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Avec « Days », Tsai Ming-liang filme le silence de l’aliénation contemporaine

Dans son nouveau long-métrage, le cinéaste taïwanais raconte l’histoire tout en lenteur d’une rencontre entre deux hommes.

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L’AVIS DU « MONDE » – A NE PAS MANQUER

Voilà trente ans que Tsai Ming-liang réalise des films et bientôt neuf que les écrans français étaient restés sans nouvelles de lui, depuis Les Chiens errants, distribué en 2014. Pour autant, le cinéaste taïwanais ne s’est pas arrêté de tourner. Son œuvre s’est poursuivie, mais sur d’autres fronts, tels les musées ou les galeries d’exposition, plus proche désormais de l’art contemporain – où elle représente les puissances de l’image animée – que des structures industrielles du cinéma qui font peser sur les auteurs de lourdes exigences commerciales.

A son arrivée sur la scène internationale au début des années 1990 (avec Les Rebelles du dieu Néon, présenté à la Berlinale en 1993), Tsai fut d’abord assimilé à l’émergence d’un nouveau formalisme asiatique, avide de jeunesse en déshérence et de vibrations électriques (Chungking Express, de Wong Kar-wai, Kids Return, de Takeshi Kitano, Goodbye South, Goodbye, de Hou Hsiao-hsien). Mais, une fois précisées ses options esthétiques (raréfaction du dialogue et écriture du temps), c’est à une mouvance plus large qu’on a pu le rattacher : une sorte d’internationale « zen » résistant à l’accélération généralisée des images par un travail performatif sur la durée des plans – dans laquelle on peut compter Béla Tarr, Apichatpong Weerasethakul, Lisandro Alonso ou encore Kelly Reichardt.

Peu à peu, le cinéma de Tsai s’est donc cristallisé autour du plan fixe comme unité de mesure, poussé toujours plus loin dans ses retranchements (quinze minutes chrono pour celui qui concluait Les Chiens errants). Ces véritables blocs d’espace-temps, sculptés au grand-angle dans les détours et recoins de la grande ville (Taipei), accueillent chez lui une ronde de solitudes urbaines, existences parallèles qui se tournent autour sans se trouver. Days, qui nous arrive avec deux ans de retard après le tourbillon de la crise sanitaire, marque, outre un retour du cinéaste au format long-métrage, une étape supplémentaire dans l’épure. Le film se dispense de narration au profit de ces vues extensives, où le moindre frémissement prend une portée bouleversante.

Le film marque pour le réalisateur une étape supplémentaire dans l’épure

Comme souvent chez Tsai, il s’agit de paver le chemin d’une rencontre : ici, entre deux présences orphelines évoluant sur des trajectoires séparées, tels deux astres dont les orbites se croisent furtivement. En l’un, on reconnaît Lee Kang-sheng, l’acteur fétiche et alter ego du cinéaste apparaissant dans tous ses films. Il interprète un homme perclus de douleurs cervicales, vivant seul dans une maison aux grandes baies vitrées (un rôle faisant suite à celui qu’il tenait vingt-trois ans plus tôt dans La Rivière, inspiré de ses propres maux). En quête de remède, on le voit s’adonner à une stupéfiante séance d’acupuncture à base de charbons ardents. Parallèlement, dans un petit appartement de Bangkok, un jeune homme (Anong Houngheuangsy, acteur laotien nouveau venu dans le cinéma de Tsai) prépare minutieusement un plat traditionnel, avant d’aller travailler, tenant un stand sur un marché nocturne.

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