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Au Théâtre du Châtelet, Bruno Bouché transporté sur « Les Ailes du désir »

Le chorégraphe adapte pour la scène le film de Wim Wenders de 1987, dans une pièce au vocabulaire classique qui sait trouver sa place entre illustration et ellipse.

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Faut-il voir ou revoir Les Ailes du désir, réalisé en 1987 par Wim Wenders avant d’assister à la version chorégraphique signée par Bruno Bouché et créée en 2021, à l’affiche jusqu’au 1er avril au Théâtre du Chatelet ? Le dilemme, lorsqu’il s’agit de l’adaptation scénique d’un chef-d’œuvre, qu’il soit cinématographique ou littéraire, est toujours le même. Curieusement, les deux possibilités fonctionnent avec la création de Bruno Bouché, qui colle d’abord au scénario pour s’en échapper en nous perdant dans un jeu de cache-cache qui donne envie de revenir au film. En conservant le titre, avec l’accord de la fondation Wim Wenders, il suscite le besoin et l’envie de s’y référer, signant d’un même élan le défi de son projet tout en rendant à Wenders ce qu’il lui doit.

Entre reconnaissance et égarement, illustration et ellipse, Les Ailes du désir selon Bruno Bouché se déploie sur le fil de deux actes en noir et blanc de près de deux heures. Le directeur du Ballet de l’Opéra national du Rhin y rassemble vingt-neuf danseurs sur les trente-deux de la compagnie, en affirmant un enjeu : celui d’une pièce grand format qui met le vocabulaire classique, sur pointes pour les femmes, au service de la narration.

Euphorie douce

Si aucun texte n’est proféré, à l’exception de celui des chansons du groupe bruitiste allemand des années 1980 Einstürzende Neubauten, les musiques, de Jean Sibelius à Steve Reich, soutiennent le propos. L’histoire de l’ange Damiel qui tombe amoureux d’une trapéziste est claire, même si elle est moins consistante et complexe que chez Wenders. Sans tomber dans le piège de lister ce qui nous manque – dont le merveilleux Peter Falk évadé de Columbo, évoqué ici en silhouette par Marin Delavaud –, il reste suffisamment de situations, de personnages – dont l’ange Samaël ajouté par Bouché –, de matière visuelle pour que l’on oublie régulièrement le film et que l’on savoure la danse.

Le second acte, en particulier, lâche la bride au mouvement. Après avoir planté le cadre avec ces anges gardiens qui n’empêchent malheureusement pas les gens de se jeter dans le vide, Bruno Bouché imagine une séquence ultra dansée. Les interprètes, tous impeccables, le plus souvent en duos, entrent et sortent, balayent le plateau au gré de portés tournoyants, de sauts qui vrillent, d’envols virevoltants. Leurs chemises blanches planent au vent et retombent comme d’immenses pétales de fleurs.

Sur les boucles musicales de John Adams, mais aussi le lyrisme frissonnant d’Antony and the Johnsons, cette effusion gestuelle libère une euphorie douce. Elle rappelle l’acte blanc des ballets classiques comme Giselle par exemple, auxquels Bruno Bouché, passé par l’Opéra national de Paris, semble rendre un hommage détourné. La carte de Berlin projetée en fond de scène se dissout pour ne laisser apparaître que les lumières du Mur, vite avalées par la floraison des corps qui semblent ne jamais devoir s’arrêter.

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