France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Avec « Kontakthof », Pina Bausch fait pulser le ballet de l’Opéra de Paris

Le chef-d’œuvre créé en 1978 est le troisième opus de la chorégraphe allemande à entrer au répertoire de l’institution, qui le joue jusqu’au 31 décembre au Palais Garnier, à Paris.

Article réservé aux abonnés

On y est, on est chez Pina. Pour le moment, tout est calme. Le plateau est vide. Les murs sont peints en gris et blanc. Un blanc un peu sale, comme les vitres de la haute fenêtre sur la gauche, qui laissera bientôt passer des rais obliques de lumière opaque. Une rangée de chaises est alignée contre une estrade dissimulée par un rideau brun. Des pieds de micro sont posés ici et là. Cette salle des fêtes à l’ancienne ressemble au Lichtburg, ancien cinéma devenu le studio de répétitions de Pina Bausch (1940-2009), à Wuppertal (Allemagne), et conservé dans son jus depuis la fin des années 1970.

Cette « maison » est celle de Kontakthof, chef-d’œuvre de l’artiste allemande, programmé jusqu’au 31 décembre au Palais Garnier, à Paris. Créée en 1978 – on se pince pour le croire tant sa verdeur acide et son audace dingue semblent tout juste sortir de son cerveau fumant –, la pièce entre au répertoire du ballet de l’Opéra national de Paris. Après Le Sacre du printemps, en 1997, Orphée et Eurydice, en 2005, cette soirée au dancing, dans le décor de Rolf Borzik (1944-1980), est le troisième opus de Pina Bausch que l’institution affiche. Aux antipodes de la technique classique exigée par les deux précédents, le spectacle enquille une ribambelle de situations énervées, pique à une veine théâtrale à fleur de peau qui pulse vite et bat fort. Autant dire que le pari, pour les danseurs, aussi habitués soient-ils à des productions contemporaines, s’annonçait démesuré.

Alors ? Du panache d’abord. Un léger tremblement dans les guibolles qui, peu à peu, se stabilisent. Vendredi 2 décembre, les vingt-six interprètes – ils sont trente-quatre au total à avoir été sélectionnés sur quatre-vingt-treize – ont pris leur élan, affermi leur démarche en talons aiguilles ou chaussures à lacets, ainsi que leur regard au long des trois heures de la pièce. La scène d’ouverture, durant laquelle chacun se présente face au public en bombant le torse ou les fesses comme pour se vérifier dans le miroir avant de parader, installe le propos. C’est le marché de la plus belle pour aller danser, la revue des jolis cœurs, le cirque de la séduction que Pina Bausch, redoutable experte en relations hommes-femmes, envoie valdinguer d’une pichenette sur un manège de montagnes russes. Envie de descendre des chevaux de bois ? Trop tard, le tour ne fait que démarrer, et la machine est bloquée.

Piège de rencontres

De l’étoile Germain Louvet à Maxime Thomas, d’Eve Grinsztajn, qui fera ses adieux à la compagnie le 31 décembre, à Letizia Galloni, en passant par Héloïse Jocqueviel, Charlotte Ranson ou Caroline Osmont, tous caracolent à fond. Ils finissent (presque) par faire oublier les nombreuses images des interprètes d’avant, dont celles de l’incroyable Jan Minarik (1945-2022) ici joué par Matthieu Botto, impeccable. Car l’album photo de Kontakthof est épais. En 1978, Pina Bausch imagine que la production pourrait être reprise à l’identique lorsque les danseurs auront 65 ans. En 2000, elle en a 60 et glisse une annonce dans les journaux de Wuppertal pour remonter le spectacle avec des amateurs de plus de 65 ans. Naît Kontakthof, avec dames et messieurs de plus de 65 ans, puis, en 2008, une version avec des ados, immortalisée par le film Les Rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch (2010), réalisé par Anne Linsel et Rainer Hoffmann, qui a popularisé la pièce.

Il vous reste 48.69% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.