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Attentats en Israël : avant la diplomatie, Nétanyahou punit

Dimanche avant le lever du jour, la maison de Khayri Alqam à Jérusalem-Est était mise sous scellés, dernière formalité avant sa démolition. Auparavant avaient été délogés ses occupants, membres de la famille du jeune Palestinien qui a tué 7 personnes vendredi avant d’être abattu par la police. D’autres mesures ont été annoncées par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou à l’encontre des proches des auteurs d’attentats anti-israéliens, notamment la révocation des droits à la sécurité sociale des «familles de terroristes qui soutiennent le terrorisme».

Pour Israël, les démolitions des maisons de Palestiniens accusés d’attaques meurtrières ont un effet dissuasif, mais les détracteurs de cette pratique la dénoncent comme relevant d’un désir de vengeance et d’un châtiment collectif affectant des familles qui se retrouvent à la rue. La décision a été «prise au mépris total de l’Etat de droit», dénonce l’organisation israélienne de défense des droits humains HaMoked, qui compte élever une protestation auprès du procureur général.

Cartes d’identité révoquées

Le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, pourrait aller plus loin : il a déclaré dimanche que la révocation des cartes d’identité israéliennes des proches des assaillants était à l’ordre du jour. La sanction vise en premier lieu des Palestiniens de nationalité israélienne (Arabes israéliens, selon l’appellation administrative) et des Palestiniens ayant le statut de résidents de Jérusalem-Est, la partie de la ville occupée et annexée par Israël.

Le cabinet de sécurité israélien a également décidé de faciliter l’obtention par les citoyens de permis de port d’armes. «Quand les civils ont des armes, ils peuvent se défendre», a déclaré le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben-Gvir, figure de l’extrême droite, dont le ralliement à Netanyahou a permis à ce dernier de revenir au pouvoir fin décembre.

Malgré les appels à l’apaisement, dont celui dimanche du pape François, l’escalade se poursuit. Selon l’agence de presse palestinienne Wafa, 120 voitures auraient été la cible de pierres lancées par des colons israéliens, et 22 magasins attaqués dans la région de Naplouse, en Cisjordanie, samedi. Dimanche, des gardes de sécurité israéliens ont tué un Palestinien de 18 ans, près de la colonie de Kedumim en Cisjordanie. L’armée israélienne a affirmé qu’il était armé.

Respecter l’esplanade des Mosquées

La première initiative en vue d’une désescalade est celle du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, attendu lundi à Jérusalem et le lendemain en Cisjordanie dans le cadre d’une tournée prévue de longue date au Moyen-Orient, entamée dimanche au Caire. Après avoir rencontré lundi matin le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, le chef de la diplomatie américaine va enjoindre Benyamin Nétanyahou et le président palestinien, Mahmoud Abbas, à «prendre urgemment des mesures en vue d’une désescalade», selon le département d’Etat.

Antony Blinken insistera en outre sur «l’importance de maintenir le statu quo historique» sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, haut lieu de tensions entre Israéliens et Palestiniens. Le 3 janvier, la visite du ministre Ben-Gvir sur ce site sensible, troisième lieu saint de l’islam et le lieu le plus sacré du judaïsme, avait été dénoncée comme une provocation par les autorités palestiniennes.

La position américaine reste le soutien à la solution à deux Etats, israélien et palestinien. Mais personne n’attend de cette visite des résultats tangibles. «Le mieux qu’ils puissent obtenir c’est que les choses se stabilisent afin d’éviter une répétition de mai 2021», la dernière guerre entre Israël et les groupes armés palestiniens, a assuré à l’AFP Aaron David Miller, expert à la fondation Carnegie pour la paix de Washington.

De son côté, le député israélien d’opposition Mickey Levy dit craindre un retour de «ce qui est arrivé il y a vingt ans», soit la Seconde Intifada, le soulèvement palestinien de 2000 à 2005 qui s’était soldé par plus de 4 000 morts, dont 3 000 côté palestinien.