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Age de départ à la retraite : Elisabeth Borne vise toujours 65 ans mais…

Elisabeth Borne a révélé les premiers contours de la réforme des retraites à venir dans son interview au Parisien publiée ce vendredi. La cheffe du gouvernement tranche notamment sur la question des régimes spéciaux. En outre, le texte à venir prévoit leur suppression pour « la Banque de France, la RATP, les salariés des Industries électriques et gazières (IEG)... », prévient-elle.

La Première ministre affiche la même fermeté sur la « nécessité de faire cette réforme »« Les chiffres sont là, ils sont implacables. On a un déficit qui dépassera les 12 milliards d'euros en 2027 et continuera à se creuser si l'on ne fait rien », s'alarme Elisabeth Borne qui, au-delà des considérations budgétaires, justifie ce projet de loi par ses retombées sur l'emploi des seniors.

Amélioration attendue de l'emploi des seniors

« Quand on décale l'âge de départ à la retraite, on améliore l'emploi des seniors puisqu'ils deviennent employables plus longtemps par leurs entreprises. Le taux d'emploi des seniors a augmenté de 20 points avec les réformes successives des retraites de 2003 et de 2010 les réformes successives », précise Bertrand Martinot, économiste spécialiste du marché du travail à l'Institut Montaigne.

Lancé dans sa course au plein-emploi d'ici à 2027, le gouvernement table sur un calendrier serré, espérant tirer le plus vite possible les bénéfices économiques de sa réforme. L'exécutif planifie ainsi la présentation de la loi le 15 décembre, son examen au printemps et une entrée en vigueur avant l'été pour les générations nées à partir du deuxième semestre 1961.

Membre du gouvernement d'Edouard Philippe au moment de la réforme de 2019-2020, qui s'était heurtée à une vive contestation sociale avant d'être abandonné sur fond de pandémie, la locataire de Matignon se défend d'être inflexible. La question brûlante du report de l'âge de départ à la retraite n'est pas encore tranchée. L'objectif de la campagne présidentielle d'un « report progressif de l'âge de départ à la retraite de 62 à 65 ans d'ici 2031, c'est ce qui permet de ramener le système à l'équilibre dans les dix ans » est toutefois confirmé.

Différents scénarios à l'étude sur l'âge

En même temps, « s'il y a un autre chemin proposé par les organisations syndicales et patronales qui permette d'atteindre le même résultat, on l'étudiera », tempère Elisabeth Borne. Alors que les concertations avec les partenaires sociaux se poursuivent sans grandes avancées, elle se dit à l'écoute d'un report de l'âge à 64 ans assorti d'un allongement de la durée de cotisations. Pourtant, les options sont limitées sur ce point.

« On arrive au bout des possibilités d'allongement de la durée de cotisation. Les actifs qui finissent leurs études supérieures et commencent à travailler de plus en plus tard. Si on étend encore la durée de cotisation de 43 à 45 ans, les gens finiront par partir à la retraite à 70 ans », observe Bertrand Martinot.

De nouveaux critères pour partir plus tôt à la retraite

A l'approche d'une âpre bataille parlementaire, Matignon veut aussi souder ses troupes en donnant des gages à l'aile gauche de la majorité. Pour ne pas cristalliser les tensions autour du report de l'âge de départ à la retraite, que rejettent tous les syndicats, le gouvernement propose d'étendre les critères pour partir plus tôt à la retraite.

« Pour tenir compte de la situation des salariés qui ont commencé à travailler tôt, ce qu'on appelle le système des "carrières longues" permettant de partir deux ans ou quatre ans avant l'âge légal de la retraite, ce principe sera maintenu et même assoupli pour ceux qui ont vraiment commencé à travailler très tôt », fait valoir Elisabeth Borne qui envisage également d'intégrer les congés parentaux dans les périodes de cotisations. Est aussi évoquée une révision des facteurs de pénibilité.

« Jusqu'à présent, on se focalise exclusivement sur la pénibilité des métiers physiques. Il serait pertinent de prendre en compte l'usure psychologique qui s'étend dans le monde du travail », suggère Bertrand Martinot de l'Institut Montaigne, qui rappelle que les troubles psychologiques constituent désormais la première cause des longs arrêts maladie. Sur ce point comme sur la question de l'âge de départ, tout est encore ouvert d'ici au 15 décembre.