France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Allemagne. Berlin, cœur d’une euro-arnaque à l’hydrogène vert

Il devrait être le combustible européen de demain non émetteur de CO 2, mais un amendement d’un eurodéputé allemand permet de lui accorder un label écologique, tout en autorisant sa fabrication à partir d’électricité venue du charbon ou du gaz.

L’hydrogène est le combustible de demain. Il n’émet pas de gaz à effet de serre et pourrait constituer rapidement un carburant se substituant aux hydrocarbures sur tous les véhicules du futur. L’enjeu industriel est énorme. Il prend cependant aujourd’hui en Europe une direction qui contredit ses objectifs climatiques. L’eurodéputé chrétien-démocrate allemand (CDU) Markus Pieper vient en effet d’amender un texte du Parlement européen statuant sur les conditions de production d’« hydrogène vert ». Sa caractéristique : il autorise désormais la fabrication du précieux combustible à partir de l’électricité produite par des centrales au charbon ou au gaz.

Cette démarche épouse la volonté affichée par Berlin de miser sur la création rapide d’un marché européen de l’hydrogène, pendant du si dévastateur marché unique de l’électricité. La volonté d’accélérer la transition vers l’hydrogène fait consensus outre-Rhin. Le gouvernement d’Olaf Scholz associant SPD-Verts et libéraux – confronté au débat autour des pénuries d’énergie – la promeut. Et le texte de l’eurodéputé CDU a été adopté par la plus grande partie de la délégation allemande au Parlement européen.

Des enjeux considérables

Ce greenwashing est aussi le résultat du lobbying des associations d’industriels, pressés outre-Rhin d’exploiter l’hydrogène. L’électrolyse, l’utilisation de l’électricité pour séparer les atomes d’hydrogène et d’oxygène de l’eau, étant le chemin obligé de sa fabrication, le forcing se tient pour qualifier les producteurs allemands de courant électrique. Les enjeux s’avèrent considérables. L’objectif européen de production d’hydrogène dit vert est « l’équivalent de la production électrique de la France », pointe l’ONG bruxelloise Transports et Environnement, qui critique l’euro- dérive en cours.

La question est d’autant plus sensible que, dans la crise énergétique conséquence de la pénurie d’approvisionnement en gaz naturel russe, Berlin vient de décider la prolongation ou la réouverture de quelque 27 centrales thermiques au charbon ou au lignite. Et la production électrique allemande demeure l’une des plus grosses émettrices de gaz à effet de serre du continent.

L’hydrogène véritablement vert ne peut être obtenu que par des producteurs d’électricité n’émettant pas de CO 2, comme ceux qui utilisent l’énergie éolienne, le photovoltaïque, les barrages hydrauliques ou le nucléaire. La France, avec son entreprise publique EDF, possède tous les atouts indispensables au développement de cette production. Laquelle devrait être un bien commun mis à disposition des Européens à coûts réduits, et échapper à la loi du profit et du marché, si chère à Berlin.

Il reste un dernier obstacle à franchir pour l’adoption du texte du Parlement européen : il doit faire l’objet d’un prochain examen tripartite avec la Commission et les ministres de l’Énergie des Vingt-Sept. Paris serait bien inspiré de refuser in extremis que l’hydrogène européen devienne l’otage de cette gigantesque imposture verte.