions de majorité du lundi soir, suivies de la traditionnelle pizzeria autour d'un petit verre de rosé. "On était constamment ensemble, on était très proches, ou chez lui, ou chez nous, il était toujours prêt à rendre service", témoigne le troisième proche du Grêlé, un ancien conseiller municipal qui accepte lui aussi de parler : "Je n'en reviens toujours pas... Je suis dans le déni ! J'arrive pas à me faire à l'idée qu'il a fait ces saloperies... Et pourtant c'est vrai".

Des karaokés avec le tueur où l'on chante Aznavour et Brel

Alors, le frisson parcourt leur échine quand ils repensent aux soirées karaoké avec le tueur et sa femme, "où l'on chantait de la variété française, Aznavour, Brel..."

Pour ces anciens proches, rétrospectivement, plusieurs choses les interpellent. "Il était rigide, pas le genre à plaisanter sur les fesses d'une fille, il n'avait peur de rien, il était sûr de lui... Moi, jamais je n'aurais cherché à être élu si je me savais recherché !" lance l'employé des espaces verts. "Il disait toujours : Moi, il ne peut rien m'arriver", abonde de son côté un ancien voisin.

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De la suffisance donc et du contrôle également : "Il ne buvait pas, il laissait son verre se remplir le lundi soir... Ce contrôle de soi interpelle avec le recul", rapporte Hélène, ex-élue, qui ne pouvait pas "le blairer politiquement, on le surnommait le vieux nazi et avec les filles à la mairie, on se disait qu'on ne lui confierait pas nos gosses...".

Il y avait aussi de la méfiance aussi selon l'ancienne équipe municipale. "Il n'était jamais sur les photos. C'était aussi très sobre chez lui, peu de meubles comme s'il voulait pouvoir déménager rapidement" poursuit Jean-Luc. Il s'étonne d'ailleurs encore de son départ soudain de Prades-Le-Lez pour La Grande-Motte, alors qu'il venait de terminer sa maison et qu'approchaient les élections municipales pour lesquelles il s'était investi. Une alerte ?

"On s'attend à d'autres révélations"

"Des fois également, il avait des sueurs, on voyait qu'il était mal à l'aise continue l'ancien élu. Il nous a aussi dit avoir insisté pour faire rentrer sa fille au 36 quai des Orfèvres, à la PJ, pourquoi ? Pour qu'il soit au courant de ses affaires ?".

Les ex-amis, partagés entre la trahison et les bons souvenirs, se raccrochent à l'idée que son dévouement et sa bonhomie trahissaient le désir de rédemption. Pour certains, il n'a pas continué. Comme pour Hélène, ancienne élue, qui était aussi des soirées du lundi, très affectée par l'affaire dont elle parle pour la première fois. Elle décrit quelqu'un de méticuleux, compliqué, qui ne met pas à l'aise, et "paradoxal quand on sait ce qu'il a fait. J'adore le foot et il critiquait ces sports où il y a de l'agressivité, pour lui tout le monde devait s'aimer... Il essayait de se racheter", analyse-t-elle. Pour d'autres, les doutes trottent dans leur tête sur ce qu'il a pu se passer pendant ces années héraultaises.

"Les gens me disent ? Tu as des nouvelles ? Est-ce qu'il a continué ou pas ? On s'attend à ce qu'il y est d'autres révélations alors qu'il a fait déjà beaucoup de mal, s'ils découvrent des trucs ici... Je plains vraiment sa famille", soupire Jean-Luc. 

Son ordinateur au coeur de l'enquête

François Vérove s'étant suicidé le 29 septembre 2021, l'action publique est désormais éteinte. Pour autant, les policiers continuent leurs investigations. Le Grêlé est déjà épinglé sur quatre meurtres et six viols en région parisienne entre 1986 et 1994. Depuis son identification, de nouveaux dossiers sont en cours de traitement, notamment de plaignantes ayant vu son visage après la découverte du corps. Il y aurait une quinzaine d'identifications certifiées, même si les investigations doivent encore le confirmer. A Montpellier, une plaignante, après avoir vu son visage à la télé, a assuré avoir été violée par Vérove, en 1990, dans le quartier de La Paillade, alors qu'elle avait 10 ans, bien que ce dernier vivait alors en région parisienne.

Son ordinateur intéresse tout particulièrement les enquêteurs puisque des traces de recherches sur des affaires ont été retrouvées et avant de se donner la mort, il aurait pris la peine d'effacer des fichiers compromettant.