France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Au FRAC Lorraine à Metz, l’art engagé de l’Américaine Betye Saar enfin exposé en France

En dépit de sa célébrité dans son pays natal, l’exposition « Serious Moonlight » est la première à être consacrée à l’artiste de 96 ans dans l’Hexagone.

Article réservé aux abonnés

Aux Etats-Unis, où elle est née en 1926 à Los Angeles, Betye Saar est une artiste de référence. Elle est l’autrice de l’une des œuvres symboliques du combat pour l’égalité des droits des
individus quels que soient la couleur de leur peau et leur sexe, The Liberation of Aunt Jemima. Aunt Jemima est une marque très populaire d’aliments pour le petit déjeuner, fondée en 1893, et qui avait comme symbole, jusqu’en 2020, une servante ou cuisinière noire, un foulard noué sur la tête, replète et hilare, l’équivalent nord-américain du tirailleur sénégalais Banania en France. En 1972, Betye Saar prit une effigie publicitaire de la marque et la modifia quelque peu : elle ajouta un fusil dans la main gauche de la statuette. Au temps des Black Panthers, le symbole était clair.

Si célèbre soit-elle donc dans son pays natal, Betye Saar l’est bien moins en France. L’exposition qui se tient au FRAC Lorraine à Metz est la première qui lui soit consacrée, à 96 ans : peut-être le record en matière de reconnaissance tardive pour un artiste vivant. On n’y voit pas The Liberation of Aunt Jemima, mais un ensemble d’installations de grande dimension. La plus ancienne est Oasis, de 1984, et la plus récente, Gliding into Midnight, de 2019. Oasis se compose de sphères de verre de différentes couleurs claires, posées sur un lit de sable blanc, et d’une chaise d’osier pour enfant, dont le dossier et les bras portent de petites bougies. Comme son titre le suggère, l’œuvre appelle à la contemplation calme et à une nostalgie de l’enfance sans pathos.

Gliding into Midnight est à l’opposé. Dans une salle sombre, un canoë bleu nuit est suspendu au-dessus du sol, sur lequel l’artiste place, tel un tapis, la reproduction du plan d’un bateau négrier, le Brookes, plan publié en 1788 à Plymouth par une société qui demandait l’abolition de l’esclavage. Des silhouettes humaines sont juxtaposées les unes contre les autres en rangées serrées : femmes et hommes destinés aux plantations des Caraïbes et des Etats-Unis. Des mains se dressent à la verticale hors de la masse obscure qui remplit le canoë pour appeler ou prier. Au mur, un grand dessin des constellations, Celestial Universe (1988), fait admirer ses étoiles et ses figures symboliques. L’opposition entre sa splendeur et la brutalité de Gliding into Midnight semble suggérer que, comme les astres, la plupart des contemporains de la traite y étaient indifférents.

Celle-ci est aussi le sujet de Brides of Bondage (1998) : une robe de mariée d’un blanc brillant, vide de tout corps, et, sur la traîne, des maquettes de navires à voile qui avancent tous dans la même direction, chacune étant posée sur un diagramme du Brookes : installation d’histoire, comme on disait autrefois peinture d’histoire.

Il vous reste 41.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.