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Biodiversité : bon temps pour les grenouilles, tant pis pour les hippopotames

Connaissez-vous la grenouille de verre ? Un minuscule amphibien à la peau vert vif, qui possède un abdomen translucide laissant apercevoir ses organes internes. Ça peut rebuter écrit comme ça, mais avec ses gros yeux et son corps frêle, c’est en réalité un animal à la beauté fascinante.

Il n’y a pas que moi qui le dis, les collectionneurs aussi. Leur appétit vaut d’ailleurs à cette famille de grenouille d’être sérieusement mise en danger, d’autant qu’il s’ajoute aux pressions déjà exercées par le réchauffement climatique et la destruction de son habitat.

Cinquante requins protégés

Quelques coassements de joie ont donc dû retentir quelque part dans les forêts humides d’Amérique centrale lorsque, le 25 novembre dernier, les noms de 160 espèces de grenouilles de verre ont été inscrits à l’annexe II de la Convention de Washington sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites, pour faire court).

Biodiversité : bon temps pour les grenouilles, tant pis pour les hippopotames

Le commerce de 160 espèces de grenouilles, dont la grenouille de verre, a été fortement limité à l’échelle internationale le 25 novembre dernier. / Thorsten Spoerlein/stock.adobe

Il y a un décalage presque absurde entre la poésie dégagée par cet animal fragile et cette classification froide. Mais on s’en contentera, car l’inscription à cette annexe signifie que leur commerce sera désormais fortement réglementé à l’échelle internationale. Tout comme celui d’une cinquantaine d’espèces de requins, qui représente « approximativement 90 % du marché » des ailerons de squales, selon une délégation du Panama.

La décision a été saluée comme « historique » par les défenseurs de la biodiversité, alors que le commerce de leurs nageoires représente un marché de près d’un demi-milliard d’euros, selon l’AFP.

Interdiction de tout commerce lucratif

Autre victoire : des espèces en danger critique se voient même interdites de tout commerce à but lucratif. Parmi elles, le bulbul à tête jaune, un oiseau chanteur très prisé en Asie du Sud-Est, à tel point qu’il a perdu 80 % de sa population en quinze ans, selon l’ONG BirdLife International. Moins chanceux, les hippopotames n’ont pas obtenu de statut protecteur, malgré la demande de plusieurs pays africains.

Outre qu’elles témoignent de notre curieux rapport à la nature, ces discussions internationales démontrent que s’entendre pour protéger le vivant est possible. Pour François Machin, responsable de la mission biodiversité chez Greenpeace, « la Cites a un fonctionnement intéressant car elle est légalement contraignante ». Il y voit cependant une limite qui « repose dans le fait que, pour être protégée, une espèce doit être menacée à cause du commerce international, et non à cause d’autres facteurs comme le réchauffement climatique ou la destruction de son habitat ».

Il n’y a donc plus qu’à espérer que sur ces derniers points, la COP15 sur la biodiversité – petite sœur de la COP climat – qui s’ouvre à Montréal en fin de semaine, aboutira à un accord ambitieux.