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Au Pakistan, la menace sécuritaire grandit après l’attentat dans une mosquée

Au lendemain de l’une des attaques les plus meurtrières qu’ait connues le Pakistan ces derniers mois, les secouristes venus de tout le pays continuaient à rechercher d’éventuels survivants. L’explosion survenue lundi 30 janvier dans une mosquée située au sein du quartier général de la police de Peshawar, a soufflé une partie du toit et provoqué l’effondrement d’un pan de mur, provoquant la mort d’au moins 95 personnes et faisant au moins 221 blessés, selon un bilan encore provisoire. Des dizaines de policiers ont déjà été enterrées dans des cérémonies avec garde d’honneur, leurs cercueils alignés et ceints du drapeau pakistanais. La capitale et le reste du pays, notamment à la frontière avec l’Afghanistan, ont dans le même temps été placés dans un état d’alerte accru après l’attaque.

« Sur la ligne de front »

Cet attentat, qui confirme la dégradation rapide de la situation sécuritaire au Pakistan, n’a pas été revendiqué. Sans attendre, les autorités ont toutefois pointé la responsabilité du mouvement des talibans du Pakistan, le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP). Une accusation démentie par ce mouvement proche des talibans afghans. Mais la police évoque également une possible implication de l’État islamique, dont une branche est active au Pakistan, voire une action coordonnée entre plusieurs groupes armés. C’est cette branche qui avait revendiqué, en mars 2022, un attentat meurtrier (62 morts) dans une mosquée chiite de Peshawar. Dans le passé, plusieurs attentats contre des mosquées n’ont pas été revendiqués, probablement en raison du caractère sacré des lieux visés.

« Nous sommes sur la ligne de front dans ce combat contre les mouvements islamistes armés, c’est pourquoi nous avons été visés », a déclaré le chef de la police de Peshawar. Les attaques ciblant des forces de sécurité se sont multipliées dans la région, notamment depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul à l’été 2021.

Les talibans du Pakistan, qui regroupent des militants tribaux d’obédience islamiste, ont renforcé leur ancrage territorial dans le nord-ouest depuis des négociations ratées en novembre dernier entre Islamabad et Kaboul, le régime afghan étant soupçonné de soutenir en sous-main le mouvement pakistanais. Depuis sa création en 2007, le TTP a tué des dizaines de milliers de civils pakistanais et membres des forces de sécurité, avant d’être chassé des zones tribales par une opération militaire lancée par l'armée en 2014.

10 à 12 kg d’explosifs

La mosquée où a eu lieu l’attentat est située dans l’enceinte du quartier général de la police pakistanaise, un complexe hautement sécurisé qui comprend également une unité antiterroriste et les services de sécurité et de renseignement. Entre 300 et 400 policiers s’étaient rassemblés, en ce début de semaine, pour la prière de l’après-midi. La police a confirmé qu’il s’agissait bien d’un attentat-suicide, précisant que le kamikaze, qui portait sur lui entre 10 à 12 kg d’explosifs, avait probablement reçu de l’aide de personnes à l’intérieur du périmètre, pour franchir plusieurs barrages de sécurité et pénétrer dans ce que la police appelle la « zone rouge ».

Cet attentat a eu lieu dans un contexte politico-économique particulièrement lourd. L’ancien premier ministre Imran Khan, limogé en avril dernier, réclame l’avancée des élections législatives qui doivent se tenir en octobre 2023. Les catastrophes climatiques se sont enchaînées en 2022, alourdissant la dette du pays. Ce mardi 31 janvier, une délégation du Fonds monétaire international (FMI) était à Islamabad pour examiner le déblocage d’une aide financière devenue vitale pour le Pakistan.