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Alexandre Tcherkassov : « Ce prix Nobel de la paix est un beau symbole de solidarité »

Le directeur du centre des droits humains de l’ONG Memorial, Prix Nobel de la paix 2022 avec le Centre ukrainien pour les libertés civiles et le militant biélorusse, Ales Bialiatski, salue une réaction face à des « pays de l’est de l’Europe en danger ».

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Alexandre Tcherkassov se trouvait à Tbilissi, en Georgie, pour l’inauguration d’une exposition sur les camps de Staline, lorsqu’il a appris la nouvelle. Pour Le Monde, il réagit et souligne que la « lutte continue pour les réfugiés, les prisonniers, les crimes de guerre ».

Memorial a été classée agent de l’étranger en 2014, accusée de « haute trahison » en 2015, dissoute en décembre 2021 et, aujourd’hui, votre ONG reçoit le Prix Nobel de la paix… Quelle est votre réaction ?

J’ai été très étonné en apprenant la nouvelle ! Depuis plusieurs années, nous figurions dans la liste des lauréats pressentis et cette fois, alors qu’il n’y avait aucun signe, on nous décerne le prix… C’est d’autant plus inattendu que, pas plus tard qu’hier, je discutais au téléphone avec Oleksandra Matviichuk [dirigeante du Centre ukrainien pour les libertés civiles], et que cette ONG l’a reçu aussi ! C’est une très, très bonne nouvelle. Alors que, dans le même temps, le tribunal de Moscou continue le procès pour confisquer l’immeuble de Memorial à Moscou…

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Ce prix, effectivement partagé à trois, entre un militant biélorusse et deux ONG russe et ukrainienne, c’est avant tout un message envoyé à Vladimir Poutine ?

Tout le monde parle d’un cadeau pour l’anniversaire de Poutine aujourd’hui. Mais le 7 octobre, ce n’est pas son anniversaire, c’est la date d’exécution d’Anna Politkovskaïa [la journaliste a été assassinée en 2006, le jour du 54e anniversaire de Vladimir Poutine]. Ce prix, c’est pour ceux qui ont survécu et ceux qui n’ont pas pu. Et le fait qu’il soit décerné à trois est un beau symbole de solidarité.

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Il signifie que les droits humains ne connaissent pas les frontières, que nous devons continuer à lutter pour les réfugiés, les prisonniers, les crimes de guerre et contre l’humanité. C’est la réaction de l’Europe et du monde pour ces pays de l’est de l’Europe en danger, alors que presque rien n’a été fait pour prévenir cette guerre et la transformation de ces régimes [russe et biélorusse] en dictatures.

Avant de cofonder Memorial en 1989, Andrei Sakharov avait lui-même obtenu le prix Nobel de la paix en 1975…

Oui. Le prix Nobel ne l’a pas préservé de l’arrestation ni de la relégation à Gorki, pas plus qu’il n’a épargné Soljenitsyne [prix Nobel de littérature en 1970] du bannissement… Mais c’est un geste symbolique très, très important.

Que devient Memorial depuis que la justice russe a prononcé sa dissolution ? Comment poursuivez-vous votre travail dans les circonstances actuelles ?

Au moment de l’annonce du prix Nobel, nous ouvrions aujourd’hui, à 14 heures, une exposition à Tbilissi sur les lettres des pères enfermés dans les camps de Staline à leurs enfants. Il faut montrer cette liaison entre générations, la garder pour comprendre l’histoire et préserver l’avenir. Toute cette année, nous avons aussi poursuivi notre travail d’enquête sur les crimes commis par le Groupe Wagner en Syrie, notamment sur le cas d’un citoyen syrien brûlé, décapité, en 2017, par des mercenaires russes qui ne masquaient même pas leurs visages sur les vidéos. Nous avons porté l’affaire devant les autorités militaires en Russie, devant la justice et, à chaque fois, on nous a répondu qu’il n’y avait aucune preuve. Nous venons donc d’envoyer ce dossier à la Commission des droits de l’homme des Nations unies. Le travail continue. C’est cela, la mission de Memorial.

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