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Alexis Kohler mis en examen mais maintenu à l'Élysée

INFO LE FIGARO - Le bras droit du chef de l'État est visé par une information judiciaire depuis juin 2020 portant sur ses liens avec l'armateur italo-suisse MSC.

Plus Alexis Kohler apparaît judiciairement fragilisé, plus il semble politiquement renforcé. Le théorème s'est encore vérifié lundi. Mis en examen depuis le 23 septembre dernier pour « prise illégale d'intérêts » dans l'enquête sur ses liens avec l'armateur MSC, le secrétaire général de l'Élysée a, selon nos informations, été aussitôt confirmé dans ses fonctions au sommet de l'État.

« Il conteste avec force avoir commis tout délit », ont indiqué ses avocats dans un communiqué, pour faire valoir l'« innocence » de leur client. Lequel a par ailleurs été placé sous le statut (plus favorable) de témoin assisté pour « trafic d'influence », toujours dans ce même dossier.

Une douzaine de personnes entendues

Homme de l'ombre au service d'Emmanuel Macron depuis 2014, l'inamovible bras droit du président l'a régulièrement vu monter publiquement au créneau pour le défendre. Au risque, pour le chef de l'État, de s'exposer à un procès en atteinte à la séparation des pouvoirs. Ce fut déjà le cas en 2018, lorsqu'il a cru bon de louer, en marge d'un déplacement au Canada, la « probité exemplaire » de son principal collaborateur. Ce fut encore le cas en 2020, lorsqu'il a signé un courrier de sa main pour le dédouaner de toute intervention illicite durant leurs années à Bercy. Ce fut enfin le cas lundi, lorsqu'il a choisi de le maintenir à son poste malgré ce nouveau rebondissement.

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« Une injure à l'institution judiciaire », a immédiatement fustigé le patron des députés LR, Olivier Marleix, sur Twitter. « Rattrapé par la patrouille (…), (il) va devoir affronter sa hantise : rendre des comptes », a abondé - une fois n'est pas coutume -, son homologue Insoumise, Mathilde Panot. Petite consolation, cette mise en examen pour prise illégale d'intérêts, avec ce statut de témoin assisté pour trafic d'influence dans la même affaire, va permettre au haut fonctionnaire et à ses avocats d'accéder à l'ensemble du dossier.

L'affaire traîne sur les étagères de la justice depuis le 4 juin 2018, date à laquelle le parquet national financier (PNF) ouvre une première enquête préliminaire des chefs de prises illégales d'intérêts, après les révélations de Mediapart. Le plus proche conseiller d'Emmanuel Macron aurait-il profité de ses fonctions publiques au sein de l'Agence des participations de l'État et au cabinet du ministre de l'Économie et des finances pour favoriser le Mediterranean Shipping Company (MSC), fondé et dirigé par les cousins de sa mère, la famille Aponte. Basé à Genève, MSC - l'un des plus grands transporteurs de conteneurs au monde - est un important client de l'entreprise STX France, aujourd'hui renommée Chantiers de l'Atlantique, qui gère les chantiers navals de Saint-Nazaire.

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Au cours de l'enquête préliminaire, une douzaine de personnes ont notamment été entendues par la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), dont Alexis Koh­ler. Ces investigations avaient donné lieu à la rédaction de deux rapports de police successifs contradictoires.

Pourtant, après un an d'enquête, le PNF conclut par un classement sans suite, le 21 août 2019, estimant alors que l'analyse des éléments recueillis ne permet pas de caractériser les infractions suspectées . Anticor dépose quelques mois plus tard, en juin 2020, une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d'instruction de Paris. C'est cette plainte qui, durant deux ans et sur la base de l'enquête préliminaire du PNF, a prospéré.