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Autour de Bakhmout, des relents de Première Guerre mondiale

Témoignage.

Près de cette ville de la région de Donetsk, la ligne de front n’a pratiquement pas bougé depuis sept mois, constate Christopher Miller, reporter pour le “Financial Times”. Une guerre de tranchées dévastatrice pour les troupes des deux camps. Quant aux civils, ils sont quasiment tous partis.

Sélectionnée parmi les clichés de l’année de l’AFP, la photo montre des soldats ukrainiens près de Bakhmout, le 8 novembre 2022.
Sélectionnée parmi les clichés de l’année de l’AFP, la photo montre des soldats ukrainiens près de Bakhmout, le 8 novembre 2022. PHOTO BULENT KILIC/AFP

“L’enfer, c’est juste l’enfer”, souffle Volodymyr auprès du Financial Times. L’officier tente de reprendre des forces, avec ses compagnons d’armes, avant de retourner au front, dans la banlieue de Bakhmout.

Depuis plusieurs mois, l’armée russe lorgne cette localité de la région de Donetsk, “réputée pour ses mines de sels et son usine de vin pétillant”. Les frappes de l’aviation et de l’artillerie russes l’ont déjà réduite à l’état de champ de ruines, de ville fantôme, “presque un terrain vague comme Izioum ou Marioupol avant elle”. Sur place, la population a fondu de 70 000 à 7 000 habitants depuis le début de l’offensive au printemps dernier. D’ultimes résidents sont privés d’eau, d’électricité, de gaz et de chauffage.

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Courrier International

Désormais les combats s’intensifient non loin de là, “sur une ligne de front qui n’a quasiment pas bougé en sept mois”, constate le journaliste Christopher Miller. À l’est de la ville, les obus tombent toutes les cinq secondes, calcule le reporter de guerre. Et infligent d’énormes pertes : Moscou comme Kiev évaluent à plusieurs dizaines voire centaines le nombre de soldats ennemis tués chaque jour. “Bien qu’il soit impossible de vérifier ces chiffres”, une chose est sûre : d’après les combattants rencontrés sur place, rarement les affrontements ont-ils atteint un tel degré d’intensité depuis le début de l’invasion russe.

“Une boucherie pour quoi ? ”

“Alors que les combats rappellent ceux des tranchées, la ville est le théâtre de pertes et de destructions sans précédent”, insiste Christopher Miller. Et de décrire les assauts subis par les troupes ukrainiennes, convaincues de pouvoir conserver la ville malgré l’afflux de mobilisés russes et le redéploiement des troupes jusque-là postées à Kharkiv et Kherson.

“Les roquettes et les obus de mortiers pleuvent sur les positions ukrainiennes, qu’ils criblent d’éclats tandis que les soldats se jettent au sol. Puis l’infanterie russe arrive, elle charge dans un style digne de la Première Guerre mondiale à travers un no man’s land ponctué d’arbres déchiquetés et de cratères. Les Ukrainiens se redressent et en atteignent un grand nombre à la mitrailleuse et au lance-grenade. Un moment passe, puis la scène se répète – mais cette fois, les combattants russes doivent se frayer un chemin parmi les cadavres de leurs camarades. Et une fois de plus, beaucoup sont fauchés par les balles ukrainiennes.”

Les soldats interrogés comparent l’approche russe à celle observée dans la ville de Louhansk : des barrages de tirs permanents destinés à anéantir les défenses et le moral ukrainiens. D’autres assurent que “l’offensive russe semble être dépourvue de stratégie et de logique et n’avoir d’autre motivation que le symbolisme”. Le Kremlin “s’efforce désespérément d’arracher une victoire sur le champ de bataille après les défaites humiliantes à Kharkiv et Kherson cet automne”, confirme le journaliste britannique. Pour l’heure, leurs hommes “ne sont que de la chair à canon que Poutine [envoie] à la boucherie à Bakhmout, tempête Konstantyn, mitrailleur ukrainien. Pour quoi ? Un putain de mètre de notre terre.”

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