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Alcool : L’impact très limité du Dry January sur la consommation dans les bars

La chandeleur, la Saint-Valentin, PSG-Bayern… Dans quelques jours, le mois de février et son lot d’occasion de trinquer débarquent, enterrant dans la foulée janvier et son Dry January. Fini le mois sans alcool, la ginger beer, les Coca-Cola, et pour les plus régressifs d’entre nous, les diabolos fraise. Selon Bernard Basset, le président de l’association Addictions France, cette invitation à l’abstinence ponctuelle fait de plus en plus d’émules : « 60 % de la population a connaissance du Dry January et environ 10 % déclarent vouloir le relever chaque année », assure-t-il. A quelques jours de la fin du défi, l’heure est au donc bilan : 10 % de soiffards en moins, est-ce autant de chiffre d’affaires perdu pour les bars et les pubs de France ?

Pas vraiment, à en croire Franck Delvau, président Ile-de-France de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) : « Le Dry January n’a pas d’impact notable sur les finances des bars et des pubs. C’est un concept qui peine à émerger, dont on a finalement assez peu parlé cette année, vite remplacée par les questions de crise énergétique ou de réforme des retraites ». Ce défi a émergé dans l’Hexagone en 2020. L’année suivante, les bars étaient fermés, et en janvier 2022, une vague Omicron à 400.000 cas par jour déferlait sur la France. Conséquence : aucune étude précise existe sur les conséquences économiques de ce concept.

Un mois de janvier bien particulier

D’autant que dans le secteur de la restauration, le mois de janvier est déjà particulier. Entre les fêtes et les bonnes résolutions, les clients consomment souvent moins d’alcool au début de l’année. A Nice, Louis, gérant du Miiu Bar liste les bonnes résolutions qui poussent les clients à moins boire : sortir moins, passer plus de temps avec ses proches, perdre du poids. Et d’insister : « Ca a toujours été comme ça, bien avant la mode du Dry January » Conséquence : une perte de 30% du chiffre d'affaires par rapport à un mois normal. Constat similaire mais moins sanglants au Vertical Bar à Paris, qui note à chaque mois de janvier une baisse des recettes de 10 % environ. 

Conscients de ces spécificités de début d’année, certains bars ferment même leurs portes une partie de janvier. Cette année 2023 est d’autant plus particulière qu’en décembre a eu lieu la Coupe du monde de football. « Les bars ont tourné à plein régime en décembre, entre le foot et les fêtes, maintenant les consommateurs comme les professionnels se reposent un peu », sourit Franck Delvau.

Votre Perrier, avec sans citron ?

Mais comme l’alcool a ses raisons que la boisson ignore, il vaut mieux procéder au cas par cas. En l’occurence, le public que reçoit par l’établissement change la donne. Jordan, responsable du Peacock bar, à Montpellier, ville étudiante par excellence, « le mois de janvier n’est pas le pire de l’année. Généralement, c’est juillet », lorsque les jeunes rentrent chez eux, note le gérant de l’établissement. En ce début d’année, l’affluence est donc au beau fixe, même si la consommation change un peu : « On constate effectivement plus de softs en janvier. » Dans la même ville, Laura, gérante de l’Australian Bar, va même à contre-courant général : « Janvier est un excellent mois, avec le retour des étudiants de vacances. Ils ne sont pas trop dans le délire ''Dry January''. »

Au Nautilus Bar, à Paris, ce mois de janvier ne fait pas exception à la règle : se frayer un chemin jusqu’au bar est une gageure tant le lieu est bondé. « On est un bar d’afterwork, donc même ceux qui ne boivent pas d’alcool se laissent embrigader », sourit Vincent, le patron, en admirant les tables pleines. Mais là aussi, la consommation a un peu changé : « Il y a plus de softs vendus que les autres mois, ce qui fait que les gens restent un peu moins longtemps. Ils sont O.K. pour le coca de 18h30, mais ne vont pas en reprendre un cinquième à 22 heures » Le Coca-Cola reste la star incontestée du Dry January pour le bar, suivi du Perrier Citron.

Embellie en février ?

Au moment de faire les comptes, difficile donc de mesurer l’impact réel du Dry January sur les caisses, a fortiori dans un mois historiquement calme. Sans compter que le soft a aussi ses avantages financiers : « Certes, les gens qui tournent au Coca restent moins longtemps et consomment moins de verres, mais vu que c’est un peu plus cher qu’un demi de bière normal, ça compense un peu », note Vincent. Reste la question de février. La première semaine sera-t-elle remplie de soiffards ayant patienté tout janvier ? Impossible à dire selon Jordan : « Il y a trop de paramètres qui entrent en ligne de compte notamment la variation du pouvoir d’achat, l’inflation ou la météo par exemple. »