Plus que quelques heures avant la sortie d'Hogwarts Legacy, de quoi revenir en détail sur la polémique intense qui entoure ce jeu très attendu.
[Mis à jour le 6 février à 10h09] Depuis la sortie du premier livre Harry Potter au milieu des années 90, toute une génération de fans a attendu sa lettre pour enfin pouvoir rejoindre la prestigieuse école de Poudlard. Des millions de fans se sont plongés dans cet univers si unique et si familier, attendant avec impatience le jour ou le jeu vidéo se mettrait enfin à la hauteur du monde cinématographique pour cette licence incontournable. C'est maintenant chose faite avec la sortie d'Hogwarts Legacy, un projet ambitieux de Warner Games et Avalanche Software, pourtant sous le feu des projecteurs depuis son annonce il y a deux ans.
De nombreux appels au boycott d'Hogwarts Legacy
Attendu comme l'un des jeux les plus importants de ces trois dernières années, Hogwarts Legacy connaît un début d'existence mouvementé. Le jeu est la source de débats intenses sur les réseaux sociaux, divisant les joueurs en deux catégories claires. Certains appels à son boycott complet quand d'autres font de son achat le porte-étendard de la culture anti-woke. Deux clans excessivement bruyants en affrontement permanents sur Twitter et Reddit. Mais pourquoi et comment un RPG en monde ouvert peut-il être aussi clivant ?
Pour comprendre cette situation, il faut savoir que les nombreux appels au boycott du RPG de Warner Bros Games tirent leur origine de l'impopularité croissante de J.K. Rowling, l'auteure milliardaire derrière les célèbres livres Harry Potter. Cette-dernière a en effet adopté des positions polémiques sur les personnes transgenres par l'intermédiaire de tweets douteux depuis quelques années. Elle s'est ainsi attirée les foudres de différentes communautés LGBTQIA+ pointant du doigt ses propos comme transphobes, et les applaudissements de divers groupes et personnalités anti-woke (dont nul autre que Vladimir Poutine) qui en ont fait, souvent contre son gré, une icône contre la "cancel-culture". Les diverses sorties nauséeuses de J.K. Rowling sur Twitter ont d'ailleurs poussé une majorité des acteurs des films Harry Potter (dont Daniel Radcliffe, Rupert Grint et Emma Watson) à exprimer leur soutien aux communautés LGBTQIA+ et à se désolidariser de l'auteure britannique.
Et dans les dommages collatéraux de cette lutte acharnée se trouve Hogwarts Legacy, malheureusement pour Warner Bros. Games et Avalanche Software. Cette prochaine sortie est jugée trop connivente avec J.K. Rowling par une partie des groupes détracteurs de l'auteure, qui associent son achat à un soutien ouvert aux idées transphobes et homophobes et appellent massivement à son boycott. Une indignation qui a poussé Warner Bros. Games à se détacher de Rowling et d'affirmer :
"J.K. Rowling n'est pas directement impliquée dans la création du jeu, bien que son extraordinaire corps d'écriture constitue la fondation de tous les projets du Monde des Sorciers. Nous ajoutons même qu'il sera possible, dans Hogwarts Legacy, d'utiliser des options inclusives, permettant la création de personnages trans. Nous allons rester concentrés sur le jeu que nous avons construit et sur l'excellent travail du studio Avalanche. Nous voulons que tous ceux qui aiment l'univers d'Harry Potter puissent aimer ces histoires et ces personnages."
Une position qui n'est pas parvenue à apaiser les tensions qui déchirent encore aujourd'hui Twitter et Reddit, puisque de nombreuses voix appellent encore les joueurs à ne pas acheter Hogwarts Legacy. Elles pointent également du doigt un autre sujet épineux : les liens entre les gobelins du monde des sorciers, antagonistes principaux du jeu, et les caricatures antisémites. Si la position de J.K. Rowling sur ce second sujet inconfortable reste encore inconnue, son ouverte transphobie et la suspicion d'antisémitisme sont pour beaucoup des raisons suffisantes pour appeler au boycott d'Hogwarts Legacy, et ce malgré l'inclusion d'options transgenres dans le système de création de personnage du jeu.
C'est d'ailleurs ce qui a poussé le célèbre forum de discussion vidéoludique ResetEra a bannir toute conversation orientée autour du jeu. Le site s'est exprimé en affirmant qu'il ne souhaitait pas contribuer à fait que J.K Rowling "utilise son argent et son influence pour promouvoir des idées et une législation transphobes." Une petite gifle pour Hogwarts Legacy qui se voit privé de l'un des plus grands forums de discussion du net, et une preuve supplémentaire de l'influence néfaste des propos de l'auteure britannique, qui ont d'ailleurs redoublé de virulence à l'approche de la sortie du jeu.
Pour de nombreux joueurs en revanche, il est injustifié de tisser des liens entre les sorties pathétiques d'une auteure milliardaire sur Twitter, particulièrement sur des questions excédant largement son domaine de pertinence, et le travail d'un studio voué à proposer une expérience immersive à des millions de fans. Il est aussi hors de question de voir l'achat du jeu comme l'adoption d'une stance politique ou sociale, qu'elle soit transphobe ou anti "cancel culture".
En définitive, pour la majorité silencieuse, il n'est question ici que de jeux vidéo et d'amour d'une franchise magique. Mais attention, tout comme le cinéma, le jeu vidéo est un moyen pertinent d'expression politique et sociale. Il faut juste relever qu'il s'agit d'un aspect dont Hogwarts Legacy, dans son propos, semble foncièrement dénué. Pour finir, il faut ajouter qu'il est vrai que, d'une manière ou d'une autre, le succès financier d'Hogwarts Legacy profite et profitera à J.K. Rowling. Et il est parfaitement légitime de ne pas vouloir cautionner l'enrichissement de cette milliardaire infréquentable.
En somme, dans un monde parfait, tout le monde fait comme il le souhaite sans regarder ce que fait son voisin. Hogwarts Legacy est, après tout, un jeu solo.
Alors qu'il caracole depuis plusieurs semaines en tête des ventes sur la plateforme de jeu PC Steam, Hogwarts Legacy est encore et toujours au cœur d'une polémique intense. Suivant les appels au boycott en raison des positions plus que douteuses de J.K. Rowling sur les questions transgenres, de nombreux utilisateurs PC de la plateforme se sont attaqués à Hogwarts Legacy en tentant de le soumettre à un "review-bombing" avant même sa sortie. Pour rappel, le "review-bombing" est une pratique consistant en un afflux massif d'avis négatifs sur la page d'un jeu visant à décourager les éventuels acheteurs indécis. Sauf que cet exercice est possible uniquement lorsque le système de notation de Steam est ouvert au public, c'est à dire après la sortie d'un jeu.
C'est pourquoi les détracteurs d'Hogwarts Legacy ont employé une tout autre méthode ces derniers jours, employant le principe des "tags", ces petits adjectifs qui permettent à Steam de répertorier les jeux en fonction de leur contenu, qu'il s'agisse des simples mentions "FPS" "Multijoueur" "Monde-ouvert", aux plus complexes "Gore", "Horreur" voire même "Simulateur de génocide". Et vous l'aurez compris, les détracteurs d'Hogwarts Legacy, fermement déterminés à empêcher son succès, se sont acharné à appliquer des "tags" extrêmement peu ragoûtants à la future sortie de Warner Bros Games. "Seconde Guerre Mondiale", "NSFW", "Simulateur de Génocide", les tentatives d'étiquetage négatif ont été nombreuses, poussant Steam a faire un grand ménage parmi ces suggestions utilisateur, et à répertorier Hogwarts Legacy sous les bons critères.
Quelle date de sortie pour Hogwarts Legacy ?
Hogwarts Legacy sera disponible le 10 février prochain sur PC, PS5 et Xbox Series X|S. Sa sortie sera précédée d'une période d'accès anticipé disponible pour tous les joueurs possédant la version Deluxe et Collector du jeu. Elle débutera le 7 février prochain à minuit sur consoles, et à 19h00 sur PC. Les horaires seront les mêmes en fonction des plateformes lors de la sortie officielle du jeu le 10 février prochain. Des versions PS4 et Xbox One sont prévues, mais il faudra patienter jusqu'au 4 avril pour y jouer, et jusqu'au 25 juillet sur Nintendo Switch.
