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« Buffalo Bill, place au spectacle ! », sur France 5 : chasse au bison, attaque de diligence et vrais Indiens pour célébrer la conquête de l’Ouest

Avec ses shows démesurés, « vitrines de la puissance américaine », le légendaire cow-boy est parti à la conquête du monde bien avant Hollywood et Disney.

FRANCE 5 – VENDREDI 31 MARS À 23 H 20 – DOCUMENTAIRE

Qui connaît William Frederick Cody (1846-1917) ? Son nom de scène vous parlera mieux : Buffalo Bill. Vous savez, le chasseur de bisons (4 500 abattus, selon le décompte officiel !). L’image du cow-boy sur papier glacé : le Stetson, la barbichette, la Winchester dans une main, le lasso dans l’autre, le cheval au galop…

Derrière l’icône, c’est un personnage lui aussi à double visage que met en scène le documentaire de Grégory Monro, riche d’archives et de témoignages. Devenu entrepreneur de spectacle à la fin du XIXe siècle, une fois la conquête de l’Ouest terminée, le natif de l’Iowa devint l’un des businessmen les plus avant-gardistes, avec son Buffalo Bill’s Wild West Show, lancé en 1883. Un grand spectacle qui fera sa fortune et surtout celle d’une industrie naissante, le cinéma, à laquelle il fournit tous les ingrédients de ce qui deviendra le fer de lance d’Hollywood : le western.

En 1905, Buffalo Bill et sa troupe traversent l’Atlantique pour une tournée dans plus de cent villes françaises. L’homme était déjà venu à Paris pour l’Exposition universelle de 1889 – ce qui donnera l’occasion à son amie la peintre Rosa Bonheur de faire son portrait. Cette fois, il a emmené pas moins de huit cents personnes et près de cinq cents animaux (chevaux, bisons…). Trois trains seront affrétés pour mener ce tour de France au pas de charge. « On n’avait jamais vu un spectacle pareil depuis l’Antiquité », s’enthousiasme Natacha Henry, autrice de Rosa Bonheur et Buffalo Bill, une amitié admirable (Robert Laffont, 2019).

« Divertissement de masse »

Le modèle de Buffalo Bill n’est pas le Colisée, mais son contemporain et concurrent direct Phineas T. Barnum (1810-1891). Pour s’inscrire dans le fil rouge de ce spectacle vivant, d’autres gloires du Far West seront, au début, invitées à venir faire un tour de piste : Calamity Jane et, surtout, Sitting Bull, le tombeur du général Custer à la bataille de Little Bighorn (1876).

En France, alors que la Belle Epoque bat son plein, trois millions de spectateurs se presseront sous le gigantesque chapiteau de 23 000 mètres carrés déployé au pied de la tour Eiffel. Au programme, la chasse au bison, bien sûr, mais aussi l’attaque d’une diligence, des Mexicains avec leur lasso et leur sombrero, et de « vrais » Indiens, des Sioux coiffés de plumes. C’est « l’avènement du divertissement de masse », souligne Juliette Bourdin, maîtresse de conférences en civilisation américaine à l’université de Vincennes-Saint-Denis. « Une vitrine de la puissance américaine », résume le collectionneur Didier Lévêque. Après la conquête de l’Ouest, la conquête du monde commence pour les Etats-Unis. Buffalo Bill en a forgé l’ébauche du soft power.

Mais, derrière cette aventure digne de celle de Walt Disney trente ans plus tard, s’estompe l’histoire de William F. Cody, ce jeune soldat nordiste dont le père, abolitionniste, sera assassiné par des esclavagistes ; ce féministe avant l’heure, qui prônait le droit de vote des femmes et les payait scrupuleusement le même prix que les hommes dans sa troupe ; ce cow-boy qui présentait « ses » Indiens avec beaucoup de respect, prenant ouvertement le contre-pied de Washington, qui, soucieux de tourner la page sanglante des « guerres indiennes », voulait assimiler coûte que coûte ceux que l’on n’appelle pas encore les Amérindiens. La « tournée d’adieu » de 1905, selon les termes de Didier Lévêque, prend des allures de répétition générale du XXe siècle qui commence. Pour le meilleur et pour le pire.

Buffalo Bill, place au spectacle !, documentaire de Grégory Monro (Fr. 2021, 52 min). Disponible jusqu’au 8 avril sur France.tv

Pascal Galinier

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