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Avis de gros temps sur la coalition d’Olaf Scholz

Un an quasiment jour pour jour après l‘arrivée à la chancellerie d’Olaf Scholz, la coalition entre SPD, Verts et libéraux, constituée après de longues tractations à l’issue de l’élection du Bundestag de septembre 2021, apparaît en très petite forme. Selon un sondage rendu public ce 9 décembre par la chaîne publique ARD, les trois partis ne seraient plus majoritaires aujourd’hui. Ils sont crédités ensemble de seulement 42 % des suffrages. Le SPD (18 %) et les libéraux (6 %) s’affaissent de respectivement 7,7 % et 5,5 % par rapport au résultat du scrutin de 2021. Les Verts (18 %) sont les seuls à progresser (3,2 %). Die Linke se maintient à 5 %.

L’opposition de droite et d’extrême droite enregistre une poussée importante : 29 % pour les chrétiens-démocrates CDU/CSU (+ 4%) et 15 % pour l’AfD (+4,7 %). Soit un niveau record pour ce parti, sachant toutefois que le sondage, réalisé les 6 et 7 décembre, est antérieur au spectaculaire coup de filet de la police mettant en lumière la préparation d’un coup d’État d’extrême droite auquel l’AfD ne semble pas être directement mêlée, même si une de ses anciennes députées a été interpellée. Ce qui pourrait naturellement infléchir le niveau de soutien à cette formation.

Quoi qu’il en soit l’accès de faiblesse de la coalition au pouvoir tient à des faits très concrets. Comme la montée sensible du mécontentement populaire à l’égard d’une inflation dont le niveau officiel dépasse outre Rhin les 10 %. S’y ajoutent ou s’en déduisent la multiplication de dissensions quasiment ouvertes entre les trois partis.

Un virage atlantiste assumé

Depuis des semaines les tensions se multiplient entre le chancelier et le SPD, d’une part, les Verts et les libéraux d’autre part, sur l’ampleur du soutien militaire qu’il convient d’accorder à Kiev. FDP et écologistes s’expriment ouvertement, en faveur d’une fuite en avant belliciste avec renforcement de l’intervention de l’Alliance atlantique. En dépit de la position du chancelier et du SPD qui renâclent à une escalade et à la livraison de chars Léopard offensifs, et s’en tiennent à une approche qui puisse préserver une voie de compromis et de paix par la négociation.

Sur ce dossier ukrainien, libéraux et Grünen apparaissent très proches de la CDU/CSU. Le parti écologiste et sa ministre des affaires étrangères Annalena Baerbock, déploient ainsi la plus grande énergie à se mettre à l’unisson des surenchères de Washington. Une véritable tête à queue politique pour les écolos allemands si l’on veut bien se souvenir de leur origine pacifiste, dans les années 1980, quand ils étaient les principaux animateurs d’un immense mouvement social contre l’installation des missiles Pershing de l’Otan sur le territoire de l’Allemagne de l’ouest.

Vers une coalition Verts, Libéraux et CDU

L’attitude du chancelier souvent caricaturée comme preuve de sa « mollesse » et les proximités ultra-atlantistes partagées entre chrétiens-démocrates, libéraux et verts alimentent les spéculations sur l’émergence d’une nouvelle coalition tripartie (CDU/CSU/Verts et FDP) pour gérer les affaires du pays. Et cela d’autant plus qu’à la suite de deux élections régionales en mai dernier en Rhénanie du Nord Westphalie et dans le Schleswig Holstein, chrétiens-démocrates et Grünen ont passé des accords de gouvernement. Ce qui a ébranlé les équilibres politiques au Bundesrat, la chambre haute du parlement, où les coalitions régionales entre la CDU/CSU et les verts sont désormais plus nombreuses que celles entre SPD et verts.

Les jours d’Olaf Scholz à la chancellerie ne sont sans doute pas encore comptés. Car aucun parti de la coalition gouvernementale n’aurait vraiment intérêt à des élections anticipées. Sa fragilité risque cependant de s’accroître au rythme des coups de boutoir de ses « partenaires » comme de l’aiguisement du malaise politique intérieur, nourri par l’explosion des prix.