France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Affaire Vivès : une tribune pour la liberté d’expression

Le texte, dévoilé ce mercredi sur le site du Monde, s’alarme « d’un climat de peur menaçant la liberté de création » dépassant le cas de Bastien Vivès. La tribune n’a pas pour objet de le « défendre » : « Il s’agit de rappeler qu’interroger ou contester le travail d’un auteur est légitime, mais que le bâillonner ne l’est pas. »

« Au bord de l’obscurantisme »

En référence aux accusations de pédophilie et d’inceste portées contre Vivès dans ses ouvrages, le texte rétorque : « Si l’on décide d’interdire la représentation du mal plutôt que combattre le mal lui-même, sans s’interroger sur l’œuvre globale de l’artiste et ses intentions réelles, alors la liste des auteurs à condamner, des expositions à déprogrammer et des classiques à brûler sera longue. »

On revient à des âges farouches où les cathos faisaient la pluie et le beau temps sur la bande dessinée.

Et se conclut : « Autour de nous, beaucoup sont tétanisés […] mais peu osent parler, ayant légitimement peur pour leur carrière et leur réputation. Quand une société en arrive là, elle est au bord de l’obscurantisme. »

Parmi les quarante signataires, deux anciens ministres, Jack Lang et Françoise Nyssen, une humoriste, Blanche Gardin, et des personnalités du neuvième art comme Coco, autrice et dessinatrice à Charlie Hebdo et Libération, Lewis Trondheim ou encore Florence Cestac.

« Lâcheté terrible » du Festival

La lauréate du Grand Prix d’Angoulême 2000 s’insurge contre la « lâcheté terrible » du Festival après la déprogrammation de la grande rétrospective consacrée à l’auteur de Polina prévue au musée du papier. « On revient à des âges farouches où les cathos faisaient la pluie et le beau temps sur la bande dessinée », fulmine l’autrice hostile à « toute censure ».

« On a démoli Bastien Vivès, là on s’attaque à Riad Sattouf. » Le lauréat 2023 est en effet mis en cause depuis mardi pour trois pages tirées de Retour au collège, un album paru en 2005. On y voit des élèves nues dans des positions suggestives. « C’est triste, souffle Cestac. Et de prédire : « Dessiner va être de plus en plus dur surtout si on donne de l’ampleur à n’importe quoi. » Son confrère Blutch, Grand Prix 2009, s’est quant à lui décidé à signer après la lecture, le 27 janvier dans les colonnes du Monde, de l’entretien d’une philosophe spécialiste d’esthétique. Elle y estime que « la valeur morale d’une œuvre fait partie de sa valeur artistique ». Un point de vue qu’il ne partage pas : « L’artiste n’est pas tenu d’avoir une vocation d’exemplarité. »

Autre raison : l’annulation d’une exposition sans autre forme de procès, si ce n’est celui des réseaux sociaux : « Il y a quelques années, ça aurait créé un tollé et ça ne serait jamais passé, assure l’artiste. J’aimerais beaucoup entendre le Festival et Franck Bondoux (organisateur du Festival) qui est payé pour organiser des expos et dont il faut pointer la responsabilité. » Malgré nos tentatives, l’intéressé n’a pas pu être joint par téléphone.

« C’est révoltant, inacceptable et contre-productif »

« Inacceptable », « révoltant », Arnaud Gallais, activiste du droit des enfants, cofondateur du collectif Prévenir et Protéger et du mouvement #BeBraveFrance, n’a pas de mots assez durs à l’encontre de la tribune publiée sur le site du Monde. Il est l’un des anti-Bastien Vivès les plus médiatiques. C’est sa pétition et ses 110 000 signataires qui ont fait plier le Festival. Le « climat de peur » évoqué dans le texte, Arnaud Gallais y voit une « stratégie inversée » : « Il y a un vrai MeToo dans le monde de la BD, les dominants veulent se victimiser ; il faut remettre les choses à l’endroit. » Il évoque également un texte « contre-productif » alors que Bastien Vivès a été « plutôt classe » après son mea culpa visant « une forme d’apaisement ».